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Marguillier! Monsieur, répondit le finan»cier qui crut faire une légère plaisanterie, j'aimerais autant ètre C.... - Monsieur » l'un n'empêche pas l'autre, répliqua gra>>vement le curé. Ce propos fut rapporté au Roi qui rit de la plaisanterie du pas» teur, mais n'en fut pas moins irrité de l'impertinence de M. B.; et celui-ci ne » dut la conservation de sa place qu'aux grandes protections qu'il fit agir.»

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UN autre financier, M. Baujon se présenta chez M. Necker pour solliciter une place de receveur-général dans une province, en faveur d'un homme qu'il protégeait. «< Mais il n'est » pas riche, répondit le Ministre; cet emploi exige un fort cautionnement: qui le four

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» nira? - Moi, répliqua théâtralement M. de Baujon, en frappant sa poitrine. Oh! >> oh! vous parlez comme Corneille, dit le » Ministre, à qui ce mot et ce geste rappelèrent le fameux Moi de Médée. » Sur cela le financier rougit, tourne le dos, et va raconter à tous les gens de sa connaissance que M. Necker est un insolent qui lui a dit qu'il parlait comme une corneille.

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MADEMOISELLE Leduc, à qui le comte de Clermont, prince du sang, faisait sa cour, et qu'on croit qu'il a épousée secrètement dans les dernières années de sa vie, était encore au lit à onze heures du matin, quand sa femme-de-chambre l'éveille en sursaut, en lui annonçant que le Prince arrive. « Donnez-moi vite, dit-elle, mon >> eau de fleur d'orange qui est sur la che» minée, et n'ouvrez les fenêtres que quand son Altesse entrera. » Elle se dépêche de se laver, le visage, la gorge et les bras : les fenêtres s'ouvrent; le Prince se présente et recule d'effroi en la regardant. Par une méprise involontaire, la femme-de-chambre avait donné une bouteille d'encre, au lieu de celle de fleur d'orange, et l'on juge dans quel état mademoiselle Leduc s'offrait aux yeux de son amant.

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LES petites terreurs d'une jolie femme ne sont le plus souvent que des minauderies à : un certain âge elles deviennent des ridicules.

La vieille comtesse d'Esclignac, qui réunissait journellement chez elle la plus nombreuse société de Paris, se rendait le jouet de tous ceux qui la composaient par ses craintes extravagantes. Une salière renversée, des fourchettes en croix, des fourmis ailées, etc., la faisaient trembler. Mais l'objet de son plus grand effroi était les puces enragées. Elle prétendait que rien ne devait être plus commun, et n'était si dangereux; ce petit insecte ayant pu sucer le sang chien attaqué de la rage, et communiquer par sa morsure cette affreuse maladie. Aussi prenait-elle contre les puces autant de précautions qu'un voyageur prudent en emploie contre les tigres dans les déserts de l'Afrique.

d'un

Elle était très-vaporeuse, se croyait toujours malade, et son médecin, le docteur Bouvart, lui avait prescrit un régime bien facile. Il s'agissait de boire tous les jours à son lever un verre d'eau fraîche, de prendre une demi-heure ensuite une tasse de chocolat, et immédiatement après un autre verre d'eau. Un matin elle ne pensa pas à

la première partie de l'ordonnance, et sa distraction dura jusqu'à ce qu'elle eut pris son chocolat et le verre d'eau qui devait le suivre. Tout à coup elle s'apperçut de son oubli, et fut dans le plus grand désespoir. Son médecin est appelé; il la trouve dans une agitation telle, qu'elle lui avait donné un mouvement de fièvre. Il la questionne, elle lui fait part de son inquiétude, du motif qui la causait, et il s'apperçoit qu'en effet c'est le premier et l'unique motif de sa situation. « Vous avez bien eu raison » de me mander, lui dit-il, le cas est grâve; >> mais heureusement il est encore temps d'y remédier. J'ai voulu que, pour ne pas >> vous incommoder votre chocolat se » trouvât entre deux eaux; prenez un lave» ment, ce même objet sera rempli. » Elle sentit la force de ce raisonnement, se hâta d'exécuter l'ordonnance et fut guérie.

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LE comte de L. R. parvenu aux premières dignités militaires, également ́méritées par ses services et par sa naissance, avait eu une éducation fort négligée, et ne connaissait pas même les premiers principes

de l'orthographe. Une lettre à écrire était pour lui un travail terrible, et l'on peut en juger par le mot obstacles, qu'il faisait remplir toute une ligne, en se donnant la plus grande peine pour l'écrire ainsi : haut beu seu tua queles. D'une petite ville de province, où il se trouvait depuis quelque temps, il écrivait à un de ses amis, et dans le même genre d'orthographe: «< Tout le monde prétend ici que je suis cossu, et vous savez ce qu'il en est. » Le mot cossu était écrit par un c, un o un c et un u sans même de cédille.

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UNE dame de la Cour, aussi connue par le dérèglement de ses mœurs que par son défaut d'éducation, mandait à sa tailleuse :

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Envoyez-moi ma robe de satin, c'est la >> seule qui me convienne; » et elle avait écrit salin par un c également sans cedille.

LA réception de M. S.**** à l'Académie française, avait attiré à la séance un concours de monde prodigieux. Un homme qui se trouvait incommodé de la chaleur ?

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