Page images
PDF
EPUB

rieurs aux prix qui ont cours dans le commerce. Elle leur concède, contre un faible loyer, un petit jardin qui donne à la famille la moitié de la provision de pommes de terre et la majeure partie des légumes qui lui sont nécessaires. L'ouvrier récolte, à titre gratuit, dans les forêts domaniales, le bois de chauffage que réclament les besoins du ménage. L'administration pourvoit à l'instruction des enfants et aux secours de médecine et de chirurgie; enfin elle paie aux ouvriers malades des subsides équivalant presque à la solde entière de l'ouvrier valide. Ce système de subventions est complété par les allocations provenant d'une caisse fraternelle dotée d'un capital accumulé depuis longtemps, et entretenu en partie par une retenue de 1,67 p. 100 opérée sur le salaire des ouvriers. La destination de cette caisse est de venir au secours des familles dans les cas de longues maladies ou de mort prématurée des ouvriers (13). L'administration concède à un fermier, pour toute l'étendue de ce district de mines, le privilége exclusif de la vente du vin, à la charge de payer par chaque litre une redevance de 6 centimes. Le produit de cette ferme est consacré à l'entretien de l'école et à l'achat de toutes les fournitures de matériel scolaire qui sont faites aux enfants.

[ocr errors][merged small]

TRAVAUX DE L'OUVRIER. - Le travail principal s'exécute successivement dans les mines où le minerai est exploité et dans les usines où ce minerai, convenablement préparé, est soumis à la distillation. Il a pour objet l'abatage de la roche, puis le chargement et le déchargement des fourneaux où le mercure est volatilisé par l'action de la chaleur. Les travaux des mines sont rétribués à la tâche, d'après la quantité de minerai abattu. Ils se font par postes de huit heures de travail effectif; mais ils se prolongent, en fait, pendant dix heures, en raison du temps nécessaire pour descendre dans la mine et pour remonter au

jour. Les travaux de l'usine se font également à la tâche, selon la convention particulière dite « à forfait », c'est-à-dire, d'après un prix fixé pour la distillation de chaque fournée, quel que soit le temps que l'ouvrier consacre au travail. Le principal des travaux secondaires de l'ouvrier est la culture du jardin; puis vient la récolte du bois de chauffage pour les besoins du ménage. Pour exécuter ce dernier travail, l'ouvrier abat le bois dans la forêt domaniale: il le transporte et le dépose près du ruisseau de flottage (1); enfin, au moment opportun, il jette les bûches dans le courant qui les amène à un barrage établi près d'Idria; là, l'ouvrier reprend le bois pour le transporter au logis.

TRAVAUX DE LA FEMME. Le travail principal a pour objet la fabrication de dentelles, qui se vendent, par l'entremise de marchands, en Croatie et en Hongrie. Parmi les travaux secondaires, viennent au premier rang les travaux de ménage, puis la confection des vêtements neufs pour la famille, le tricotage des bas pour la consommation de la famille ou pour la vente, et enfin la culture du jardin potager.

INDUSTRIES ENTREPRISES PAR LA FAMILLE. Les industries dont les bénéfices sont pour la famille une source de recettes se réduisent à la spéculation implicitement comprise dans les travaux que l'ouvrier exécute à la tâche (5), et à la culture du jardin potager.

Mode d'existence de la famille.

$ 9.

ALIMENTS ET REPAS.

Les farines de seigle et de froment, bases de la nourriture de la famille, servent principalement à faire du pain et des nouilles. Les farines de maïs et de sarrasin sont surtout mangées à l'état de bouillie épaisse ou de pâte ferme frite sur la poêle

avec du lard. On ne mange la viande de boucherie que les jours de fête. La famille fait ordinairement trois repas.

Déjeuner (six heures) pain sans aucun assaisonnement.

Dîner (midi): bouillie ou pâte ferme de sarrasin ou de maïs; pain associé à de la viande de porc bouillie, à des légumes farineux ou à de la choucroute.

Souper (7 heures) : bouillie de farine plus claire que celle du dîner; plus habituellement, pain de seigle associé aux pommes de terre et aux autres légumes.

S 10.

HABITATION, MOBILIER ET VÊTEMENTS.

L'habitation des ouvriers consiste, tantôt en une maison séparée, tantôt en une partie de maison réunissant plusieurs ménages. Elle se compose de deux pièces : dans l'une se trouvent les lits, dans l'autre on prépare les aliments et l'on prend les repas. Ordinairement un seul poêle sert à la cuisson du pain et des autres aliments et au chauffage de l'habitation.

