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De la Pa

rodie.

tête parce qu'elle est elle même avec un fâcheux dont elle cherche à se débarrasser. Elle revient; et à peine ces deux amans commencent à s'entretenir, qu'un autre fâcheux vient les interrompre. Arrive enfin un incident par lequel Eraste sauve la vie à Damis, tuteur de sa inaîtresse, qui lui est accordée en mariage.

moyen

La Parodie est en général un ouvrage en vers, composé sur quelque pièce de poésie connue, que l'on détourne à un autre sujet et à un autre sens par le , de quelques changemens. La parodie dramatique est celle qui a été faite sur une pièce de théâtre. L'abbé Sallier dans sou discours sur l'origine et le caractère de

ce genre de poésie (1), en distingue de trois espèces. La première est des originaux parodiés en entier; la seconde, des originaux parodiés dans la plus grande partie, et la troisième, des originaux parodies dans quelque partie seulement.

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Dans les parodies de la première espèce, le titre de l'original, les noms et le rang des personnages, l'action l'intrigue, la catastrophe sont entièrement conservés. Le poëte ne change rien au fond de ce même original, et tourne en ridicule l'action la plus noble et les incidens les plus tragiques. C'est ce qu'on voit dans Ulysse et Circé, dans Arle

(1) Mém, de l'Acad. des Bel. Lett., t. VI.

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que

es

le

quin - Phaéton, parodies jouées par les Comédiens Italiens à la fin du 17 siècle. Ce qui rend les parodies de cette pèce très difficiles à faire, c'est poëte doit y conserver dans toutes ses parties l'action et la conduite de l'original, et resserrer pourtant dans l'espace d'un seul acte une action qui est presque toujours en cinq. Il faut de plus que par l'agrément du style et le piquant de la diction, il fasse, pour ainsi dire, oublier le noble et le pathétique de l'ouvrage parodié.

La seconde espèce de parodie, qui est celle des originaux parodiés dans la plus grande partie, n'offre pas autant de difficultés. Le poëte y conserve l'action de l'original et quelques parties du dialogue. Mais il change avec le titre de la fable, les noms et le rang des personnages; il dégrade cette action la rend basse de noble qu'elle étoit, et achève de la travestir par les traits d'une diction convenable. Telles sont deux excellentes parodies, vrais modèles en ce genre; le Mauvais Ménage, et Agnès de Chaillot. Le mauvais Ménage est une parodie de Mariane, tragédie de Voltaire. Dans Mariane, on voit un He rode jaloux et un Varus, préteur romain, amoureux de Mariane dans la parodie, c'est un bailli, et un officier de dragons. Agnès de Chaillot est une parodie d'Inès de Castro, tragédie de la Motte. Dins Inès, on voit le fils d'un

roi, marié secrètement avec une fille d'honneur de la reine, tandis que ce roi veut le marier avec la propre fille de la reine même dans la parodie, c'est Pierrot, fils d'un bailli, et qui est marié secrètement avec la servante de la maison, tandis que son père veut le marier avec la fille de la baillive.

:

Les actions héroïques travesties de la sorte, dit l'écrivain que je viens de citer, fournissent à la diction même des traits d'autant plus agréables, que les pensées. brillantes et les vers frappans de l'original sont plus ingénieusement adoptés dans la parodie. Delà naît un contraste qui déride les plus sérieux; car il n'est point de spectateur qui puisse entendre froidement un homme du peuple, qui placé dans la même situation qu'un prince malheureux, emploie les mêmes expres sions que ce prince pour déplorer son

malheur.

Dans la troisième espèce de parodie qui est celle des originaux parodiés en quelques parties seulement, on fait usage d'un incident singulier, d'une situation tragique, de certaines pensées,. de certaines expressions. Mais on sent qu'un seul endroit déterminé ne peut fournir le sujet que d'une ou de deux scènes de parodie. Il faut alors composer une pièce dans laquelle on jettera ces scènes en s'attachant à les bien traiter, à les amener surtout avec tant d'art, que le spectateur ne puisse point les prévoir.

L'objet

L'objet de la parodie est de corriger le goût, en relevant d'une manière comique les défauts de l'ouvrage parodié, soit par rapport à la conduite, soit par rapport aux situations, soit par rapport aux sentimens et à l'expression même. Elle devient entre les mains de la critique, dit encore l'abbé Sallier, le flambeau dont on éclaire les défauts d'un auteur qui avoit surpris l'admiration. Ainsi la parodie est un genre d'ouvrage qui nous fait distinguer dans une pièce de théâtre le bon or du clinquant, qui par conséquent ne peut être désavoué par la raison, et que le bon goût autorise c'est un badinage innocent, permis par les loix, qui n'offense pas person nellement l'auteur parodié, et qui, en exigeant dans le parodiste un esprit non moins juste que délicat, ne sauroit donner aucune idée désavantageuse de son caractère. Parisau a donc en raison de dire en terminant une de ses excellentes pièces en ce genre:

Melpomene (1) à son tour doit m'accorder ma grâce, Eu les travestissant, j'admire ses héros.

Le Parodiste it'; mais jamais il n'outrage.

Nul ne sait mieux priser les beautés d'un ouvrage,
Que celui qui s'occupe à chercher ses défauts (1).

(a) Voyez ce mot, dans les notes, à la fin du premier Volume.

(1) La Veuve de Cancale, parodie de la Veuve de Malabar, tragédie.

Tome III.

P

Opéra co

IIL

De l'Opéra Comique.

est une

La satyre des moeurs, la peinture du ridicule peuvent trouver place dans l'Opéra Comique, mais n'en sont pas l'objet principal ce genre et direct, Une comédie en piece d'intrigue faite pour nous égayer, où les caractères ne sont touchés que superficiellement, et où le ridicule est présenté en passant. Elle est assujétie aux mêmes, règles que toutes les autres pièces de théâtre, Mais, elle en a de particulières qu'il suffira d'indiquer.

On distingue deux espèces d'opéra comimique en que; l'opéra comique en vaudevilles, et les vaudevil- pièces à ariettes. Le premier est tout en

les.

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tier, ou presque tout entier en chansons, sur des airs connus. Je dis presque tout entier parce que souvent il y a des choses qui auroient mauvaise grâce à être chantées, et qui ne peuveut être qu'en dialogue. Le sujet de ces sortes de pièces doit être simple, exposé avec précision, et sagement conduit. Il faut sur-tout que les airs soient bien choisis, qu'ils conviennent aux sentimens, à la situation des personnages. La connoissance des principes de la musique, et des règles de la prosodie, est absolument nécessaire au poëte pour ce dernier objet. Pourroit-il les ignorer, sans s'exposer à placer une syllabe sous une

et

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