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ploitation et le trafic des richesses naturelles de l'île. M. Lambert offrait de transmettre ses droits au gouvernement français. Napoléon accueillit favorablement ce nouveau point de vue, mais il voulut que les avantages offerts au gouvernement fussent délégués à une Compagnie commerciale, et que l'Angleterre fût conviée à y participer, afin de prévenir toutes jalousies. Le baron de Richemont, sénateur, fut nommé gouverneur de la Compagnie et donna tous ses soins à l'organisation la plus susceptible de faire réussir l'entreprise.

Tout semblait marcher à souhait vers l'accomplissement de la plus pacifique conquête qui se fit jamais. La commission partit sous la direction de M. Dupré, capitaine de vaisseau, et alla s'embarquer à Suez, où l'attendait un navire. Mais avant qu'elle fût arrivée à destination, les choses avaient changé de face. Le vieux parti hova s'était ému à la perspective d'un changement de mœurs nécessité par la nouvelle révolution. Quitter les habitudes de paresse, de fraude et de rapine pour les exigences laborieuses et courtoises de la vie civilisée, parut bien dur à ces noirs épicuriens. Ils furent entretenus dans cette répugnance par les missionnaires méthodistes anglais, qui, non contents de voir leur nation appelée à partager les avantages concédés à notre pays, préférèrent faire échouer toute l'entreprise en haine de la France. Le malheureux Radama, trop confiant dans le bien qu'il voulait accomplir et dans l'illusion que produisait sur lui le prestige de la civilisation, périt victime de ses espérances. Une révolution de palais, tramée dans l'ombre, éclata soudain et l'anéantit comme par un coup de foudre. Sa veuve, qui n'avait pas été étrangère au complot, lui succéda. De concert avec les conjurés, parmi lesquels elle choisit son premier ministre, elle remit les choses en l'état du règne barbare de Ranavolo,

et rétablit la prohibition d'exporter les produits naturels ou agricoles, mesure favorite de la paresse, toujours jalouse de jouir à bon marché de denrées négligemment obtenues, et ne voulant ni produire, ni payer des objets plus perfectionnés, fruit d'un travail sérieux.

La révolution était faite lorsqu'arriva le navire avec les membres de la commission. Les instructions dont était porteur le commandant Dupré n'avaient pas prévu un revirement si étrange. Il s'abstint devant la responsabilité qui lui était créée par les faits et se retira faute d'ordre pour agir et pour imposer par la force l'exécution du traité. Et cependant tout porte à croire que s'il eût hissé son pavillon, il aurait eu facilement raison de ce pouvoir élevé par des conspirateurs et peu assuré de la sympathie de la double nation de Madagascar. Le roi Radama avait joui de l'estime et de la confiance d'une partie de ses sujets hovas; quant aux Malgaches opprimés, ils avaient entrevu une délivrance dans l'impulsion nouvelle que le roi avait donnée à la marche des choses vers le sens libéral de l'Europe. Le nom de la France leur est traditionnellement cher, en raison des anciennes relations avec nos colonies de la mer des Indes, en raison aussi, qui le croirait? du souvenir de l'aventurier polonais Béniowski, qui, dans le moment du partage de sa patrie, fut capturé par les Russes et enfermé dans une forteresse du Kamtschaska, d'où il s'évada, et vint aborder à Madagascar. Il s'y mit en relation avec les établissements français et aussi avec les naturels du pays. Il parvint à s'y créer, du consentement de tous, une royauté qui dura dix ans. Les Malgaches, qui ne connaissent pas la Pologne, virent dans Béniowski un Français, et son souvenir protége encore notre nom à Madagascar.

La mort de Radama éteignit les espérances de commerce

et de civilisation qui se rattachaient au traité signé par le malheureux prince. On ne trouva plus que mauvais vouloir et hostilité dans ses perfides successeurs. Cependant le traité existait, et avant de consentir à son annulation, le gouvernement français exigea le remboursement des frais faits par la Compagnie en vue des moyens d'exécution. Une somme de 900,000 fr. fut payée, non sans délais et retours évasifs. La Compagnie est ainsi restée indemne des avances qu'elle avait faites.

Cependant quelques membres de la commission, profitant des longs délais employés à régler l'indemnité, ont exploré l'île et ses ressources. M. l'ingénieur Coignet a reconnu la richesse du terroir généralement volcanique et celle de la végétation dans les forêts où se trouvent les arbres les plus précieux pour la charpenterie, l'ébénisterie et tous les arts; le riz, la canne à sucre, le café et toutes les épices, viennent sur cette terre presque sans culture. Les plantes tinctoriales y abondent. De son côté, M. l'ingénieur Guillemin a reconnu d'immenses gisements de houille, dont les échantillons, apportés à Paris, ont été éprouvés avec succès à l'école des mines.

En résumé, cette vaste contrée offre de grandes richesses minérales et végétales; elle est habitée par les Malgaches, peuple d'un caractère doux mais apathique, et par les Hovas, race perfide et cruelle qui, malgré son petit nombre, domine l'autre. Les premiers verraient sans regret l'influence française substituée à la domination si dure des Hovas, et parmi ceux-ci même, la civilisation et ses avantages ne manquent pas de partisans. Si Radama s'est trop avancé, s'il a trop hâté la transition, il y a lieu de penser néanmoins que son élan n'était pas isolé et qu'il était le signe d'une aspiration dont les sympathies reparaîtront tôt ou tard. C'est le propre des tentatives prématurées de

laisser après elles des germes que les événements ultérieurs développent. Espérons donc que les aspirations de Radama II, que les jalons posés par la charte Lambert et par l'organisation de la Compagnie, revivront un jour et rencontreront leurs moyens d'exécution. Sera-ce au profit de la France en particulier; il serait téméraire de l'affirmer. Mais ce sera au profit de Madagascar et de la civilisation.

SUBSTITUTION

DE

LA FORCE CENTRIFUGE

AU PRESSURAGE DU VIN ET DU CIDRE

PROCÉDÉ DE M. LEDUC,

ancien élève de l'Ecole centrale, filateur à Nantes.

EXPOSÉ DU PROCÉDÉ

PAR LE DOCTEUR ANIZON.

Si l'on observe attentivement la marche progressive du XIXe siècle, on se sent ému d'une sincère et légitime admiration.

Que de succès, que de conquêtes, sous le rapport industriel surtout !

La chimie que notre époque peut revendiquer comme sienne, tant elle lui a profondément imprimé son cachet, a pu, grâce aux remarquables travaux des GAY-Lussac, des THÉNARD, des DUMAS, des PAYEN, des CHEVREUL, des PELOUZE, des BALARD, des H. SAINTE-CLAIRE-DEVILLE, et de tant d'autres savants illustres, donner aux arts industriels une haute et féconde impulsion.

La physique, elle aussi, est venue leur apporter son puissant concours par des applications nouvelles et variées

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