8 12 16 20 24 La gloire est fou qui la désire : L'envie est là qui nous menace. N'ayons du monde aucun souci. Ah! si tu fus ce que je pense, Au coin du feu, tous deux à l'aise, Toi, dans ton trou, moi, sur ma chaise. N'ayons du monde aucun souci. FONTAINEBLEAU, 1836. III. LAMARTINE. . 4 8 12 16 1. LE LAC. AINSI, toujours poussés vers de nouveaux rivages, O lac ! l'année à peine a fini sa carrière, Et près des flots chéris qu'elle devait revoir, Tu mugissais ainsi sous ces roches profondes; Sur ses pieds adorés. Un soir, t'en souvient-il? nous voguions en silence; 4 8 12 16 20 24 Tout à coup des accents inconnus à la terre Le flot fut attentif, et la voix qui m'est chère "O temps, suspends ton vol! et vous, heures propices, Suspendez votre cours! Laissez-nous savourer les rapides délices Des plus beaux de nos jours! “Assez de malheureux ici-bas vous implorent : Prenez avec leurs jours les soins qui les dévorent; "Mais je demande en vain quelques moments encore, Je dis à cette nuit: Sois plus lente; ' et l'aurore "Aimons donc, aimons donc de l'heure fugitive, Hâtons-nous, jouissons! L'homme n'a point de port, le temps n'a point de rive; Il coule, et nous passons!" Temps jaloux, se peut-il que ces moments d'ivresse, S'envolent loin de nous de la même vitesse Que les jours de malheur? 8 12 16 20 24 Eh quoi! n'en pourrons-nous fixer au moins la trace? Éternité, néant, passé, sombres abîmes, Que faites-vous des jours que vous engloutissez ? O lac! rochers muets! grottes ! forêt obscure! Au moins le souvenir ! Qu'il soit dans ton repos, qu'il soit dans tes orages, Qu'il soit dans le zéphyr qui frémit et qui passe, Que le vent qui gémit, le roseau qui soupire, PREMIÈRES MÉDITATIONS. |