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Les joyaux, les robes de prix.

Dans le troifiéme lot, les fermes, le menage

Les troupeaux & le pâturage,

Valets & bétes de labeur.

Ces lots faits, ou jugea que le fort pourroit faire, Que peut-être pas une fœur

N'auroit ce qui lui pourroit plaire.
Ainfi chacune prit fon inclination;
Le tout à l'eftimation.

Ce fut dans la ville d'Athenes,
Que cette rencontre arriva.
Petits & grands, tout approuva.
Le partage & le choix. Efope feul trouvá
Qu'aprés bien du temps & des peines,
Les gens avoient pris justement

Le contre-pied du Teftament.

Si le défunt vivoit, difoit-il, que l'Attique
Auroit de reprochès de lui!

Comment! ce peuple qui fe pique
D'étre le plus fubtil des peuples d'aujourd'hui,
A fi mal entendu la volonté fupréme
D'un Teftateur! Ayant ainfi parlé

Il fait le partage lui même,

Et donne à chaque fœur un lot contre fon gré.
Rien qui pût étre convenable,

Partant rien aux fœurs d'agreable.
A la Coquette l'attirail,
Qui fuit les perfonnes beuveuses.
La Biberonne eut le bétail,
La Ménagere eut les coeffeufes,
Tel fut l'avis du Phrygien;
Alleguant qu'il n'étoit moyen,
Plus feur pour obliger ces filles

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A fe

A fe défaire de leur bien.

Qu'elles fe mariroient dans les bonnes familles, Quand on leur verroit de l'argent.

Pairoient leur Mere tout contant;

Ne poffederoient plus les effets de leur Pere;
Ce que difoit le Teftament.

Le peuple s'étonna comme il fe pouvoit faire
Qu'un homme feul eut plus de fens
Qu'une multitude de gens.

XLIII.

Le Meunier, fon fils, & l'Ane.
A. M.D. M.

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'Invention des Arts étant un droit d'aîneffe,
Nous devons l'Apologue à l'ancienne Grece,
Mais ce champ ne fe peut tellement moiffonner,
Que les derniers venus n'y trouvent à glaner.
La feinte eft un pays plein de terres defertes.
Tous les jours nos Auteurs y font des découvertes.
Je t'en veux dire un trait affez bien inventé.
Autrefois à Racan Malherbe l'a conté.

Ces deux rivaux d'Horace, heritiers de fa Lire,
Difciples d'Apollon, nos Maîtres pour mieux dire,
Se rencontrant un jour, tout feuls & fans témoins;
(Comme ils fe confioient leurs pensers & leurs foins)
Racan commence ainfi. Dites-moi, je vous prie,
Vous qui devez favoir les chofes de la vie,
Qui par tous fes degrez avez déja paffé.

Et

Et que rien ne doit fuir en cét âge avancé;

A quoi me refoudray-je? Il eft temps que j'y penfe. Vous connoiffez mon bien, mon talent, ma naiffance.

Dois-je dans la Province établir mon fejour?
Prendre emploi dans l'Armée ? ou bien charge à la
Cour.

Tout au monde eft mêlé d'amertume & de charmes.
La Guerre a fes douceurs, l'Hymen a fes alarmes.
Si je fuivois mon goût, je faurois où buter;
Mais j'ay les miens, la Cour, le peuple à contenter.
Malherbe là-deffus. Contenter tout le monde;
Ecoutez ce recit avant que je réponde.

J'ay lû dans quelque endroit, qu'un Meunier & fon fils,

L'un vieillard, l'autre enfant, non pas des plus petits,
Mais garçon de quinze ans, fi j'ay bonne memoire,
Alloient vendre leur Ane un certain jour de foire.
Afin qu'il fût plus frais & de meilleur debit,
On lui lia les piés, on vous le fufpendit;

