L'HARMONIE PRÉFACE DE FORTUNAT STROWSKI PROFESSBUR A LA SORBONNE PARIS 15, RUB RACINE, 15 1926 PRÉFACE a Quand l'auteur d'une thèse de doctorat a mis le point final à son travail, il songe à composer la préface où il expliquera ce qu'il a voulu faire et où il dira ce qu'il doit à ses maitres. Pierre Jouanne avait achevé sa thèse, elle était imprimée, lorsque est venue la maladie foudroyante qui l'a emporté. La préface n'était pas prête. C'est donc moi qui l'écrirai pour lui. Confident, compagnon, je n'ose pas ajouter: guide etjuge de sa pensée, je l'ai vu s'attacher à son sujet, ou plutôt le découvrir, puis le développer, l'enrichir, le mûrir, et en tirer ce volume qui est plus qu'une thèse de Sorbonne tout en étant une thèse de Sorbonne.Car il y a mis toute sa vitalité intérieure, il en a fait un livre élevé et ennoblissant, une sorte de révélation profonde sur certains secrets de l'âme et de la poésie. Et cela dépasse infiniment l'ordre de l'érudition. Comment par toute sa vie sitôt brisée, il s'était préparé à la penser, c'est ce qu'on verra plus loin par la notice pieuse , et belle de M.le Supérieur de cette Institution Saint Aspais où il a fait ses études, et où il a découvert sa vocation. Pour moi je l'ai connu quand, la licence passée brillamment, il a voulu conquérir le diplôme d'études supérieures. C'est une délicieuse année, pour les étudiants, que celle qu'ils consacrent à cet examen. On leur demande, principalement, d'écrire un mémoire sur un sujet qui leur agrée. Suivis de près par les professeurs, ils ont, cependant, la sensation qu'ils sont libres. Ils « habitent » leur sujet ; ils le dominent ; ils y font des découvertes. Ils y sont « euxmêmes ». Pierre Jouanne aimait Lamartine, il lui consacra son année de diplôme. Tout de suite, il devina que Lamartine n'était pas uniquement une écrivain», mais qu'il y avait en lui, un rythme naturel, une sorte de « respiration » de l'âme et que, par là, essentiellement il était poète. Aussi dès les premiers sondages se résolut-il à étudier ce qu'il a appelé l' Harmonie Lamartinienne. Et, pour limiter des enquêtes qui auraient risqué de se perdre dans un océan de documents, il s'enferma dans les Harmonies. C'était le moment où ces sortes de recherches devenaient possibles ; une involontaire collaboration lançait dans une même direction les esprits les plus différents. Sous l'influencede M.Bergson, sous celle de Marcel Proust, qui toutes deux s'accordaient comme la théorie et l'exemple, M. Pierre Audiat achevait et soutenait sa thèse : la Biographie de l'ouvre littéraire, qui, accueillie avec les précautions toujours provoquées par les idées trop nouvelles est jugée aujourd'hui comme le point de départ original d'une méthode sûre et féconde, la méthode la meilleure pour utiliser le passé, et pour le connaitre non pas comme passé, mais comme présent, non pas comme mort, mais comme vivant, non pas comme abstrait, mais comme réel. En même temps de tous côtés, dans les revues littéraires et philosophiques, dans les ouvrages de psychologie et de psychiàtrie, la même : |