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jamais tombé dans l'incrédulité. Nous ne saurions donc trop nous prémunir contre le venin que renferment les écrits des impies, et nous mettre en état de découvrir toute l'absurdité de leurs principes, toute l'extravagance de leurs opinions, toutes les horribles conséquences de leurs systêmes. Ainsi nous devons approfondir la vérité de la religion en même temps que nous en étudierons la morale.

Pour apprécier tous les raisonnemens des détracteurs de cette religion divine, nous n'avons pas besoin de nous engager dans la lecture d'une foule d'excellens ouvrages, où elle est vengée d'une manière si éclatante et si victorieuse. Il nous suffira d'en connoître et d'en bien saisir les preuves démonstratives. Elle nous paroîtra infailliblement la seule véritable; et par conséquent tout ce qu'on peut dire contre cette religion, ne nous offrira que le caractère ou de l'injustice, ou de l'absurdité, ou de l'imposture et de la calomnie.

Le Traité de l'existence de Dieu, par Fénélon, est le premier livre qui doit nous mener à la connoissance de la religion. Il est essentiel de le lire, non seulement pour sentir tout le frivole des sophismes des prétendus athées, mais encore pour se rendre raison à soi-même de l'intime persuasion où sont tous les hommes de l'existence de Dieu. Car, si l'on peut supposer qu'il y ait de vrais athées, il est certain qu'ils ne le sont qu'en ce qu'ils

Vérité de

la religion.

voudroient se persuader dans leur coeur qu'il n'y a pas de Dieu, parce qu'ils auroient intérêt, comme l'ont dit Pascal et Bácon, qu'il n'existât aucun vengeur de leurs crimes. Mais la raison et la conscience leur crient sans cesse qu'il existe un être, seul éternel, seul indépendant, seul principe de tous les êtres, et dont ils se sentent forcés de reconnoître la nécessité, que Voltaire a si bien exprimée dans ces vers :

C'est le sacré lien de la société,

Le premier fondement de la sainte équité,
Le frein du scélérat, l'espérance du juste.
Si les cieux dépouillés de leur empreinte auguste,
Pouvoient cesser jamais de le manifester ;

Si Dieu n'existoit pas, il faudroit l'inventer.
Que le sage l'annonce, et que les rois le craignent.
Rois, si vous m'opprimez, st vos grandeurs dédai-
gnent

Les pleurs de l'innocent que vous faites couler,
Mon vengeur est au ciel; apprenez à trembler.

Nous devons lire ensuite le Traité de la vérité de la religion chrétienne, par Abbadie. C'est le meilleur ouvrage que nous ayons en ce genre. La précision et la netteté du style y répondent à la justesse des pensées et à la solidité du raisonnement. Dans l'exposition et l'enchaînement des preuves, il y a une méthode, un clarté admirable, une dialectique des plus pressantes et des plus vigoureuses. On Ꭹ voit démontrées la nécessité et

la vérité de la révélation, l'authenticité des livres saints et l'accomplissement des prophé ties qu'ils contiennent, la divinité du messie, auteur de la religion chrétienne, dont l'établissement, les progrès et la propagation étant un vrai miracle, sont l'ouvrage de Dieu même. On y voit appuyée sur des preuves incontestables l'opinion de l'immortalité de l'âme, celle d'ün Dieu vengeur du crime et rémunérateur de la vertu dans une autre vie ; par conséquent le système des déistes démontré absurde; le systême des matérialistes démontré indigne de Dieu même, et désespérant pour l'homme. Quand on a lu ce livre avec quelque attention, on ne peut regarder les productions de l'incrédule, que comme des ouvrages du délire ou de la mauvaise foi. Il faut joindre à cet excellent traité les Pensées sur la religion, par Pascal, homme de génie, qui nous apprend à parler peu, et à dire beaucoup. Quelle sublimité! Quelle énergie! Quelle profondeur ! Quelle élo quence! Chacune de ces pensées, caractérisée par une raison lumineuse, par un sentiment vif et profond, est un trait de flamme qui éclaire, qui échauffe: c'est, pour ainsi dire, un tableau de toute la religion. Elle nous en fait du moins concevoir l'idée la plus grande, la plus magnifique, la plus vraie, en nous élevant jusqu'à son divin auteur. Pascal écrivant ainsi est un terrible argument contre les incrédules, qu'on appelle bien mal-àpropos esprits forts. «Les libertins, dit Bayle » lui-même, ne pourront plus dire qu'il n'y

Morale

» a que des petits-esprits qui aient de la » piété. Car on leur en fait voir de la mieux >> poussée dans un des plus grands géomètres, » des plus subtils métaphysiciens et des plus » pénétrans esprits qui aient jamais été au >>> monde ».

Ce n'est point assez de connoître les preuves' de notre religion. Il nous importe beaucoup de savoir distinguer avec précision les objets de notre croyance. Le P. Bougeant, jésuite, nous en fournit les moyens dans son Exposition de la doctrine chrétienne par demandes et par réponses. Cet ouvrage précieux, en nous rappelant les instructions que nous avons reçues dès nos plus tendres années, nous servira de guide dans toutes les matières de foi.

Mais une étude simplement spéculative de la morale chrétienne ne nous seroit pas d'une bien grande utilité, puisqu'elle seule ne nous rendroit ni meilleurs ni plus heureux. Il faut y joindre la Morale pratique pour acquérir la vraie sagesse, pour parvenir au vrai bonheur.

Le premier fondement de cette morale est pratique de la connoissance de soi-même; connoissance la la religion. plus importante de toutes, et pour le chrétien, et même pour l'homme du monde. Le livre où l'on peut le mieux la puiser, est l'Art de se connoître soi-même, par Abbadie; ouvrage écrit avec force, avec élévation, et plein d'idées profondes. L'homme y est représenté comme un être capable de vertu et de bonheur, dans l'état même de corrup

tion et de misère où il se trouve. Il y est peint avec toutes ses foiblesses of avec toutes ses forces morales, dans toute sa grandeur et dans toute sa bassesse. Tout ce qui peut l'humilier, tout ce qui peut l'élever à ses propres yeux, y est fidèlement exposé. En un mot, la nature de l'homme, le principe de ses -vices et de ses vertus, les motifs qui peuvent le déterminer dans ses actions, les devoirs qui lui sont prescrits, et dont la source est dans l'immortalité de son âme, y sont tracés et développés avec la plus grande justesse et la plus grande vérité.

Nous avons un petit ouvrage, traduit de l'espagnol, qui est un vrai chef-d'oeuvre de morale chrétienne: c'est la Conversion du Pécheur, par le P. Salazar, jésuite. Les quatre fins dernières de l'homme y sont traitées avec cette raison saine et religieuse, qui porte la conviction dans l'âme, et avec cette éloquence de sentiment qui la pénètre et la maîtrise. L'auteur présente toujours la vérité avec les traits les plus capables de la faire sentir et de la faire aimer. En nous montrant le chemin du vrai bonheur, il dit tout ce que l'on peut dire de plus solide et de plus touchant , pour nous engager à le prendre.

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Parmi la grande quantité de livres qui peuvent nous animer à remplir les devoirs de la religion, il y en a deux sous le même titre d'Année chrétienne, qu'on doit sans contredit mettre au nombre des meilleurs. Le premier est du P. Croiset, jésuite, et le second

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