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leurs applaudissements. Un soir, au foyer de la comédie italienne, il se prit de dispute, sur je ne sais quel sujet, avec une demoiselle de Boizemont, actrice de ce théâtre, qui avait aussi quelques prétentions fondées à l'esprit, et se piquait même d'être auteur. La querelle devint d'autant plus vive qu'elle était excitée par un grand nombre de spectateurs qui faisaient cercle autour des deux champions, et ne cherchaient. qu'à attiser le feu pour s'en amuser davantage. Mais mademoiselle de Boizemont attérée par les réponses piquantes de son adversaire, en fut bientôt réduite aux expressions de la colère. « Quoi! s'écria-t-elle, » ne pourrai-je pas me venger de ce petit » monstre-là ? Mademoiselle, répliqua >> Poincinet, vous avez toujours votre vengeance prête; accordez - lui vos faveurs.

»

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Oh! Monsieur, ce que vous dites-là >> est aussi mauvais que la Bagarre; (petit

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opéra comique de Poincinet, qui était » tombé à plat, quatre jours auparavant)

- Ah! Mademoiselle, ne parlons de nos pièces ni l'un ni l'autre ; c'est au public » à en juger. » A ce mot l'actrice, étouffant de rage et de l'impossibilité de répondre à

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un aussi cruel sarcasme, tomba évanouie et la dispute fut terminée par ce coup d'éclat.

LA Comtesse de Grolée, sœur du cardinal de Tencin, avait mené une vie fort dissipée. A l'âge de quatre-vingt-sept ans elle tomba dangereusement malade. On lui fit sentir la nécessité de mettre ordre à sa conscience, et on amena à cet effet un vénérable religieux auprès de son lit. Tous ceux qui l'entouraient voulurent alors se retirer. «Non, » non, dit-elle, restez : ma confession peut » se faire tout haut, et ne scandalisera » personne..... Mon père, j'ai été jeune, j'ai été jolie, on me l'a dit, je l'ai cru; jugez du reste. »

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Il y a apparence que le confesseur ne se contenta pas d'une déclaration aussi vague, et qu'il exigea des détails plus circonstanciés.

(*) LA comtesse d'A..... très-aimée par le prince de Conti, eut une maladie fort grave, pendant laquelle son état ne permettait pas qu'on reçut personne dans sa

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chambre. Son confesseur, qui seul avait le droit d'y entrer avec les gens de service, lui représenta que dans la situation où elle était, elle devait renoncer, tant pour elle-même que pour l'édification publique, à toutes les illusions, à toutes les vaines affections de ce monde, et par conséquent faire fermer sa porte au Prince, qui était jour et nuit dans son antichambre pour demander de ses velles. « Ah! mon père, répondit-elle avec » naïveté, que vous me rendez heureuse! » je craignais bien d'en être oubliée. » (*)

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UN des hommes les plus zélés dans le saint ministère, l'abbé M. *** vicaire d'une paroisse considérable à Lyon, montant en chaire pour son prône, qu'il faisait toujours d'abondance et selon les circonstances, s'apperçut que son auditoire n'était composé en très grande partie que de femmes du petit peuple. Il crut devoir leur parler alors d'un des abus les plus dangereux dans leur condition, celui de la loterie.

« On ne s'occupe que de cela pendant » le jour, leur disait-il, on en rève la nuit ; on se réveille en se rappelant ses songes;

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» on court chez sa voisine: ma commère j'ai rêvé cette nuit des numéros, treize et soixante-quatre, il faut les prendre. On quitte l'ouvrage, on va en toute hâte au » bureau, et on y prodigue les petits béné» fices qu'on a faits dans la semaine. On jette dans ce gouffre infernal du hasard l'argent qui devait être destiné à entre» tenir le ménage, à élever, à nourrir de >> malheureux petits enfants qui, par la » folie de leur mère, vont se trouver sans pain, etc., etc. » et il étendit son discours avec autant d'onction que de véhémence sur un jeu aussi pernicieux, qui con duit à la ruine des familles, de là au vol, et à tous les crimes les plus horribles.

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Comme il sortait de chaire fort échauffé, pour aller prendre quelque repos, une bonne femme l'arrête par sa soutane. << Monsieur » l'abbé, lui dit-elle, je suis bien fâchée >> de vous retenir un moment; mais per>> mettez-moi de vous demander: N'est-ce » pas le numéro treize et le numéro soixante» quatre que vous avez nommés tout à » l'heure?» On pense bien que le prédicateur furieux du beau fruit que l'on avait

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tiré de son sermon, ne répondit pas à la

demande, et qu'il éconduisit un peu dure ment la questionneuse.

:

M. de Mandat avait un très-bel hôtel, dont la porte d'entrée par la cour donnait sur la rue Chapon, et une autre par les jardins, sur la rue Courtaut-Vilain. Mais ayant reçu une lettre dont la suscription était A Monsieur de Mandat Chapon pardevant, Courtaut-Vilain par derrière, il fut si piqué de cette plaisanterie, qu'il mit tout son zèle à demander le changement de nom de ces deux rues. Il ne gagna cependant que la moitié de son procès. La rue Chapon continua de porter le même nom; l'autre prit celui de Montmorenci malgré l'opposition sérieuse d'un propriétaire qui, s'appelant M. Vilain, prétendait que ses ancêtres avaient donné le nom à cette rue, et était enchanté qu'on lui écrivit A M. Vilain, hôtel Vilain, rue Courtaut-Vilain.

ON apporta à Monsieur, frère du Roi, une lettre dont la suscription était à S. A. R. Monsieur, frère du Roi, pour remettre à son premier domestique, monseigneur le prince de Mont

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