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n étant de répondre par un Ouvrage d'efprit juftificatif, » à un autre Ouvrage qui avoit critiqué le fien, mais fans y mêler les perfonnes; Que quand vous auriez » dit pis que pendre de lui, il étoit trop jufte & trop » honnête homme, pour ne vous pas toujours eftimer; & par conféquent pour en dire quelque chofe qui » pût vous déplaire: Que les chofes d'efprit que vous aviez faites, fans compter vos autres faits, étoient dignes de l'eftime de tout le monde, & dureroient » même à la postérité. . . Là-deffus il me montra » une piece manufcrite que Liniere avoit faite contre fon Epitre, dans laquelle, après avoir dit cent chofes » offenfantes, il ajoute que M. de Buffi en dit bien » d'autres plus fortes, dans une Lettre qu'il a écrite à un de fes amis.... Defpréaux me dit enfuite qu'on » lui avoit dit encore, que dans votre Lettre il y avoit » des chofes un peu contre le Roi, comme, par exemple, fur ce qu'il difoit que le Roi prendroit tant de » Villes qu'il ne le pourroit fuivre, & qu'il l'alloit » attendre aux bords de l'Hellefpont; vous mettiez au » bout, Tarare pon pon..... Il ajouta, en fortant, n qu'il vous feroit un compliment, s'il croyoit que fa » Lettre füt bien reçue, parce qu'il favoit bien qu'il » n'y avoit point d'avances qu'il ne dût faire pour mé» riter l'honneur de vos bonnes graces.

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M. Defpréaux écrivit en effet lui-même, le 25 du mois de Mai fuivant, au Comte de Buffi, la (7) Lettre que voici.

REMARQUES.

(7) M. Broffette dit, que cette Lettre de M. Def préaux parut en 1709, dans la premiere partie des Nou velles Lettres du Comte de Bufi, in 12, p. 288, avec quelques changements que l'on avoit faits dans le tour & dans les paroles. Il ne falloit point imprimer cette Lettre parmi celles du Comte de Buffi, ou bien il la falloit donner telle que l'Auteur_l'avoit écrite. Au reste, les Nouvelles Lettres de M. de Buffi, dont on vient de

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Monfieur, j'avoue que j'ai été inquiet du bruit qui a couru, que vous aviez écrit une Lettre, par laquelle vous me déchiriez moi & l'Epitre que j'ai " écrite au Roi fur la Campagne de Hollande; car outre le jufie chagrin que j'avois de me voir mal» traiter par l'homme du monde que j'eftime & que j'admire le plus, j'avois de la peine à digérer le "plaifir que cela alloit faire à mes ennemis. Je n'en "ai pourtant jamais été bien perfuadé. Et le moyen » de penfer que l'homme de la Cour qui a le plus d'ef prit, pût entrer dans les intérêts de l'Abbé Cotin, » & fe réfoudre à avoir raison même avec lui! La » Lettre que vous avez écrite à M. le Comte de Limoges, a achevé de me défabufer, & je vois bien » que tout ce bruit n'a été qu'un artifice très-ridicule » de mes très-ridicules ennemis. Mais quelque mauvais » deffein qu'ils aient contre moi, je leur en ai de l'obli»gation, puifque c'est ce qui m'a attiré les paroles obli» geantes que vous avez écrites fur mon fujet. Je vous "fupplie de croire que je fens cet honneur comme je dois, & que je fuis, &c. «

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Le du même mois de Mai le Comte de Buffi 30 fit, de Chazeu, cette (8) Réponse à notre Poëte. "Je ne faurois affez dignement répondre à votre Lettre, Monfieur. Elle eft fi pleine d'honnêtetés &

REMARQUES.

parler, ont été inférées dans l'Edition que l'on fit à Amfterdam en 1715, de toutes les Lettres de ce Comte, dans laquelle on les a toutes rangées par ordre chronologique. Celle de M. Defpréaux eftà la page 383 du Tome II. DE ST. MARC.

