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DES SCIENCES, ARTS ET BELLES-LETTRES

DE DIJON.

SÉANCE PUBLIQUE DU 17 AOUT 1840.

PRÉSIDENCE DE M. NAULT.

M. le Président a déclaré la séance ouverte et il a dit :

MESSIEURS,

« C'est un beau jour pour l'Académie que celui où elle voit réuni autour d'elle ce que cette ville offre de plus distingué par le rang, l'éducation et les lumières venant s'associer à ses travaux et prêter une oreille attentive à des lectures qui sont le fruit de ses méditations. C'est en même temps un spectacle digne d'intérêt que celui d'une assemblée nombreuse où il n'y a qu'un sentiment et qu'une pensée, où tous les esprits sont en harmonie dans un même but qui est d'encourager les sciences et d'honorer les lettres..... les sciences qui dominent les passions et les conjonctures et avancent d'un pas ferme et certain au milieu des agitations du

siècle; les lettres qui sont un lien de concorde entre tous ceux qui les aiment, qui font le délassement et la conIsolation de l'homme dans toutes les situations de la vie.....! L'Académie, Messieurs, réclame aujourd'hui de vous, par mon organe, cette bienveillance indulgente que vous nous avez toujours accordée, qui est le mobile de notre zèle et le prix de nos efforts. Nous pourrons croire que nos travaux ne sont pas sans quelque utilité s'ils peuvent obtenir votre approbation. La séance à laquelle vous nous faites l'honneur d'assister s'ouvrira par la lecture d'une notice biographique sur M. Pingeon qui était Secrétaire de l'Académie. 2o M. Stiévenart lira un morceau de littérature intitulé Théophraste et Labruyère. -3° M. Peignot lira des recherches sur le tombeau de Virgile. — 4o Le Président donnera la suite de ses Considérations sur les phases de la littérature en France; il traiterà aujourd'hui de la littérature contemporaine (le Consulat et l'Empire).

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5° M. Bressier lira un morceau de poésie de sa conposition, intitulé: L'an 2440. - Enfin le Président proclamera les sujets de prix au concours pour l'année 1841. »

Cette allocution étant terminée, M. le Président a donné la parole à M. le Secrétaire adjoint de l'Académie.

SUR M. LE DOCTEUR PINGEON,

SECRÉTAIRE DE L'ACADÉMIE.

MESSIEURS,

Au moment de reporter nos souvenirs sur le collègue que l'Académie a perdu cette année, nous ne pouvons que nous féliciter d'avoir été choisi pour être, dans cette solennité annuelle, l'interprète de vos regrets. Habitué à ne considérer dans la carrière que nous parcourons qu'un grand et continuel devoir à remplir, c'est avec un vif intérêt que nous retrouvons ici l'occasion de nous étendre sur un sujet où il est infiniment honorable pour nous de nous engager, et pour lequel, malgré la timidité que peut nous inspirer l'essai de nos forces, nous sentons renaître notre courage en envisageant l'importance de la tâche qui nous est imposée.

Pour vous retracer complétement l'histoire d'une existence qui fut inopinément interrompue, nous sommes privé sans doute d'un précieux avantage, celui d'avoir été dans une longue intimité avec notre collègue; néanmoins, nous osons compter sur votre indulgence pour vous faire oublier l'insuffisance de nos moyens.

M. André-Nicolas Pingeon, dont la famille habitait Messigny, naquit dans un endroit peu éloigné de ce village, à Lamargelle-sous-Léry, le 19 avril 1795, de parents honnêtes dont il eut le bonheur d'être tendrement aimé. Il dut à la vive affection des siens les avantages d'une

bonne éducation : les soins assidus de ses parents unis à d'heureuses dispositions et à un amour constant pour le travail, mirent le jeune Pingeon promptement en état de choisir une carrière honorable.

A Paris, il apporta dans ses études médicales cette ardeur persévérante qui avait fait de lui un élève distingué au collège de Dijon. Ses mœurs douces, sa conduite sage et réservée étaient des qualités que ses collègues savaient apprécier, et ils aimaient dans la suite à lui donner les témoignages les plus flatteurs sur cette époque de sa vie. Aussi le fruit de ses constants efforts ne tarda pas à bien mûrir. Ce qui n'avait été pour lui dans les commencements qu'une image plus ou moins frappante qui flattait son esprit et soutenait son zèle, prit sur la fin de son séjour à Paris, dans la fréquentation des hôpitaux, au chevet du malheureux en souffrance, dans l'examen attentif du mal et de ses variétés, une forme mieux déterminée qui retraça fortement à son imagination un tableau fidèle de tous ses devoirs futurs dont il sentait déjà l'importance et l'étendue.

A la fin de l'année 1819, il subit sa dernière épreuve pour le doctorat en médecine. Le désir de s'instruire l'avait porté à se faire admettre comme élève de première classe de l'Ecole pratique établie dans le sein de la Faculté de Paris, pour encourager les meilleurs étudiants. Il était alors également membre de la Société d'instruction médicale.

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Sa thèse qui a pour titre : « Essai sur la paralysie est l'œuvre d'un bon travailleur. Elle ne comprend pas moins de 75 pages in-4°. L'on y voit avec plaisir les efforts d'un jeune homme qui cherche avec une constante application à surmonter les difficultés de la science alors les plus ardues. En relisant cette thèse ainsi que d'autres

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