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nyme de l'oiseau dont la couleur grise a été comparée à celle de quelques-uns de ces insectes.

Aussitôt que les bourgeons de la vigne (boure, de burio, mot de la basse latinité dont on se servait pour désigner l'œil ou le bourgeon de la vigne) commencent à grossir, et avant leur entier développement, ils sont exposés à être rongés soit en totalité, soit partiellement, mais toujours assez profondément pour atteindre la jeune grappe bien tendre. Ce dégât est occasionné par les Coupe-Bourgeons, Grippeboures, Gribouris, perdtui, qui en effet perdent toute la récolte, qui est aussi compromise par la dent des Escargots, Helix pomatia, Linn., et Helix hortensis, Mull., etc.

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Pour ronger les bourgeons, les Perdis profitent de la nuit, à la fin de laquelle ils se retirent dans la terre, où ils se tiennent cachés pendant toute la durée du jour. Le soir ils sortent de leur retraite, grimpent après le cep et s'arrêtent sur le bourgeon pour le dévorer. On est toujours sûr de les trouver au pied des ceps attaqués il suffit pour cela d'écarter la terre à la profondeur d'un demi-pouce dans cet endroit, et l'on rencontre ces redoutables ennemis, dont on s'empare pour les écraser; il n'y a pas d'autre manière de les détruire. Si leur nombre est considérable, il faut répéter cette chasse à plusieurs reprises, c'est-à-dire tous les trois ou quatre jours, comme on l'a pratiqué cette année aux environs de Dijon. C'est aux Coupe-Bourgeons qu'il faut attribuer ce que nos vignerons avancent de l'Escrippevin, dont la multiplication nombreuse force, disentils, à arracher les vignes où elle se remarque.

J'adresse de bien sincères remercîmens à M. Hébert, greffier à la Cour royale de Dijon. Cet observateur attentif, propriétaire soigneux d'un clos de vigne situé sur la

montagne Ste.-Anne, m'a fourni les occasions multipliées de vérifier par moi-même tout ce qui concerne les Perdtuis ou les véritables Coupe-Bourgeons, et ce qui concerne les Albères ou l'Attelabe vert.

Les Coupe-Bourgeons, dont je parle, rongent le bourgeon sur place, sans le détacher et l'emporter, comme le fait, dans les contrées orientales de l'Europe, le Lèthre grosse tête, Lethrus cephalotes, § XVI.

Les insectes qui méritent véritablement le nom de Coupe-bourgeon, sont :

1o Le Charanson de la Livêche, Brachyrhinus Ligustici, Latr., Pachygaster Ligustici, Germ., Charanson gris, des auteurs, Curculio Ligustici, Linn.

Corps cendré, un peu noirâtre ; élytres ovales finement chagrinées, sans aucune strie; trompe marquée à sa partie supérieure d'une crête longitudinale.

2o Le Charanson sillonné, Curculio sulcatus, Fabr., Encycl. méth., H. N., tom. V, p. 556, no 388. Oliorhynchus sulcatus, Germ.

Cette espèce ressemble beaucoup à la précédente; elle n'a pas de crête longitudinale sur la trompe; des grains chagrinés forment sur les élytres des stries bien marquées. Moins commune que la précédente.

3o Le Charanson ophthalmique, Curculio ophthalmicus, Oliv., Encycl. méthod., H. N., tom. 534, no 280, Atlas, pl. 227, fig. 15, fig. 15, n° 2. Cette dernière figure mauvaise. Cleonis distincta, Germ.

Corps noir couvert de poils courts cendrés; trois points grisâtres entourés de noir; celui du milieu plus gros que les autres petits, quelquefois à peine marqués, et placés longitudinalement sur chaque élytre.

Cet insecte de Provence se trouve dans la Côte-d'Or. 4o Le Charanson ténébreux, Curculio tenebricosus, Herbst., Otiorhynchus elongatus, Dejean.

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Corps noir, un peu luisant; corselet arrondi chagriné; élytres ovales, réunies, chargées de points peu marqués rangés en stries.

Cet insecte, très-rare aux environs de Berlin, n'est que trop commun chez nous. Il se trouve aussi en Suède. C'est le Curculio atro-apterus, Degeer.

5o Je dois ajouter le Curculio picipes, Fab., Otiorhynchus picipes, Germ., connu dans le département de la Marne sous le nom vulgaire de Cul crotté, parce que souvent cet insecte a la partie postérieure de ses élytres recouverte de boue. Lettre de M. le Dr. Dagonet, de Châlons-sur-Marne.