(ftre;
Puis cét homme & fon fils le portent comme un lu-
Pauvres gens, idiots, couple ignorant & rustre.
Le premier qui les vit, de rire s'éclata.
Quelle farce, dit-il, vont jouer ces gens-là!
Le plus ane des trois n'eft pas celui qu'on penfe.
Le Meunier à ces mots connoit fon ignorance.
Il met fur pieds fa béte, & la fait détaler.
L'Ane, qui goutoit fort l'autre façon d'aller,
Se plaint en fon patois. Le Meunier n'en a cure.
Il fait monter fon fils, il fuit; & d'aventure.
Paffent trois bons Marchands. Cét objet leur déplût.
Le plus vieux au garçon s'écria tant qu'il pût.
Oh là oh, décendez, que l'on ne vous le dife,

Jeune

Jeune homme qui menez Laquais à barbe grife.
C'étoit à vous de fuivre, au Vieillard de monter.
Meffieurs, dit le Meunier, il vous faut contenter.
L'enfant met pied à terre, & puis le vieillard monte.
Quand trois filles paffant,l'une dit, C'eft grand'honte,
Qu'il faille voir ainfi clocher ce jeune fils;
Tandis que ce nigaut comme un Evêque affis,
Fait le veau fur fon Ane, & penfe étre bien fage.
Il n'eft, dit le Meunier, plus de veaux à mon âge.
Paffez votre chemin, la fille, & m'en croyez.
Aprés maints quolibets coup fur coup renvoyez.
L'homme crit avoir tort, & mit fon fils en croupe.
Au bout de trente pas une troifiéme troupe

Trouve encore à glofer. L'un dit, ces gens font fous.
Le Baudet n'en peut plus; il mourra fous leurs coups;
Hé quoi, charger ainfi cette pauvre Bourique?
N'ont-ils point de pitié de leur vieux domestique;
Sans doute qu'à la Foire ils vont vendre fa peau.
Parbieu, dit le Meunier, eft bien fou du cerveau.
Qui pretend contenter tout le monde & fon Pere.
Effayons toutefois, fi par quelque maniere
Nous en viendrons à bout. Ils décendent tous deux,
L'Ane fe prélaffant marché feul devant eux.
Un quidam les rencontre, & dit; Eft-ce la mode,
Que Baudet aille à l'aife & Meunier s'incommode?
Qui de l'Ane ou du Maître eft fait pour se laffer?
Je confeille à ces gens de le faire enchaffer.
Ils ufent leurs fouliers, & confervent leur Ane,
Nicolas au rebours; car quand il va voir Jeanne
Il monte fur fa béte, & la chanfon le dit.
Beau trio de Baudets! le Meunier repartit:;
Je fais Ane, il eft vrai, j'en conviens, je l'avoue,
Mais que dorénavant on me blâme, on me loue,
Qu'on

Qu'on dife quelque chofe, ou qu'on ne dife' rien J'en veux faire à ma téte; il le fit, & fit bien."

Quant à vous,fuivez Mars, ou l'Amour, ou le Prince; Allez, venez, courez, demeurez en Province; Prenez Femme, Abbaye, Emploi, Gouvernement; Les gens en parleront, n'en doutez nullement.

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Les Membres &

JE devois par la Royauté

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Avoir commencé inon Ouvrage. A la voir d'un certain côté,

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I

* Meffer Gafter en est l'image.
Sil a quelque befoin tout le corps s'en reffent. of
De travailler pour lui les membres fe laflant,
Chacun d'eux refolut de vivre en Gentilhomme,
Sans rien faire, alleguant l'exemple de Gafter.
Il faudroit, difoient-ils, fans nous qu'il vécût d'air.
Nous fuons, nous peinons comme bétes de fomme:
Et pour qui pour lui feul: nous n'en profitons pas :
Notre foin n'aboutit qu'à fournir fes repas.
Chommons: c'est un métier qu'il veut nous faire ap-
prendre.

Ainfi dit, ainfi fait. Les mains ceffent de prendre,
Les bras d'agir, les jambes de marcher.
Tous dirent à Gafter, qu'il en allât chercher,
Ce leur fut une erreur dont ils fe repentirent.
Bien-tôt les pauvres gens tomberent en langueur :
L'eftomas:
G

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