Décalogue, contrôlant les gouvernants, garantissant au peuple par ses conseils, au besoin par ses remontrances, les libertés et les égalités nécessaires. Elle réside dans le peuple, parce qu'il possède en lui-même le principe de la vertu. C'est donc le peuple qui doit instituer l'aristocratie et choisir les gouvernants. C'est lui qui a le droit absolu à la liberté, à l'égalité et à la révolte.

Thomas Jefferson, le disciple de Rousseau, le maître de La Fayette, a inoculé ces erreurs à ses concitoyens. En les propageant par leurs révolutions de 1789, de 1830, de 1848 et de 1870, les Français ont plongé leur pays et le Continent dans un abîme de maux. L'Occident, en particulier, marche rapidement vers la désorganisation dont les premiers symptômes sont signalés dans le présent volume. L'avenir de ses petites nations peut être sérieusement compromis, en présence des trois grands empires qui tendent déjà à se disputer la domination du monde.

Cependant, les maux déchaînés par les erreurs d'un siècle, et les vérités mises journellement en lumière par la méthode d'observation, suffiraient amplement pour arrêter l'Europe sur la pente où elle glisse. Le salut de l'Occident sera assuré si les vrais savants s'unissent pour contrôler mutuellement leurs propres travaux et pour conseiller les réformes qui peuvent être accomplies sans recours à la violence. Jefferson lui-même provoquerait cette union, si Dieu lui eût accordé la longévité biblique. Il condamnerait son œuvre en voyant réfutées par les faits les erreurs qu'il a propagées.

En résumé, les régimes révolutionnaires, qui eurent pour agents principaux Jefferson et La Fayette, n'ont

qui, dans les mains de la canaille des villes d'Europe, serait bientôt employé à la destruction des intérêts publics. » (Conseil, Mélanges politiques de Jefferson, t. II, p. 213–220.)

point répondu aux vues honnêtes de leus promoteurs. En Amérique, le peuple excellent, soumis au Décalogue, que Jefferson jugeait avec raison digne de choisir l'aristocratie naturelle, abuse maintenant de son pouvoir plus que ne l'ont fait ses rois avant 1787. En France, le peuple imparfait, que Jefferson nommait injustement « la canaille », a justifié constamment, depuis 1789, la prédiction d'impuissance faite, à cette époque, par le démocrate américain. Il se révolte plus que jamais contre le Décalogue; et il est à craindre, par conséquent, que le nouveau régime n'amène pas pour lui un accroissement de bonheur. Il semble même qu'en France, comme en Amérique, certains abus du pouvoir populaire ont déjà produit le résultat opposé.

L'ORGANISATION

DES FAMILLES

DÉCRITES, EN NEUF CHAPITRES, SOUS FORME DE MONOGRAPHIES

SOMMAIRE

DES MONOGRAPHIES

Chapitre Ir. Mineur des gîtes de mercure d'Idria (Carniole). Chapitre II. Horloger de la fabrique collective de Genève (jeune ménage)1. — Chapitre III. Bordier-émigrant du Laonnais?. - Chapitre IV. Bordiervigneron de l'Aunis. Chapitre V. Tisserand de Mamers (Maine) ". Chapitre VI. Chiffonnier de Paris'. Chapitre VII. Manœuvre, à famille

nombreuse, de Paris3. Chapitre VIII. Tailleur d'habits de Paris.

Chapitre IX. Débardeur de la banlieue de Paris.

Précis 2. Manœuvre-agriculteur du

Précis 4. Lingère de Lille. Précis 5.

Exemple

des signes de renvoi au § 17 du ch. IX des Monographies,

DÉFINISSANT LA CONDITION DES DIVERS MEMBRES DE LA FAMille.

Définition du lieu, de l'organisation industrielle et de la famille.

S1.

ÉTAT DU SOL, DE L'INDUSTRIE ET DE LA POPULATION.

La ville d'Idria qu'habite l'ouvrier est située à 22 kilomètres E. N. E. d'Ober-Laibach, en Carniole. Elle se présente sur une petite colline, au pied d'un chaînon des Alpes juliennes, près du point de partage des eaux qui se déversent par l'Isonzo à l'Adriatique et par la Save au Danube. La rivière Idriza, qui amène à Idria les bois par flottage, est un affluent de l'Isonzo. Le sol est constitué par les grès, les argiles schisteuses et surtout les calcaires appartenant au groupe géologique du trias.