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SIX. OLIVIER DE SERRES.

Le père de l'agriculture française, Théat. d'agricult., 1804, tom. I, p. 260, en parlant des Coigniaux, dits Instrumentiers à Tournon, indique le moyen de s'en débarrasser. Nous nous bornerons à examiner la note 38, mentionnée à la page 324 du vol. cité. « Les insectes qu'Olivier de Serres désigne sous les noms de Coigniaux, sont deux espèces de Charansons, connus des vignerons sous les noms d'Urbec, Urebère, Becmou, Coupe bourgeon, Béche, Lisette, Liset, Velours vert, Destraux, etc.; et des naturalistes, sous ceux de Curculio Bacchus, Curculio betulæ, Linn. »

L'auteur de cette note a bien reconnu que sous le nom de Coigniaux, Olivier de Serres confondait deux insectes, le Coupe bourgeon et l'Attelabe vert; mais il a eu tort de nommer l'un Curculio Bacchus ; car l'Attelabe de ce nom ne touche point à la vigne. La dénomination Bacchus est la suite d'une homonymie fondée sur le mot latin Bachus employé pour traduire le mot français, Bèche (du radical bec). Voyez ci-dessous, p. 59.

La similitude de Bachus, employé par Fabricius, Sp. Ins., tom. I, p. 165, no 32, et Bacchus, aura fait croire à Linné, mal informé d'ailleurs, que son Curculio Bacchus, Rynchites bacchus, Latr., act. Divion., 1838, p. 45-48, p. 66, vivait sur la vigne; de là l'erreur de nom répétée dans une multitude d'ouvrages, et même dans le Règne animal par Cuvier, 2o édit., 1820, tom. v, p. 74. Dict. Sc. nat., tom. 111, p. 291, no 5.

Il suffit de passer en revue les noms cités par l'auteur de la note signalée, pour acquérir la preuve de la confusion qui règne dans cette synonymie.

Urbec, Urbère (bec brûlant), nom vulgaire donné

à tous les attelabes, et à tous les charansons à longue trompe, dont la morsure dessèche les organes qui sont attaqués, et détermine leur chute; du mot Urbère on a fait en Bourgogne le nom vulgaire Albère.

Becmou, pour Becmare, Bec more (de bec mordant). Lisette, Liset, de e, destruction; dénominations vulgaires données à beaucoup d'insectes, tels qu'à des Curculionides, des Altises, etc.

Velours vert, nom du Cryptocephalus Sericeus, Fabr., attribué à tort à l'Attelabe vert.

Destraux, dénomination applicable à tous les insectes destructeurs des végétaux cultivés.

Diableau, nom donné aux insectes à cause des dégâts qu'ils causent, de Diable, être malfaisant.

S X. CHARLES ESTIENNE ET LIébault.

Ces auteurs, Maison rustique, 1618, p. 555, rangent parmi les ennemis de la vigne, les chenilles et poux, les bestioles gastant le bourgeon, les petites beștes appelées Hannetons, et p. 556, les Formions.

Les chenilles ne seraient-elles pas les larves de la pyrale? Elles pourraient être celles de la teigne.

Les poux peuvent être ou des pucerons, ou le ver coquin. Les pucerons attirent les larves aphidivores.

Les bestioles gastant le bourgeon sont le Coupe bourgeon, c.-à-d. les curculionides aptères signalés p. 34.

Les petites bestes appelées Hannetons sont les Hannetons, et l'Eumolpe de la vigne.

Les Formions, dont le nom vient du grec OPMO'E coupe, sont l'attelabe vert qui roule les feuilles en cornet, ou en coupe, à moins qu'en jouant sur ce dernier mot, dont on fait coupeur, on n'ait voulu indiquer les Coupe-bourgeons, mentionnés ci-dessus, p. 34.

S XI. PLUCHE.

Pluche, Spect. de la nat., tom. II, p. 353-355, ne parle que de deux insectes ennemis de la vigne; ce sont, dit-il, le Gribouri et la Béche.

Le Gribouri indiqué par Pluche est bien l'Eumolpe de la vigne; mais l'auteur, en donnant des détails peu scientifiques et fondés sur de faux renseignements, lui attribue, à tort, les mœurs du Coupe-bourgeon, celles du ver Coquin, et celles de la Cione Linée, Ciona lineata, qui ronge les feuilles de fèves, dont la présence dans les vignes est inutile pour la destruction de leur ennemi, comme je l'ai démontré. Voy. Revue de la Côte-d'Or citée, 1838, 15 juillet.