Le mobilier et les vêtements, tenus proprement, comprennent :

Meubles et USTENSILES: simples, peu nombreux, et proprement tenus.... 450 00

[merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small]

vaisselle en terre commune; fourchettes et cuillers en fer étamé.

[ocr errors]

-

Total, 150 00.

VÊTEMENTS: réduits au plus strict nécessaire et témoignant

de l'état de pénurie de la famille.....

VÊTEMENTS DE L'OUVRIER (32o 00).

70 00

1° Vêtements du dimanche. Veste, pantalon et gilet de drap pour l'hiver; veste, pantalon et gilet de toile pour l'été; - 1 chemise fine. Total, 1800.

2o Vêtements de travail. - 1 paire de souliers;

-

--

Veste et pantalon de forte toile noire; - 2 chemises; 1 chapeau de feutre. Total, 14o 00.

VÊTEMENTS DE LA FEMME (du dimanche et de travail) (19f 50).

VÊTEMENTS DES ENFANTS (1850).

VALEUR TOTALE du mobilier et des vêtements....

220 00

S 11.

RÉCRÉATIONS.

L'usage du tabac à fumer est une des principales récréations de l'ouvrier. L'une des subventions auxquelles il attache le plus d'intérêt est le droit d'acheter sa provision annuelle de 15*7, au prix de 0' 60 le kilogramme, lorsque le prix courant du commerce monte à 160. Toute la famille prend un très-vif intérêt à jouer chaque quinzaine à la loterie. Elle engage chaque fois sur « l'extrait » 0f 23; et cette charge est aussi régulière pour la famille que celles qui se rapportent à ses principaux besoins. On ne remarque pas que ce divertissement excite la cupidité ou l'amour du jeu il entretient chez tous les membres de la famille une agréable excitation, à laquelle on ne pourrait évidemment suppléer, avec une dépense aussi modique, par aucune autre combinaison. Les promenades faites le dimanche en famille, une consommation modérée de vin et de bière au cabaret, quelquefois des jeux d'adresse, complètent les moyens de distraction accessibles à la population ouvrière de ce district. Les fêtes religieuses, la recette du salaire qui a lieu à des intervalles réguliers de quatre semaines, quelques anniversaires locaux, sont pour l'ouvrier et sa famille l'occasion de réjouissances spéciales.

On pouvait observer, il y a quelques années, un divertissement pris par les ouvriers à l'occasion des achats de viande de porc pour les salaisons domestiques. Cette coutume était appelée dans le pays « la chasse aux cochons ». Les cochons, amenés de la Croatie à l'époque de Pâques, étaient achetés en bloc en quantité proportionnée aux demandes, et la dépense totale d'acquisition était répartie également entre tous les ouvriers ou groupes d'ouvriers qui avaient déclaré vouloir acquérir un cochon entier. A un moment donné, tous ces animaux préalablement excités étaient lâchés devant les concurrents acquéreurs et sous les yeux des autorités, dans une grande cour fermée. Puis chacun, usant d'adresse et d'agilité, cherchait à saisir le plus gros

cochon, qui devenait aussitôt sa propriété. Ce divertissement grossier, mais très-populaire, a été interdit depuis quelques années par raison de convenance. Lorsque l'on considère l'importance sociale des récréations, il semble qu'un divertissement consacré par la tradition ne devrait être supprimé, pour un tel motif, qu'à la condition d'être remplacé par un divertissement plus convenable, approprié au développement intellectuel et moral des ouvriers.

Histoire de la famille.

S 12.

PHASES PRINCIPALES DE L'existence.

Dans la situation faite à la population ouvrière par les règlements de la corporation, les parents, sous peine de condamner leurs filles au célibat, doivent favoriser les unions illicites qui précèdent toujours les mariages (18). Les enfants qui en proviennent sont élevés par les parents de la mère. La nouvelle famille ne se constitue donc réellement qu'à dater du mariage, c'est-à-dire six ou sept ans en moyenne après la naissance des premiers enfants. La pression ainsi éprouvée par les ouvriers exerce directement, sur la moralité publique, la plus funeste influence. Elle a des conséquences fâcheuses pour presque tous les détails de l'organisation sociale. Ainsi, chaque nouveau ménage se trouvant d'abord rattaché à celui des parents de la jeune femme, le père n'y est en quelque sorte qu'un étranger, et il se trouve privé devant ses enfants de toute autorité. Cette organisation est, comme on voit, le contre-pied de celle qui règne en Russie, où les jeunes femmes viennent toujours s'établir dans la famille de leurs maris.

Les fils des ouvriers mineurs, parvenus à l'âge de 14 ans, et pourvus d'une instruction peu développée, commencent leur apprentissage en exécutant quelques légers travaux. Mais ils

« PreviousContinue »