VII. MISCELLANEOUS POEMS. 1. LA JEUNE CAPTIVE. Saint-Lazare. "L'ÉPI naissant mûrit de la faux respecté ; Sans crainte du pressoir, le pampre tout l'été Boit les doux présents de l'aurore ; 4 Et moi, comme lui belle, et jeune comme lui, Quoi que l'heure présente ait de trouble et d'ennui, Je ne veux point mourir encore. Qu'un stoïque aux yeux secs vole embrasser la mort, 8 Moi je pleure et j'espère; au noir souffle du nord Je plie et relève ma tête. 12 S'il est des jours amers, il en est de si doux! "L'illusion féconde habite dans mon sein. 16 Échappée aux réseaux de l'oiseleur cruel, "Est-ce à moi de mourir? Tranquille je m'endors, 4 Ma bienvenue au jour me rit dans tous les yeux; "Mon beau voyage encore est si loin de sa fin! 8 Je pars, et des ormeaux qui bordent le chemin J'ai passé les premiers à peine. 12 Au banquet de la vie à peine commencé, La coupe en mes mains encor pleine. "Je ne suis qu'au printemps, je veux voir la moisson; Et comme le soleil, de saison en saison, Je veux achever mon année. 16 Brillante sur ma tige et l'honneur du jardin, Je n'ai vu luire encor que les feux du matin, Je veux achever ma journée. "O mort! tu peux attendre; éloigne, éloigne-toi ; 20 Va consoler les cœurs que la honte, l'effroi, Le pâle désespoir dévore. 24 Pour moi Palès encore a des asiles verts, Les Amours des baisers, les Muses des concerts; Je ne veux point mourir encore." Ainsi, triste et captif, ma lyre toutefois S'éveillait, écoutant ces plaintes, cette voix, Ces vœux d'une jeune captive; Et secouant le faix de mes jours languissants, Ces chants, de ma prison témoins harmonieux, La grâce décorait son front et ses discours, 8 Et, comme elle, craindront de voir finir leurs jours Ceux qui les passeront près d'elle. 2. ANDRÉ CHÉNIER, 1794 LA FEUILLE. DE ta tige détachée, 12 Où vas-tu? 16 20 24 - Je n'en sais rien. L'orage a brisé le chêne Qui seul était mon soutien. Où va la feuille de rose Et la feuille de laurier. ARNAULT. 4 8 12 16 20 24 3. SOUVENIR DU PAYS DE FRANCE. ROMANCE. COMBIEN j'ai douce souvenance Du joli lieu de ma naissance ! O mon pays, sois mes amours Te souvient-il que notre mère, Et nous baisions ses blancs cheveux Ma sœur, te souvient-il encore Du Maure, Où l'airain sonnait le retour Te souvient-il du lac tranquille Et du soleil couchant sur l'eau, |