pour l'effet que je prétendois. Monfieur Van-Dale n'a écrit que pour les Savans, & il a eu raifon de négliger des agrémens dont ils ne feroient aucun cas. Il rapporte un grand nombre de paffages qu'il cite très-fidelement, & dont il fait des Verfions d'une exactitude merveilleufe lors qu'il les prend du Grec; il entre dans la difcuffion de beaucoup de points de Critique, quelquefois peu necessaires, mais toujours curieux. Voilà ce qu'il faut aux Gens doctes; qui leur égayeroit tout cela par des reflexions, pas des traits ou de Morale, ou même de Plaifanterie, ce feroit un foin dont ils n'auroient pas grande reconnoiffance. De plus Monfieur Van-Dale ne fait nulle difficulté d'interrompre très-fouvent le fil de fon difcours, pour y faire entrer quelque autre chofe quifeprefente, dans cette parenthese-là il y enchaffe une autre parenthefe, qui même n'est peut-être pas la dernie

re;

;

re; il a encore raison, car ceux pour qui il a prétendu écrire, font faits à la fatigue en matiere de lecture, & ce defordre favant ne les embaraffe pas. Mais ceux pour qui j'aurois fait ma Traduction ne s'en fuffent guere accommodez fi elle eût été en cet état les Dames, & pour ne rien diffimuler, la plupart des Hommes de ce Païsci, font bien aussi fenfibles à l'agrément ou du tour, ou des expreffions, ou des pensées qu'à la folide beauté des recherches les plus exactes ou des difcuffions les plus profondes. Sur tout, comme on eft fort pareffeux, on veut de l'ordre dans un Livre , pour être d'autant moins obligé à l'attention. Je n'ai donc plus fongé à traduire & j'ai crû qu'il valoit mieux en confervant le fond & la matiere principale de l'Ouvrage, lui donner toute une autre forme. J'avouë qu'on ne peut pas pouffer cette liberté plus loin que j'ai fait,

ce

j'ai changé toute la difpofition du Livre, j'ai retranché tout qui m'a paru avoir peu d'utilité en foi, ou trop peu d'agrément Four recompenfer le peu d'utilité; j'ai ajoûté non-feulement tous les ornemens dont j'ai pû m'avifer, mais encore affez de chofes qui prouvent ou qui éclairciffent ce qui eft en question; fur les mêmes faits & fur les mêmes paffages que me fourniffoit Monfieur VanDale, j'ai quelquefois raisonné autrement que lui, je ne me fuis point fait un fcrupule d'inferer beaucoup de raisonnemens qui ne font que de moi; enfin j'ai refondu tout l'Ouvrage, pour le remettre dans le même état où je l'euffe mis d'abord felon mes vues particulieres, fi j'avois eu autant de favoir que Monfieur Van-Dale. Comme j'en fuis extrêmement éloigné, j'ai pris fa fcience, & j'ai hazardé de me fervir de mon efprit, tel qu'il eft ; je n'eusse

pas

pas manqué fans doute de prendre le fien fi j'avois eu affaire aux mêmes Gens que lui. Au cas. que ceci vienne à fa connoiffance, je le Supplie de me pardonner la licence dont j'ai ufe, elle fervira à faire voir combien fon Livre eft excellent, puis qu'assurément ce qui lui appartient ici paroîtra encore tout-à-fait beau, quoi qu'il ait paffé par mes mains.

,

a

Au reste, j'apprens depuis peu deux chofes qui ont rapport à ce Livre. La premiere que j'ai prife dans les Nouvelles de la Republique des Lettres, eft que Monfieur Moebius, Doyen des Profef feurs en Theologie à Leipfic entrepris de refuter Monfieur VanDale. Veritablement il lui passe que les Oracles n'ont pas ceffé à la venuë de Fefus-Christ, ce qui effectivement incontestable quand on a examiné la question; mais il ne lui peut accorder que les Démons n'ayent pas été les Au

eft

4

teurs

teurs des Oracles. C'est déja faire une breche très-confiderable au Systême ordinaire, que de laiffer les Oracles s'étendre au-delà du tems de la venuë de Jefus-Chrift & c'est un grand préjugé qu'ils n'ont pas été rendus par des Démons, fi le Fils de Dieu ne leur a pas impofé filence. Il est certain que felon la liaison que Popinion commune a mife entre ces deux chofes, ce qui détruit l'une ébranle beaucoup l'autre, ou même la ruine entierement; & peutêtre après la lecture de ce Livre entrera t-on encore mieux dans cette penfée; mais ce qui eft plus remarquable, c'est que par l'Extrait de la Republique des Lettres il paroit qu'une des plus fortes raifons de Monfieur Moebius contre M. Van-Dale eft que Dieu défendit aux Ifraëlites de confulter les Devins & les Es prits de Python, d'où l'on conclut que Python, c'est-à-dire les

Dé