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Saint-Eustache, son pasteur, de vouloir bien avoir la bonté de lui venir administrer les sacrements de l'Église. Ce curé, se trouvant incommodé, envoya à sa place M. de Cornouaille, son vicaire, qui fit au malade le compliment dont il étoit chargé ; ce malade demanda au vicaire comment il s'appeloit: il lui dit que son nom étoit Cornouaille, à son service; le comte répondit: « Ah! mon Dieu! des << cornes peuvent-elles servir de quelque chose à un honnête homme ? << c'est la grandeur des miennes qui m'accablent, et me font mourir « de chagrin de les porter. »

« Il existe, dit Walckenaer (Remarques, etc., p. 751), un petit ouvrage de Deslandes, sur les Grands hommes qui sont morts en plaisantant1, auquel la Bruyère fait probablement allusion dans ce caractère. » Cette conjecture est inadmissible, André-François Boureau Deslandes étant né en 1690, et ayant fait paraître ce volume en 1712.

Page 243, no 18.

III

Un grand croit s'évanouir.... (1692.)

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Clef de 1696: « Un grand, M. de Louvois. Un autre grand, M. de Seignelay. » Clefs des éditions Coste: « Feu M. de la Feuillade, M. de Louvois ou M. de Seignelay. »

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IV

Page 247, n° 26. — Deux sortes de gens fleurissent.... Une troupe
de masques entre dans un bal.... (1694.)

<< Ceux qui ont la conduite du bal, dit Compan dans son Dictionnaire de la Danse (p. 24 et 25), doivent être attentifs que chacun danse à son tour, afin d'éviter la confusion et le mécontentement. Lorsqu'il arrive des masques, il faut les faire danser les premiers, pour qu'ils puissent prendre de suite ceux de leur compagnie. »>

Il était d'usage que les masques fussent reçus dans un bal, dès qu'ils s'y présentaient. Grâce à la règle de politesse qui faisait inviter immédiatement l'un des masques ainsi introduits, il leur était facile de prendre la danse pour eux seuls, dans le menuet particulièrement, qui se dansait à deux, et où danseurs et danseuses se succédaient, choisis par la personne qui avait la main : c'est-à-dire la danseuse du second menuet par le danseur du premier menuet, qui

1. Réflexions sur les grands hommes, etc., Amsterdam, 1712. Ce livre a été plusieurs fois réimprimé.

dansait encore le second; le danseur du troisième par la danseuse du second, qui dansait encore le troisième ; et ainsi de suite. On trouvera dans le Dictionnaire de Compan (p. 22-24) les règles d'étiquette ou de bon goût que l'on devait suivre pour les invitations, et dans les Mémoires de Saint-Simon (édition Boislisle, tome IV, p. 322 et tome VII, p. 52), deux passages qui peuvent servir de commentaire aux explications de Compan et à la scène décrite par la Bruyère.

Une troupe de danseurs inconnus, même non masqués, qui serait accourue, ainsi que les usages le permettaient, à l'assemblée où quelque bourgeois galant donnait les violons, eût pu de même empêcher quelque temps les gens du bal de danser; mais le masque donnait des immunités particulières et rendait plus facile la prolongation de ce mauvais tour.

Il arrivait parfois à des sociétés rivales, à des cabales, d'essayer de s'exclure de la danse les unes les autres. En voici pour preuve un passage des Mémoires de Mademoiselle de Montpensier (édition Chéruel, tome I, p. 44):

que

Mme la com

« Je fus encore aux assemblées et aux comédies tesse de Soissons faisoit donner ce n'étoit plus à l'hôtel de Brissac, c'étoit à l'hôtel de Créqui. Madame la Princesse, à son imitation, en faisoit à l'hôtel de Ventadour. Il y avoit dans Paris des brigues perpétuelles pour ces deux assemblées, à qui s'attireroit plus de gens, c'est-à-dire plus d'hommes; quant aux femmes, le nombre en étoit toujours réglé. Nous n'avions point de plus grand divertissement que lorsqu'il venoit quelqu'un de ceux de l'hôtel de Ventadour, comme MM. de Beaufort, Coligny, Saint-Mesgrin, que je nomme comme les tenants de l'assemblée et les plus galants qui donnoient les comédies et les violons. Quand ils venoient à l'hôtel de Créqui, nous nous donnions le mot l'une à l'autre pour ne les point faire danser.... S'il y avoit quelques grandes assemblées où toutes nos deux bandes fussent mêlées, c'étoient des intrigues inconcevables pour s'empêcher de danser les unes les autres : c'étoient là nos affaires d'État et nos occupations. >>

V

Page 248, no 29. - Si l'on nous assuroit que le motif secret de
l'ambassade des Siamois.... (1687.)

L'ambassade des Siamois dont il s'agit est certainement celle qui était arrivée en France à la fin de 1686, et à laquelle la Bruyère a déjà fait allusion (voyez ci-dessus, p. 88, no 22). Suivant les clefs imprimées cependant (s'il n'y a pas de faute d'impression dans le dernier chiffre de l'année qu'elles indiquent), il serait question de

l'ambassade envoyée en « 1680; » mais celle qui partit de Siam vers cette époque périt en mer: on apprit sa perte à Versailles, en 1684, par le récit de Siamois qui vinrent à la cour et furent reçus par les ministres. Cette première ambassade siamoise eut toutefois pour résultat l'envoi dans le royaume de Siam d'une ambassade française, qui avait pour mission d'obtenir la conversion du Roi au catholicisme. Le chevalier de Chaumont en était le chef; et l'abbé de Choisy était « son coadjuteur, » comme le disait Louis XIV 1. Voyez sur la réponse que l'on prêtait au roi de Siam, recevant l'ambassade de Louis XIV, la Correspondance de Madame, duchesse d'Orléans, tome I P. 94.

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1. Mémoires de Choisy, collection Petitot, tome LXIII, P. 321.

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APPENDICE AUX CARACTÈRES OU MOEURS DE CE

CLEFS ET COMMENTAIRES..

SIÈCLE.

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