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OEUVRES

COMPLÈTES

DE CHAMFORT.

DE L'IMPRIMERIE DE FAIN.

COMPLÈTES

DE CHAMFORT,

DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE.

TROISIÈME ÉDITION.

TOME PREMIER.

A PARIS,

Chez MARADAN, Libraire, rue des Grands-Augustins, No. 9.

M. DCCC. XII.

SUR CHAMFORT.

SÉBASTIEN-ROCH-NICOLAS CHAMFORT naquit en 1741, dans un village près de Clermont en Auvergne. Il n'eut pas le bonheur de connaître son père; mais sa tendresse se reporta toute sur sa mère, et, dans le délire d'une jeunesse ardente, il eut pour elle les soins d'un bon fils et l'amour le plus respectueux. Les préjugés du temps refusoient donc à Chamfort une place dans le monde et même un nom; louons-le d'avoir su honorer celui qu'il avoit pris, et d'avoir occupé dans la société un rang qu'il ne dut qu'à lui-même.

Il annonça dès son enfance les plus heureuses dispositions pour l'étude. Il savoit passablement le latin, le grec, l'anglais et l'italien, dans un âge où la plupart des hommes connoissent à peine les principes de leur langue maternelle. Il fit ses premières études au collége des Grassins, où il avoit été assez heureux pour obtenir une bourse; mais il ne commença à se distinguer de ses condisciples qu'en troisième, et ce ne fut qu'en rhétorique qu'il annonça tout ce qu'il devoit être un jour. L'université décernoit cinq premiers prix et cinq seconds pour cette classe. Le seul qu'il n'obtint pas fut celui de vers latins; il remporta les quatre autres premiers prix, et l'année suivante il les obtint tous les cinq. C'est de cette manière brillante qu'il termina ses études.

C'est alors que, sans fortune, sans appui, Chamfort fut obligé de travailler pour vivre; et cette position, qui étouffe presque toujours le génie naissant, rendit sa jeunesse extrêmement malheureuse. Il entreprit successivement plusieurs éducations; mais il fut bientôt obligé de renoncer à un état qui ne pouvoit convenir à la fougue de son caractère, et que son amour pour l'indépendance lui avoit rendu insupportable.

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