Si l'aube tout à coup là-bas luit comme un phare, 4 Enfant, vous êtes l'aube et mon âme est la plaine Qui des plus douces fleurs embaume son haleine Quand vous la respirez; Mon âme est la forêt dont les sombres ramures 8 S'emplissent pour vous seul de suaves murmures Et de rayons dorés. 12 Car vos beaux yeux sont pleins de douceurs infinies, N'ont point mal fait encor; Jamais vos jeunes pas n'ont touché notre fange, 16 Vous êtes parmi nous la colombe de l'arche. Vos pieds tendres et purs n'ont point l'âge où l'on marche, Sans le comprendre encor vous regardez le monde. 20 Double virginité! corps où rien n'est immonde, Ame où rien n'est impur! 24 Il est si beau, l'enfant, avec son doux sourire, Laissant errer sa vue étonnée et ravie, Offrant de toutes parts sa jeune âme à la vie Seigneur ! préservez-moi, préservez ceux que j'aime, 4 De jamais voir, Seigneur, l'été sans fleurs vermeilles, LES FEUILLES D'AUTOMNE. 18 mai 1830. 8 12 16 20 6. LE GRAND HOMME VAINCU. Le grand homme vaincu peut perdre en un instant Tout, jusqu'à ce prestige à sa grandeur mêlé Ainsi, quand la bataille enveloppe un drapeau, Tombe sous la mitraille en un moment haché, Et qu'importe? A travers les cris, les pas, les voix, Et la mêlée en feu qui sur tous à la fois Fait tourner son horrible meule, Au plus haut de la hampe, orgueil des bataillons, LES CHANTS DU CRÉPUSCULE. 21 février 1835. Reçois, mon bien céleste, Mon cœur, dont rien ne reste, L'amour ôté ! LES VOIX INTÉRIEURES. 19 mai 1836. 8. OCEANO NOX. Saint-Valery-sur-Somme. OH! combien de marins, combien de capitaines 8 Combien ont disparu, dure et triste fortune! Combien de patrons morts avec leurs équipages! 12 L'ouragan de leur vie a pris toutes les pages, Et d'un souffle il a tout dispersé sur les flots! Nul ne saura leur fin dans l'abîme plongée. Chaque vague en passant d'un butin s'est chargée; 16 L'une a saisi l'esquif, l'autre les matelots! Nul ne sait votre sort, pauvres têtes perdues! Heurtant de vos fronts morts des écueils inconnus. 20 Oh! que de vieux parents, qui n'avaient plus qu'un rêve, |