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AVERTISSEMENT.

LORSQUE j'eus donné en 1746 les Beaux Arts réduits en un même Principe, quelques perfonnes, à l'autorité defquelles je crus devoir déférer, prétendirent que l'application fommaire qui avoit eté faite du principe de l'imitation à la Poëfie en néral & à fes efpeces, n'etoit point fuffifante pour les Jeunes Gens, & qu'il falloit développer ce même principe par des applications plus détaillées. Ce fut ce qui produifit le Cours de Belles-Lettres diftribué par exercices. Le but de ce fecond OuTome II.

A

vrage etoit donc de mettre à la portée des jeunes Gens les principes de l'Art Poëtique, de leur en faire fentir l'importance, & de leur en montrer les effets dans les différens genres.

On le retrouvera tout entier dans les fept petits Traités qui fuivent, & qui contiennent toute la Poëtique. C'eft toujours le même objet & le même plan. On y tâche par-tout de

définir avec foin ; & aux définitions on joint les exemples. On fait que les exemples, fur - tout en fait de goût, font plus inftructifs que les préceptes, & que ceux-ci ne font jamais mieux fentis ni compris que quand ils font les résultats des détails. Nous travaillons pour les Jeunes Gens. J'oferai dire ce

pendant que les perfonnes plus avancées pourront y rencontrer des notions qui les mettront dans le cas de réfléchir.

L'etude des Lettres eft plus profonde & plus philofophique qu'on ne le croit communément. La raison donnée de ce qui plaît ou qui déplaît dans un Ouvrage de goût, embraffe toute la métaphyfique de l'efprit & du cœur humain. Beaucoup de Lecteurs ne s'en doutent point. La maniere aisée avec laquelle fe préfentent les Ouvrages de Littérature eft fi féduifante, qu'on croit qu'il fuffit de fe laiffer aller à l'impreffion agréable qu'on eprouve en lifant de beaux vers, ou quel

que morceau de prose bien ecrit. Mais autre chofe eft de fentir les beautés, autre chofe d'en connoître la fource & le principe; l'un eft ce qu'on appelle jouir, l'autre eft ce que l'on nomme favoir.

Qu'importe, dira-t-on, que je connoiffe les refforts qui pro

,

duifent en moi un fentiment agréable pourvu que j'en eprouve l'impreffion? L'effentiel eft d'arriver au but, & j'y fuis dès que fens.

On pourroit raisonner de la forte, s'il s'agiffoit d'autres plaifirs que de ceux de l'efprit. Mais s'il eft certain que dans ceuxci, l'etendue des connoiffances ajoûte beaucoup au fentiment; l'etude de l'art doit précéder ou du moins accompagner la lec

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