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Chez PANCKOUCKE, Libraire, hôtel de Thou, rue des Poitevins.

M. D C C. X C.

AVEC APPROBATION ET PRIVILEGE DU ROI.

A

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NAA

NAA

NAAMAN, (BEAU) (Hift. facr.) feigneur fy- rifer des actions femblables dans d'autres circonf

rien, général de l'armée de Bénadad, homme riche & vaillant, & en grand crédit auprès de fon maître. Naaman étoit tout couvert de lèpre; & n'ayant point trouvé de remède contre fon mal, il fuivit l'avis que lui donna une jeune fille juive qui étoit au fervice de fa femme, & il vint à Samarie trouver le prophète Elifée. Quand il fut à la porte, le prophète, voulant éprouver la foi de ce feigneur, & lui montrer qu'un miniftre de Dieu ne doit fe laiffer éblouir ni par l'éclat des richeffes, ni par le fafte des grandeurs humaines, lui envoya dire par Giézi fon ferviteur, d'aller fe laver fept fois dans le Jourdain, & qu'il feroit guéri. Naaman mécontent de la réponse du prophète, & de la manière peu civile dont il l'avoit reçu, s'en retournoit tout indigné; mais fes ferviteurs lui ayant repréfenté que le prophète exigeoit de lui une chofe très-aifée, il les crut, alla fe laver fept fois dans le Jourdain, & en fortit bien guéri. Alors il revint avec fa fuite vers l'homme de Dieu, pour lui témoigner fa reconnoiffance; & fa guérifon paffant jufqu'à l'ame, il rendit hommage au Dieu du prophète comme à celui qui devoit être adoré par tout le monde, & promit que dans la fuite il ne facrifieroit qu'à lui feul; c'est pourquoi il conjura le prophète de lui permettre d'emporter la charge de deux mulets de la terre d'Ifraël, pour dreffer un autel dans fon pays fur lequel il offriroit des holocauftes au Seigneur. Elifée, content de la bonne foi & de la difpofition du cœur de cet étranger, n'exigea rien de plus, & ne l'affujettit ni à la circoncifion ni aux obfervances légales. Naaman lui propofa une question, & lui demanda s'il lui étoit permis de continuer à accompagner fon maître dans le temple de Remmon, & s'il offenferoit le Seigneur en s'inclinant, lorsque le roi, appuyé fur lui, s'inclineroit lui même; Elifée lui répondit: allez en paix; & Naaman le fépara de lui. Cette réponse d'Elifée fait entendre que ce faint prophète penfoit que Naaman pouvoit, fans crime & fans fcandale, continuer une action qui n'étoit qu'un fervice purament civil. & qu'il rendoit par-tout ailleurs au roi; ainfi les affiftans ne pouvoient regarder cette génuflexion comme un acte de religion, parce que le changement de Naaman ne pouvoit être fecret en Syrie, mais feulement comme une fonction indifpenfable de fa charge, qui l'obligeoit de donner la main au roi dans toutes les cérémonies publiques. Cependant quelques interprètes, craignant avec raifon l'abus que l'on pourroit faire de la réponse d'Elifce, pour autoHiftoire. Tome IV.

tances où elles feroient criminelles, traduifent cet endroit par le paffe, & font demander pardon à Naaman d'avoir adoré dans le temple de Remmon, lorfque fon maître s'appuyoit fur lui. Cet étranger purifié de la lèpre par l'eau du Jourdain, eft une excellente image du peuple gentil, appellé, par un choix tout gratuit de Dieu, à la foi & au baptême de Jéfus-Chrift. Ce peuple puiffant & riche avoit de grandes qualités naturelles, mais tout étoit gâté par la lèpre d'infidélité. Ce fut une pauvre femme du pays d'Ifraël, qui annonça à Naaman qu'il y avoit dans Ifraël un prophète à qui il falloit qu'il s'adreilât pour être guéri, & la parole du falut fut portée aux Gentils par des Juifs affujettis à la domination romaine, & méprifés de tous les autres peuples. Jésus-Chrift n'eft point allé en perfonne les chercher, mais il les a fait inviter par fes ferviteurs de venir à lui: ils fe font préfentés pour entrer dans la maifon du prophète qui eft l'Eglife; mais ils n'y ont pas d'abord été introduits. On les a arrêtés à la porte comme catéchumènes; & là, on les a inftruits de la néceffité & des admirables effets du baptême. Les fages & les grands du monde ne pouvoient se réfoudre à s'abaiffer devant des hommes qui n'offroient rien à leurs yeux de ce que le fiècle eftime: ils traitoient de folies les merveilleux changemens que l'on attribuoit à l'application de foibles élémens, tels que l'eau commune; mais les perfonnes fimples qui crurent les premières, engagèrent enfin les fages du paganifme à chercher leur guérifon dans les eaux falutaires du baptême, où ils prirent une nouvelle naiffance, & fe purifièrent de leur première fouillure. (L'hiftoire de la lèpre de Naaman & de sa guérison est rapportée au quatrième livre des Rois, chapitre V.) (A. R.)

NAAS, (Hift. facr.) roi des Ammonites vaincu par Saül. Son hiftoire fe trouve au premier livre des Rois, chapitre XI. ( A. R.)