(8) M. Broffette disoit en 1717, que cette Réponse du Comte de Buffi à M. Defpréaux, n'avoit pas été imprimée. Il fe trompoit. On la trouve à la page, 385 du 11. Tome de l'Edition des Lettres du Comte de Busi de laquelle on vient de parler. Du MONTEIL.

a

nde louanges, que j'en fuis confus. Je vous dirai » feulement, que je n'ai rien vu de votre façon, que »je n'aie trouvé très-beau & très-naturel, & que j'ai » remarqué dans vos Ouvrages un air d'honnête hom» me que j'ai encore eftimé plus que tout le refte. » C'est ce qui m'a fait fouhaiter d'avoir commerce avec » vous ; & puifque l'occafion s'en préfente aujourd'hui, »je vous en demande la continuation, & votre ami»tié, vous affurant de la mienne. Pour mon eftime, » vous n'en devez pas douter, puifque vos ennemis » mêmes vous l'accordent dans leur cœur, s'ils ne font » pas les plus fottes gens du monde «.

ÉPITRE IV.

AURO I.

EN vain, pour Te louer, ma Mufe toujours prête,

Vingt fois de la Hollande a tenté la conquête : Ce Païs, où cent murs n'ont pû Te résister, GRAND ROI, n'eft pas en Vers fi facile à domter. 5 Des Villes, que Tu prends, les noms durs & barbares N'offrent de toutes parts que fyllabes bizarres; Et l'oreille effrayée, il faut depuis l'Iffel,

REMARQUES.

CHANG. Vers 7. Et l'oreille effrayée, il faut depuis l'Iffel. ] Dans les premieres Editions, il y avoit

Pour trouver un beau mot, des rives de l'Ifel,
Il faut toujours bronchant, courir jusqu'au Tessel.

L'Auteur mit enfuite ainfi dans l'Edition de 1588:

Pour trouver un beau mot, il faut depuis l'Ifel,
Sans pouvoir s'arrêter, courir jufqu'au Teffel.

Mais n'en étant pas content, il tourna ces deux Vers de cette maniere dans l'Edition qu'on fit de toutes fes Œuvres en 1674, in-quarto & in-douze :

On a beau s'exciter : il faut depuis l'Iffel,
Pour trouver un beau mot, &c.

Ce fut enfin dans l'Edition de 1701, que ces Vers parurent comme ils font ici.

Ibid. Il faut depuis l'Ijel.] Riviere des PaïsBas, qui fe jette dans le Zuider-zée, ou la Mer du Sud. Cette Riviere reçoit les eaux du Rhin par un

Pour trouver un beau mot, courir jufqu'au Teffel. Oui, par-tout de fon nom chaque Place munie, 10 Tient bon contre le Vers, en détruit l'harmonie. Et qui peut, sans frémir, aborder Woërden? Quel Vers ne tomberoit au feul nom de Heufden ? Quelle Mufe à rimer en tous lieux difpofée, Oferoit approcher des bords de Zuiderzće? Comment en Vers heureux affiéger Doësbourg, REMARQUES.

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canal qui fut tiré depuis Arnheim jufqu'à Doësbourg, par Drufus, Pere de l'Empereur Claude & de Germanicus, Le Prince d'Orange, qui commandoit les Troupes des Hollandois, abandonna l'Ifel, le 13 de Juin 1672.

VERS 8.

Courir jufqu'au Teffel. ] Ifle de la Hollande, dans l'Océan Germanique, à l'entrée du Golphe nommé le Zuider-zée.

VERS II.

Aborder Woerden. ] Ville de la Pro

vince de Hollande, fituée fur le Rhin.

CHANG. Vers 12.
Au feul nom de Houfden. ]
Dans les premieres Editions on lifoit, Narden.
Ibid.
Au feul nom de Heusden. ] Autre Ville

de la même Province, près de la Meuse.

VERS 14.

Des bords du Zuiderzée.] Le Zuiderzée eft un grand Golphe entre les Provinces de Frife, d'Over-Iffel, de Gueldre, & de Hollande. Anciennement c'étoit un Lac & des Marais, formés par la branche Septentrionale du Rhin jointe à l'Iffel; & les anciens Géographes le nommoient Flevus, ou Flevilacus. Les eaux de la Mer ont dans la fuite couvert & inondé tous ces marais, & il s'en eft formé le Zuider-zée, Mare Auftrinum, Sinus Auftrinus. En Flamand, Zuid, fignifie le Sud; & Zée, la Mer.

VERS 15. Afeger Doësbourg. ] Les Hollandois prononcent Dousbourg. Doësbourg,en Latin Drufiburgum, eft une Ville du Comté de Zutphen, fituée à l'endroit où les eaux du Rhin fe joignent à l'Iffel, par le canal de Drufus. Cette Ville fut prife le 22 de Juin 1672, par MONSIEUR, Frere du Roi.

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