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personnages; comme les maximes qu'on trouve éparses dans les pièces de Corneille, de Racine, de Molière, de Regnard. Telles sont celles ci que Racine met dans la bouche d'Hippolyte, lorsque ce jeune prince se justifie auprès de Thésée du crime dont il est

accusé.

THESE E.

Traître, tu prétendois qu'en un lâche silence,
Phèdre enseveliroit ta brutale insolence.

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Il falloit, en fuyant, ne pas abandonner

Le fer, qui dans ses mains sert à te condamner;
Ou plutôt il falloit, comblant ta perfidie,
Lui ravir tout d'un coup la parole et la vie.

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F

D'un mensonge si noir justement irfité,

Je devrois faire ici parler la vérité,

Seigneur. Mais je supprime un secret qui vous touche. Approuvez le respect qui me ferme la bouche;

Et sans vouloir vous-même augmenter vos ennuis,

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Examinez ma vie, et songez qui je suis.

་་

Quelques crimes toujours précèdent les grands crimes.
Quiconque a pu franchir les bornes légitimes,

Peut violer enfin les droits les plus sacrés.
Ainsi que la vertu, le crime a ses degrés ;
Et jamais on n'a vu la-timide innocence,
Passer subitement à l'extrême licence.

Un jour seul ne fait point d'un mortel vertueux,
Un perfide assassin, un lâche incestueux.

Du dia

logue

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du mono

logue.

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Elevez dans le sein d'une chaste héroïnes(a),0
९ Je n'ai point de son sang démenti l'origine.
"Pitthée (b) estimé sage entre tous les humains
Daigua m'instruire encore au sortir de ses mains.
Je ne veux pas me peindre avec trop d'avantage.
Mais si quelque vertu m'est tombée en partage,
Seigneur, je crois sur-tout avoir fait éclater
La haine des forfaits qu'on ose m'imputer.
C'est par-là qu'Hippolyte est connu dans la Grèce.
J'ai poussé la vertu jusques à la rudesse.

On sait de mes chagrins l'inflexible rigueur.

L jour n'est pas plus pur que le fond de mon cœur,

On voit clairement que la situation où se trouve Hippolyte, a fourni ces réflexions qui ne font sentence, qu'autant qu'on les sépare de ce qui suit ou de ce qui précède, et qui ne sont pas des maximes dans la bouche de ce personnage. Ce sont, en quelque façon, des principes qu'il s'applique à lui-même, et dont il tire des preuves pour montrer, pour établir son innocence.

Quand plusieurs personnages dramatiques et parlent, et qu'ils parlent l'un à l'autre, c'est un dialogue. Quand un acteur parle seul, il fait ce qu'on appelle un monologue. Le dialogue doit toujours tendre à son but; de manière que les interlocuteurs ne disent rien

(a) Voyez le mot Antiope, dans les notes à la fin de ce Volume.

(b) Voyez ce mot, ibid.

qui n'ait un rapport direct, à l'action, Quelqu'un a très-bien dit qu'un personnage qui, dans une situation intéressante, s'arrête à dire de belles choses qui ne vont point au faits, ressemble à une mère qui, cherchant son fils dans les campagnes, s'amuseroit à cueillir des fleurs.

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Le desir de briller est un écueil que le poëte doit soigneusement éviter: sans quoi la fougues de son imagination, l'emportera hors du droit chemin, qui doit le conduire à son but. L'esprit doit être ici la victime du goût qui veut que le poëte ait assez de jugement pour s'arrêter où il faut, et assez, de courage pour sacrifier les meilleures choses, lorsqu'elles sont déplacées, afin de ne point perdre de vue le terme de l'événement, qui est son objet. Un personnage ne dira dono que ce qu'il faut un autre personnage ne lui répondra que quand il devra le faire; et le spectateur: sentira toujours la raison pourquoi la parole passe d'une bouche à une

autre

Il est sur tout essentiel, qu'un interlocuteur réponde précisément à ce qu'a dit un autre interlocuteur, et qu'on voie dans le dialogue cette liaison d'idées, cette suite de raisonnemens, cette logique secrette, qui doit être l'âme de tous les entretiens. Cependant il est dés circonstances où cette règle ne doit pas être observée; c'est dans une grande passpondans. l'excès d'un grand malheur. Lamenn'est alors remplie que de ce qui locoupé, et non de ce qu'on lui dit. Le per

personnage plein de son objet, ou ne répond point, ou ne répond qu'à son idée. C'est alors, comme le dit l'oltaire, qu'il est beau de ne pas bien répondre. Mais remarquons, que quoique ce personnage agité d'une grande passion, ne réponde pas directement à ce qu'on lui dit, néanmoins tout ce qui sort de sa bouche, se rapporte à l'action. Ainsi dans ces circonstances mêmes le dialogue tend à son but.

Pour bien connoître l'art du dialogue, qui est une des parties les plus essentielles, d'une pièce de théâtre, il faut joindre à ces règles générales, la lecture des bonnes pièces de Corneille, celles de Racine et de! Molière. On y verra par-tout que ces auteurs dramatiques ne s'attachant qu'à la vérité, font toujours répondre leurs personnages avec justesse, et jamais hors de propos. J'en. citerai quelques exemples dans les articles. suivans.

i

Un acteur parle seul dans un monologue mais ce n'est point pour raconter un événement, et pour dire ce qui arri-! vera, Les Grecs et les Latins ont suivi cet usage, que nous avons banni de notre théâtre, parce qu'il n'est pas dans la nature. Le monologue doit être un combat du coeur. Le personnage y paroît irrésolu, et délibérant, pour ainsi dire, avec luimême sur ce qu'il doit faire. Il faut qu'il soit court si l'on peut lui donner une cerfaine étendue, ce n'est que quand l'acteur

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est accablé sous le poids de son malheur, ou qu'il est dans une agitation violente,

ARTICLE III.

Du Poëme Comique.

Le poeme comique est en général celui où l'on introduit sur la scène des personnages qui font une action amusante et risible, mais commune, c'est-à-dire relative au caractère, aux moeurs, à la mauière de vivre des hommes dans la société ordinaire. Pour faire connoître tens les divers ouvrages que renferme ce genre, je parlerai dans cet article, 1°. de la comédie; 2°. des pièces de théâtre qui y ont rapport; 3°. de l'opéra comique.

I.

! "

De la Comédie.

Le but de la comédie est de corriger les mœurs en riant ce n'est pas moins pour nous instruire que pour nous divertir, qu'elle a été inventée. Elle parvient à ces deux fins, en représentant une action prise dans la vie commune, digne de risée, et de laquelle nous pouvons retirer quelque avantage pour les mœurs.

de la Comé❤

La comédie est donc un poëme qui imite Définition par l'action, le ridicule, à dessein de le cor- die, et du riger. Ce ridicule, suivant le sens de la dé- ridicule. finition qu'en a donnée Aristote, est un

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