8 12 16 20 24 Qui montent dans les airs, sans nombre, Mais ils sont las, et leurs narines, QUE la pluie à déluge au long des toits ruisselle! Que l'orme du chemin penche, craque et chancelle Au gré du tourbillon dont il reçoit le choc! 4 Que du haut des glaciers l'avalanche s'écroule ! Que le torrent aboie au fond du gouffre, et roule Avec ses flots fangeux de lourds quartiers de roc! Qu'il gèle! et qu'à grand bruit, sans relâche, la grêle 8 De grains rebondissants fouette la vitre frêle ! Que la bise d'hiver se fatigue à gémir! Qu'importe? n'ai-je pas un feu clair dans mon âtre, Sur mes genoux un chat qui se joue et folâtre, 12 Un livre pour veiller, un fauteuil pour dormir? 8 12 16 4. TOMBÉE DU JOUR. Le jour tombait, une pâle nuée La nuit parut, la nuit morne et sereine, On entendait pleurer les tourterelles, Et les enfants rêver dans leurs berceaux ; Le ciel parlait à voix basse à la terre ; Comme au vieux temps ils parlaient en hébreu, Je n'y compris qu'un seul mot: c'était Dieu. 1834. 5. COMPENSATION. IL naît sous le soleil de nobles créatures Unissant ici-bas tout ce qu'on peut rêver, Corps de fer, cœur de flamme, admirables natures. 4 8 12 16 20 24 Dieu semble les produire afin de se prouver; Il prend, pour les pétrir, une argile plus douce, Il met, comme un sculpteur, l'empreinte de son pouce Ces hommes-là s'en vont, calmes et radieux, Leur moindre fantaisie est une œuvre éternelle, Gardent leurs pas empreints, comme un airain fidèle. Ne leur donnez qu'un jour ou donnez-leur cent ans, Leur existence étrange est le réel du rêve; Comme un maître savant le croquis d'un élève. Vos désirs inconnus, sous l'arceau triomphal D'un pied sûr, jusqu'au bout ils ont suivi la route 4 8 De ceux-là chaque peuple en compte cinq ou six, Nature avare, ô toi, si féconde en vipères, En serpents, en crapauds tout gonflés de venins, Pour tant d'animaux vils, d'idiots et de nains, Nature, tu nous dois encor bien des poëtes! |