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mogol. Les gouverneurs du premier ordre fe nomment foubas; ils ont plufieurs rababs fous leurs ordres. (A, R. )·

NABAL, Fou, ( Hift. facr.) (voyez ABIGAIL.) ifraélite de la tribu de Juda, fort riche, mais avare & brutal, qui demeuroit à Maon, & dont les troupeaux nombreux paiffoient fur le Carmel. Un jour David, ayant appris qu'à l'occafion de la tondaille de fes brebis il faifoit une grande fête, il envoya dix de fes gens pour le faluer de fa part, & lui demander quelques vivres pour fa troupe. Cet homme infolent reçut avec une fierté brutale les députés de David, parla avec outrage de leur maître, & les renvoya avec mépris. David, inftruit par le rapport de fes gens, entra en fureur; & faifant prendre les armes à quatre cents hommes de fa fuite, il marcha vers la maifon de Nabal, dans le deffein de l'exterminer lui & toute fa famille. Cependant Abigail, femme de Nabal, inftruite par un ferviteur, de la manière dont fon mari avoit reçu les gens de David, & craignant le reffentiment de ce dernier, fit fecrètement charger fur des ânes, des provifions de toute espèce, & courut au-devant de David: elle le rencontra dans une vallée, ne refpirant que la vengeance; mais fa beauté, fa fageffe & fes difcours foumis défarmèrent la colère de ce prince, & elle obtint le pardon de fon mari. Nabal, qui étoit ivre, n'apprit que le lendemain ce qui venoit de fe paffer; & il fut tellement frappé du danger qu'il avoit couru, qu'il en mourut de frayeur dix jours après. Nabal, qui fait de vaines profufions en feftins, & qui refufe avec dureté & infulte quelques fecours à des malheureux, eft l'image de tant de riches qui ne fe refufent rien, & à qui rien ne coûte quand il s'agit de fe fatisfaire cux-mêmes, ou de fe donner chez les autres une réputation de générofité ou de magnificence, tandis qu'ils ont la cruauté de refufer une aumône légère à leurs frères qui manquent de tout. (A. R.)

NABARZANES & BESSUS. (Hift. anc.) Rien de plus célèbre dans l'hiftoire d'Alexandre & de Darius, (voyez l'article ALEXANDRE) que la perfidie de Beffus & de Nabarzanes envers Darius, après qu'il eut perdu la bataille d'Arbelles. Nabarzanes, un des plus grands feigneurs de Perfe, étoit général de la cavalerie de Darius; Beffus étoit général des Bactriens qui fervoient dans l'armée perfane; Alexandre vainqueur pourfuivoit Darius; ces deux traîtres lièrent & enchaînèrent leur roi, & le conduifirent vers la Bactriane dans un chariot couvert. Leur deffein étoit, s'ils étoient atteints par Alexandre, de traiter avec lui en lui livrant Darius; &, s'ils pouvoient échapper à fa pourfuite, de tuer Darius & de fe faire rois. Lorfqu'ils virent approcher Alexandre, quoiqu'ils fuffent fupérieurs en forces, effrayés par leur crime & par fa gloire, ils ne fongèrent qu'à la fuite; ils

proposèrent à Darius de monter à cheval & de fuir avec eux; fur fon refus, ils le percèrent de traits, & le laifsèrent expirant. Les premiers Macédoniens, envoyés à la pourfuite des Perfes, recueillirent fes derniers foupirs, mais il étoit mort lorsqu'Alexandre arriva; Nabarzanes s'étoit enfui en Hircanie, Beffus dans la Bactriane; celui-ci, trahi par Spitamènes fon confident, comme il avoit trahi Darius, fut remis entre les mains d'Alexandre, qui le remit lui-même dans celles d'Oxatrès', frère de Darius, pour qu'il vengeât la mémoire de ce roi malheureux.

Beffus, après avoir eu le nez & les oreilles cou÷ pées, mourut dans les tourmens; le fupplice qu'il fubit répond à ce que nous appellons écarteler.

Du perfide Beffus regarde le fupplice,

dit Axiane à Taxile dans la tragédie d'Alexandreą Nabarzanes, plus fage & plus heureux, avoit traité avec Alexandre, avoit reçu fa foi & s'étoit remis entre fes mains, il lui remit auffi l'eunuque Bagoas s il falloit qu'un eunuque fût alors une chofe bien précieufe, ou que celui-ci eût un grand talent de plaire; il gouverna prefque Alexandre comme il avoit gouverné Darius. On cherche pourquoi tant d'états & de princes ont été gouvernés par tant d'eunuques miniftres, on en trouve une raifon dans les états, où la fucceffion à la couronne n'eft pas parfaitement réglée, c'eft que la qualité d'eu nuque a prefque toujours & par-tout exclu du trône; le préjugé que le trône ne pouvoit être rempli par un eunuque, parce que le vœu public attendoit de chaque fouverain un héritier né de lui, étoit vraisemblablement le principe de la confiance des fouverains dans cette espèce d'hommes, qui ne pouvoient être pour eux un objet de jaloufie, ni dans leurs plaifirs ni dans leur ambition; mais on peut dire de ces eunuques miniftres, ce que Pline difoit à Trajan, des affranchis, qui avoient été fi puiffans fous les empereurs Claude & Néron: fcis præcipuum effe indicium non magni principis magnos libertos.

Un affranchi puiffant fuppofe un prince foible! Cependant Alexandre ne l'étoit pas.

NABIS, (Hift anc.) tyran de Sparte, odieux aux citoyens par fes extorfions & fes violences, aux étrangers par fes infidélités. On raconte fur le premier article des traits qui paroiffent fabuleux, quoique rapportés par Polybe. M. de Voltaire s'eft beaucoup moqué de ce qu'il appelle la poupée de Nabis; c'est-à-dire, de cette machine, qui repréfentoit Apéga, femme du tyran, & qui embraffant d'un air affectueux ceux qui refufoient de payer les contributions exigées par Nabis, leur enfonçoit dans le corps des pointes de fer aiguës cachées fous fes habits. M. de Voltaire reproche fur ce point trop de crédulité à M. Rollin; & en effet, l'expreffion d'un doute à cet égard n'eût pas été une irrévérence envers les anciens. Quant aux

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