On ne connaît jusqu'à présent les larves d'aucun de ces insectes qui paraissent au printemps; on ignore l'époque de la ponte et le lieu où les femelles déposent leurs œufs; aussi le seul moyen de prévenir les ravages de ces insectes est de leur faire la chasse, en les cherchant au pied des ceps, et en les écrasant à mesure qu'on les rencontre.

Les autres ennemis de la vigne auxquels on a donné à tort le nom de Coupe-bourgeon, Gribouri, (de Grippeboure), paraissent plus tard: on les remarque à l'époque où la taille (vulg. la taule ) sortie du bourgeon a pris un accroissement notable.

S II. URBEC, Rouleur.

Cet insecte, connu depuis très-longtemps, est le Becmare (bec mordant) vert, Geoff., Rhynchites betuleti, Latr., Attelabe vert, Attelabus betulæ, Oliv., vulgairement en patois bourguignon, Albère, Elbid, et dans le département de la Marne, Cunche ou Conche, de

Concha.

Le Becmare vert se reconnaît à sa couleur d'un vert doré, à son long bec et à ses antennes droites.

Cet insecte paraît dès les premiers jours de mai; il attaque les jeunes pousses de poirier, en les incisant à moitié, afin d'en faire faner les feuilles et d'avoir ainsi plus de facilité à les rouler pour y déposer ses œufs. Les feuilles sont roulées en paquet d'une manière alternative, c'est-à-dire que si la première feuille ou la plus intérieure est roulée de droite à gauche, celle qui la recouvre, et dans laquelle un œuf est déposé, sera roulée de gauche à droite, et ainsi alternativement.

Ces feuilles ne tardent pas à se flétrir, à prendre une teinte brune et à se dessécher, puis elles tombent.

Huit ou dix jours après la ponte, l'œuf éclot et la larve se développe dans l'intérieur du paquet; elle se nourrit en rongeant la portion de la feuille qui l'entoure; il en résulte une petite cavité dans laquelle la larve se trouve placée. L'assemblage des feuilles contribue à leur assurer une durée plus longue que si chacune d'elles était isolée; précaution admirable qui permet à la larve d'atteindre l'accroissement fixé pour se convertir en chrysalide dans le sein de la terre.

Quelquefois le Becmare vert incise jusqu'aux trois quarts une jeune pousse de poirier, sans en rassembler les feuilles; le rejet continue de végéter pendant quelque temps; mais la plaie pratiquée à sa partie inférieure ne tarde pas à arrêter le mouvement de la sève, la brindille se dessèche, se courbe, et le plus léger coup de vent ne tarde pas à la faire tomber.

A la fin de mai, lorsque les jeunes pousses de poirier sont devenues plus fermes et se sont alongées, l'Attelabe vert se jette sur la vigne; il attaque le plus fréquemment le pétiole de la feuille la plus rapprochée du raisin, et profite de son affaiblissement pour la rouler de manière à ce que chaque lobe se trouve recouvert par son

voisin, dans une direction contraire et alternative, comme l'a très-bien décrit Rozier, qui a figuré le Poly drusus flavipes, Gyllenh., au lieu du Rhynchites Betulee, Latr., comme je le fais voir, § XII, p. 51.

La femelle dépose ses œufs dans chaque pli de la feuille; les larves qui éclosent se nourrissent comme nous l'avons dit ci-dessus, p. 36.

L'insecte parfait varie de couleur suivant le sexe; le mâle, de couleur bleue, offrant toujours une pointe sur chaque côté du corselet, a été regardé par quelques auteurs, comme une espèce distincte, et appelé Rhynchites fagi, Dahl.; mais M. Dejean l'a rejetée avec raison, en l'admettant comme variété de sexe du Rhynchites betuleti. Latr.

La femelle, de couleur d'un vert doré, offre aussi quelquefois des pointes sur le corselet, mais cette disposition n'est pas constante; Degeer avait déjà fait cette remarque curieuse.

Pour prévenir la trop grande multiplication des Attelabes verts, il faut enlever soigneusement les feuilles roulées et les brûler sur place.

On ne trouve plus ces insectes, passé le mois de juin. VER ROUGE, VER DE LA VIgne.

§ III. VER COQUIN, Le Ver de la vigne (larve de la Tinea uvella, Nob.) était connu des Anciens; ils avaient remarqué ses ravages. Bonnet a parlé le premier d'une manière exacte de ce ver, à l'occasion des dégâts qu'il exerçait en 1740 dans les environs de Genève.

Ce naturaliste, n'en ayant pas suivi la métamorphose, supposa par analogie, mais bien à tort, que ce ver entrait en terre pour se métamorphoser.

Pazumot annonça à l'Académie de Dijon, séance du

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