Le nom de Gribouri, donné d'abord par Pluche, à l'eumolpe, et employé ensuite par Geoffroi, a causé bien des erreurs, comme je le fais voir.

La Bêche est effectivement l'Attelabe vert; mais Pluche dit, à tort, qu'elle tapisse la feuille d'une sorte de toile ou de duvet pour y déposer ses œufs.

S XII. ROZIER.

Ce savant agronome a publié dans le Journal de Physique, juillet et août 1771, un Mémoire fort intéressant, intitulé: Des insectes essentiellement nuisibles à la vigne ; il se plaint d'abord du vague des dénominations employées pour les désigner ; il indique très-exactement la manière dont la feuille est pliée; mais en attribuant au Rouleur des antennes coudées dans le milieu, il confond l'Attelabe vert avec le Polydrusus flavipes, qui en est bien différent par ses antennes brisées.

En jetant un coup d'œil sur les fig. 2 et 3 de la pl. 1,

juillet 1771, on reconnaîtra, à la brièveté du rostre, aux points, sur les élytres, indiquant les écailles qui les couvrent et aux antennes brisées, tous les caractères du Polydrusus flavipes, qui roule les feuilles de tilleul, comme l'Attelabe vert roule celles du poirier.

Lorsqu'en 1802, je publiais à Paris ma Concordance systématique, M. Huzard père me fit voir dans sa bibliothèque un manuscrit curieux provenant de la collection de Réaumur, et contenant de beaux dessins d'insectes. En rédigeant ce §, je soupçonnai que les gravures publiées par Rozier pourraient bien être une copie des dessins de Réaumur. Pour m'en assurer, j'écrivis à M. Huzard fils, qui eut la complaisance de me faire parvenir la réponse suivante:

<< Le manuscrit de Réaumur contient le dessin d'un Coléoptère qui ressemble sous tous les points à un attelabe. Sa larve, qui est à côté, n'a point de pattes, comme celle des attelabes. Seulement elle est dessinée à côté des feuilles de vigne qui sont ployées sur elles-mêmes. » Lettre de juillet 1839.

Il s'agit de savoir si la figure du Polydrusus flavipes, donnée par Rozier, ressemble à l'attelabe du dessin de Réaumur. M. Huzard pourra faire la comparaison.

« On trouve sur la vigne, dit Rozier, deux espèces de Gribouri, le Gribouri de la vigne et le Velours vert, » dont il n'a pu donner la figure; 1771, août, p. 253.

Le Gribouri de la vigne, dont Rozier donne la figure, est réellement l'Eumolpe de la vigne ; mais il lui attribue à tort les habitudes du Coupe-bourgeon, pique-broc; le ver grisâtre, qu'il soupçonne être la larve de l'Eumolpe, est la larve d'une Coccinelle, probablement de celle à sept points, qui est en effet la plus commune.

Rozier a donné une bonne description du ver Coquin, et il a regardé à tort le Velours vert, Cryptocephalus sericeus, Fabr., comme un ennemi de la vigne.

Dans le numéro de septembre 1771, Rozier a publié une Dissertation sur les moyens à employer pour détruire les insectes essentiellement nuisibles à la vigne. Il a dit avec juste raison: « Les œnologistes ont confondu les ravages occasionnés par ces insectes, et ils ont attribué à l'un ce qui était l'ouvrage de l'autre. >>

Rozier n'a point reconnu la Pyrale dans les chenilles indiquées par Bidet; il parle seulement de la Cochonne, (larve du Sphinx Elpenor), connue aux environs de Dijon sous le nom patois Airidóle.

Les conseils donné par Rozier, pour la destruction des insectes nuisibles à la vigne, sont extrêmement sages.

S XIII. GANDElot.

Cet abbé, Histoire de la ville de Beaune, p. 268-269, range parmi les ennemis de la vigne les Escargots ou Limaçons; les vers que les mouches laissent dans la grappe après que le raisin a passé fleur; (il voulait dire le ver coquin); les Ecrivins (Eumolpe de la vigne), mais ils ne laissent point d'œufs sur la vigne; l'Ullebard, nom sous lequel l'auteur confond le Coupebourgeon et le Rouleur ou Becmare vert, Attelabe vert.

S XIV. Nouvelle Maison rustique (par Henri Besnier, Médecin), 1775, Xe édition.

L'éditeur de cet ouvrage, tom. II, p. 433, parlant des Bèches, répète l'assertion erronée de Pluche relative à une espèce de toile fort déliée dans les feuilles roulées.

Les Bèches sont, comme on le sait, l'Attelabe vert.

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