Sous ces inventions il faut l'enveloper: m Mais vous n'avez que trop dequoi vous occuper: Pendant le doux emploi de ma Mufe innocente, Louis dompte l'Europe, & d'une main puiffante Il conduit à leur fin les plus nobles projets
Qu'ait jamais formez un Monarque
Favoris des neuf Soeurs, ce font là des fujets Vainqueurs du temps & de la Parque.
OUT eft myftere dans l'Amour, Ses Fléches, fon Carquois, fon Flambeau fon Enfance.
Ce n'eft pas l'ouvrage d'un jour
Que d'épuifer cette Science.
Je ne prétends donc point, tout expliquer icy. Mon but eft feulement de dire à ma maniere Comment l'Aveugle que voicy
(C'est un Dieu) Comment, dis-je, il perdit la lamiere:
Quelle fuite eut ce mal, qui peut-être eft un bien. J'en fais juge un Amant, & ne décide rien.
La Folie & l'Amour joüoient un jour enfemble.
Celui-cy n'étoit pas encor privé des yeux. Une difpute vint: l'Amour veut qu'on affemble Là deffus le Confeil des Cieux. L'autre n'eut pas la patience. ', . Elle luy donne un coup fi furieux Qu'il en perd la clarté des yeux. Venus en demande vengeance. Femme & mere il fuffit pour juger de fes cris: Les Dieux en furent étourdis; Et Jupiter, & Nemesis,
Et les Juges d'Enfer, enfin toute la bande. Elle reprefenta l'énormité du cas,
Son fils fans un bâton ne pouvoit faire un pas, Nulle peine n'étoit pour ce crime affez grande. Le dommage devoit être auffi réparé. Quand on eut bien confideré
L'intereft du public, celuy de la partic; Le Réfulat enfin de la fuprême Cour Fut de condamner la Folie A fervir de guide à l'Amour.
LERENARD, LELOUP,
& LE CHEVAL.
N Renard jeune encor, quoy que des plus
Vid le premier Cheval qu'il eût vu de fa vie. Il dit à certain Loup, franc novico, Accoutez: Un animal paift dans nos prez,
Beau, grand, j'en ay la veue encor toute ravie. Eft-il plus fort que nous? dit le Loup en riant: Fais moy fon portrait, je te prie.
Si j'étois quelque Peintre, ou quelque Etudiant, Repartit le Renard, j'avancerois la joye
Que vous aurez en le voyant.
Mais venez; Que fçait-on? peut-être eft-ce une pro
Que la Fortune nous envoye.
Ils vont; & le Cheval qu'à l'herbe on avoit mis; Affez peu curieux de femblables amis,
Fut prefque fur le point d'enfiler la venelle.
Seigneur dit le Renard, vos humbles fervi
Apprendroient volontiers comment on vous appel
Le Cheval qui n'étoit dépourveu de cervelle Leur dit: Lifez mon nom, vous le pouvez, Mef. fieurs.
Mon Cordonnier l'a mis autour de ma femelle. Le Renard s'excufa fur fon peu de fçavoir. Mes parents, reprit-il, ne m'ont point fait inftrui-
font pauvres, & n'ont qu'un trou pour tout
Ceux du Loup, gros Meffieurs, l'ont fait apprendre à lire.
Le Loup par ce difcours flaté S'approcha; mais fa vanité
Luy couta quatre dents: le Cheval lui defferre
Un coup; & haut le pied. Voila mon Loup par
Mal en point; fanglant & gâté. Frere, dit le Renard, cecy nous juftific Ce que m'ont dit des gens d'efprit: Cet animal vous a fur la machoire écrit Que de tout inconnu le Sage fe méfic.
LE RAT, LE CORBEAU, la Gazelle, & la Tortuë.
E vous gardois un Temple dans mes vers; Il n'eût finy qu'avecque l'Univers. Déja ma main en fondoit la durée Sur ce bel Art qu'ont les Dieux inventé, Et fur le nom de la divinité
Que dans ce Temple on auroit adorée. Sur le Portail j'aurois ces mots écrits; PALAIS SACRE' DE LA DEES SE IRIS. Non celle-là qu'a Junon à fes gages; Car Junon même, & le Maître des Dieux Serviroient l'autre, & feroient glorieux.
Du feul honncur de porter fes meffages. J L'Apotheofe à la voûte cût paru.
Là tout l'Olimpe en pompe eût été vey Plaçant Iris fous un Dais de lumiere. Les murs auroient amplement contenų Toate fa vie, agreable matiere; Mais peu feconde en ces évenemens Qui des Etats font les renversemens. Au fonds du Temple eût été fon image, Avec fes traits, fon foûris, fes appas, Son art de plaire & de n'y penfer pas, Ses agrémens à qui tout rend hommage. J'aurois fait voir à fes pieds des mortels, Et des Heros, des demy-Dieux encore,
Même des Dieux; ce que le monde adore 131 Vient quelquefois parfumer fes Autels. J'euffe en fes yeux fait briller de fon ame Tous les trefors, quoy qu'imparfaitement: Car ce cœur vif & tendre infiniment, Pour les amis & non point autrement, Car cét efprit qui né du Firmament A beauté d'homme avec graces de femme Ne fe peut pas comme on veut exprimer. O vous, Iris, qui fçavez tout charmer, Qui fçavez plaire en un degré fuprême, Vous que l'on aime à l'égal de foy-même, (Cecy foit dit fans nul foupçon d'amour, Car c'est un mot banny de votre Cour, Laiffons-le donc) agréez que ma Muse Acheve un jour cette ébauche confuse. J'en ay placé l'idée & le projet, Pour plus de grace, au devant d'un fujet, Où l'amitié donne de telles marebus,
« PreviousContinue » |