Adieu, charmant pays de France, Que je dois tant chérir! Berceau de mon heureuse enfance, Adieu! te quitter, c'est mourir.
France, du milieu des alarmes, La noble fille des Stuarts,
Comme en ce jour qui voit ses larmes, Vers toi tournera ses regards. Mais, Dieu le vaisseau trop rapide Déjà vogue sous d'autres cieux; Et la nuit, dans son voile humide, Dérobe tes bords à mes yeux !
Adieu, charmant pays de France, Que je dois tant chérir ! Berceau de mon heureuse enfance, Adieu! te quitter, c'est mourir.
ADRESSÉS À M. ARNAULT, PARTANT POUR SON EXIL.
Janvier 1816.
L'HIVER, redoublant ses ravages, Désole nos toits et nos champs ; Les oiseaux sur d'autres rivages Portent leurs amours et leurs chants.
MON HABIT.
SOIS-MOI fidèle, ô pauvre habit que j'aime ! Ensemble nous devenons vieux. Depuis dix ans je te brosse moi-même, Et Socrate n'eût pas fait mieux. Quand le sort à ta mince étoffe Livrerait de nouveaux combats, Imite-moi, résiste en philosophe : Mon vieil ami, ne nous séparons pas.
Je me souviens, car j'ai bonne mémoire, Du premier jour où je te mis.
C'était ma fête, et, pour comble de gloire, Tu fus chanté par mes amis.
Ton indigence, qui m'honore, Ne m'a point banni de leurs bras. Tous ils sont prêts nous fêter encore : Mon vieil ami, ne nous séparons pas.
A ton revers j'admire une reprise : C'est encore un doux souvenir.
Feignant un soir de fuir la tendre Lise, Je sens sa main me retenir. On te déchire, et cet outrage
Auprès d'elle enchaîne mes pas.
Lisette a mis deux jours à tant d'ouvrage : Mon vieil ami, ne nous séparons pas.
T'ai-je imprégné des flots de musc et d'ambre Qu'un fat exhale en se mirant?
M'a-t-on jamais vu dans une antichambre T'exposer au mépris d'un grand?
Pour des rubans la France entière
Fut en proie à de longs débats;
La fleur des champs brille à ta boutonnière : Mon vieil ami, ne nous séparons pas.
Ne crains plus tant ces jours de courses vaines Où notre destin fut pareil;
Ces jours mêlés de plaisirs et de peines,
Mêlés de pluie et de soleil.
Je dois bientôt, il me le semble, Mettre pour jamais habit bas.
Attends un peu; nous finirons ensemble: Mon vieil ami, ne nous séparons pas.
LA SAINTE ALLIANCE DES PEUPLES. CHANSON CHANTÉE À LIANCOURT POUR LA FÊTE DONNÉE PAR M. LE DUC DE LA ROCHEFOUCAULD, EN RÉJOUISSANCE DE L'ÉVACUATION DU TERRITOIRE FRANÇAIS AU MOIS D'OCTOBRE 1818.
J'AI vu la Paix descendre sur la terre, Semant de l'or, des fleurs et des épis. L'air était calme, et du dieu de la guerre Elle étouffait les foudres assoupis.
"Ah! disait-elle, égaux par la vaillance, Français, Anglais, Belge, Russe ou Germain, Peuples, formez une sainte alliance,
Et donnez-vous la main.
"Pauvres mortels, tant de haine vous lasse; Vous ne goûtez qu'un pénible sommeil. D'un globe étroit divisez mieux l'espace : Chacun de vous aura place au soleil. Tous attelés au char de la puissance, Du vrai bonheur vous quittez le chemin. Peuples, formez une sainte alliance, Et donnez-vous la main.
"Chez vos voisins vous portez l'incendie; L'aquilon souffle, et vos toits sont brûlés; Et, quand la terre est enfin refroidie, Le soc languit sous des bras mutilés. Près de la borne où chaque État commence, Aucun épi n'est pur de sang humain. Peuples, formez une sainte alliance, Et donnez-vous la main.
"Des potentats, dans vos cités en flammes, Osent, du bout de leur sceptre insolent, Marquer, compter, et recompter les âmes Que leur adjuge un triomphe sanglant. Faibles troupeaux, vous passez, sans défense, D'un joug pesant sous un joug inhumain. Peuples, formez une sainte alliance,
Et donnez-vous la main.
« PreviousContinue » |