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Que Mars en vain n'arrête point sa course;
Fondez des lois dans vos pays souffrants;

De votre sang ne livrez plus la source
Aux rois ingrats, aux vastes conquérants.
Des astres faux conjurez l'influence;
Effroi d'un jour, ils pâliront demain.
Peuples, formez une sainte alliance,
Et donnez-vous la main.

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'Oui, libre enfin, que le monde respire;
Sur le passé jetez un voile épais.

Semez vos champs aux accords de la lyre;
L'encens des arts doit brûler pour la paix.
L'espoir riant, au sein de l'abondance,
Accueillera les doux fruits de l'hymen.
Peuples, formez une sainte alliance,
Et donnez-vous la main."

Ainsi parlait cette vierge adorée,
Et plus d'un roi répétait ses discours.
Comme au printemps la terre était parée;
L'automne en fleurs rappelait les amours.
Pour l'étranger coulez, bons vins de France:
De sa frontière il reprend le chemin.
Peuples, formons une sainte alliance,
Et donnons-nous la main.

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6.

LES ENFANTS DE LA FRANCE.

REINE du monde, ô France! ô ma patrie!
Soulève enfin ton front cicatrisé.

Sans qu'à tes yeux leur gloire en soit flétrie,
De tes enfants l'étendard s'est brisé.

Quand la Fortune outrageait leur vaillance,
Quand de tes mains tombait ton sceptre d'or,
Tes ennemis disaient encor :

Honneur aux enfants de la France !

De tes grandeurs tu sus te faire absoudre,
France, et ton nom triomphe des revers.
Tu peux tomber, mais c'est comme la foudre
Qui se relève et gronde au haut des airs.
Le Rhin aux bords ravis à ta puissance

Porte à regret le tribut de ses eaux ;
Il crie au fond de ses roseaux :

Honneur aux enfants de la France !

Pour effacer des coursiers du Barbare
Les pas empreints dans tes champs profanés,
Jamais le ciel te fut-il moins avare?
D'épis nombreux vois ces champs couronnés.
D'un vol fameux prompts à venger l'offence,
Vois les beaux-arts, consolant leurs autels,
Y graver en traits immortels :

Honneur aux enfants de la France !

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Prête l'oreille aux accents de l'histoire :
Quel peuple ancien devant toi n'a tremblé ?
Quel nouveau peuple, envieux de ta gloire,
Ne fut cent fois de ta gloire accablé ?
En vain l'Anglais a mis dans la balance
L'or que pour vaincre ont mendié les rois;
Des siècles entends-tu la voix?

Honneur aux enfants de la France!

Dieu, qui punit le tyran et l'esclave,
Veut te voir libre, et libre pour toujours.
Que tes plaisirs ne soient plus une entrave:
La Liberté doit sourire aux amours.
Prends son flambeau, laisse dormir sa lance;
Instruis le monde, et cent peuples divers

Chanteront en brisant leurs fers:

Honneur aux enfants de la France !

Relève-toi, France, reine du monde !

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Tu vas cueillir tes lauriers les plus beaux.
Oui, d'âge en âge une palme féconde

Doit de tes fils protéger les tombeaux.
Que près du mien, telle est mon espérance,
Pour la patrie admirant mon amour,

Le voyageur répète un jour :

Honneur aux enfants de la France !

1819.

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7.

LES HIRONDELLES.

CAPTIF au rivage du More,

Un guerrier, courbé sous ses fers,
Disait: Je vous revois encore,
Oiseaux ennemis des hivers.
Hirondelles, que l'espérance
Suit jusqu'en ces brûlants climats,
Sans doute vous quittez la France:
De mon pays ne me parlez-vous pas?

Depuis trois ans je vous conjure
De m'apporter un souvenir
Du vallon où ma vie obscure

Se berçait d'un doux avenir.
Au détour d'une eau qui chemine
A flots purs sous de frais lilas,
Vous avez vu notre chaumine :
De ce vallon ne me parlez-vous pas ?

L'une de vous peut-être est née
Au toit où j'ai reçu le jour;
Là d'une mère infortunée

Vous avez dû plaindre l'amour.
Mourante, elle croit à toute heure
Entendre le bruit de mes pas;

Elle écoute, et puis elle pleure :

De son amour ne me parlez-vous pas?

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Ma sœur est-elle mariée?
Avez-vous vu de nos garçons

La foule, aux noces conviée,
La célébrer dans leurs chansons?
Et ces compagnons du jeune âge
Qui m'ont suivi dans les combats,
Ont-ils revu tous le village?

De tant d'amis ne me parlez-vous pas?

Sur leur corps l'étranger, peut-être,

Du vallon reprend le chemin ;

Sous mon chaume il commande en maître,
De ma sœur il trouble l'hymen.

Pour moi plus de mère qui prie,

Et partout des fers ici-bas.

Hirondelle de ma patrie,

De ses malheurs ne me parlez-vous pas ?

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8.

LAFAYETTE EN AMÉRIQUE.

RÉPUBLICAINS, quel cortège s'avance?

- Un vieux guerrier débarque parmi nous.

- Vient-il d'un roi vous jurer l'alliance?

- Il a des rois allumé le courroux.

- Est-il puissant? - Seul il franchit les ondes.

- Qu'a-t-il donc fait ? Il a brisé des fers. Gloire immortelle à l'homme des deux mondes ! Jours de triomphe, éclairez l'univers !

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