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SUBDÉLÉGATION DE CLISSON.

Clisson est une petite ville limitrophe du Poitou, située sur la rivière de la Sèvre nantaise, qui a communauté et le droit d'envoyer aux Etats; il y a une église collégiale ou chapitre.

La subdélégation est composée de quinze paroisses, qui occupent 19,850 arpens de terre, dont 9,000 sont labourables, bons et médiocres, qui produisent des fromens, seigles, orges, avoines et blé noir; 10,850 sont incultes en rochers, argiles, landes et fougères. Il serait facile, comme il a déjà été remarqué en particuliers endroits, de mettre les terres en landes et argileuses en culture, en défrichant et faisant des fossés pour tirer les eaux. La ville de Clisson et la paroisse de SaintColombin, par rapport à leur étendue, sont très-peu peuplées : on l'attribue à la mauvaise qualité de leurs terres, qui sont presque toutes en friche. Les autres paroisses le sont passablement. Toutes les quinze renferment 3,647 feux, qui font 18,235 personnes. La récolte n'est jamais suffisante pour la subsistance du pays. Il y a des paroisses où on ne recueille des blés que pour deux, trois, quatre, cinq et six mois de l'année. Les habitants tirent leurs blés de l'Anjou, du Poitou et de Nantes.

La principale production des terres est en vins, qui ne sont pas de bonne qualité. La plus grande partie est convertie en eau-de-vie, qui se vend à Nantes.

Le septier de froment, mesure de Paris, vaut actuellement 16 livres ; - le seigle, 13; l'orge, 10; l'avoine, 6; le blé noir, 7 livres 10 sols.

BESTIAUX.

On y entretient 230 tant chevaux que jumens, de 20 à 30 livres ; 542 bœufs, de 100 à 134 livres la paire ; 310 vaches, de 15 à 20 livres

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230 moutons et brebis, de 2 à 3 livres.

Il n'y a point de cochons que ceux que les habitans tuent dans leurs maisons.

Il se tient 8 foires, toutes bonnes pour les bestiaux qu'on y amène

non-seulement du pays, mais encore du Poitou, qui sont achetés par des marchands de Paris, de Normandie et de la Basse-Bretagne.

MOEURS, INDUSTRIE ET COMMERCE. Les habitans sont assez laborieux, peu industrieux, se bornant aux terres qu'ils cultivent, sans se porter à faire aucun progrès; ils se donnent beaucoup au vin.

Le principal commerce est sur les étoffes de laine et moitié fil, de toile, coutil, amidon, cuir tanné et eau-de-vie.

Il s'y fabrique des étoffes, moitié laine et moitié fil, nommées berluches ou berlinges, et de laine appelées serges, des toiles nommées Clisson, et des coutils.

Ces fabrications occupent mille personnes, savoir: 300 dans Clisson, et 700 dans la subdélégation.

Les ouvriers sont payés suivant la qualité de l'ouvrage; on donne 15 sols par aune de toile fine de deux tiers de laize, autant sur les fins coutils; à proportion sur les toiles inférieures.

Il se prend quelques laines et fils aux marchés de Clisson; d'autres l'achètent à Montaigu, Vieillevigne, et autres lieux du Poitou; mais la meilleure partie se tire de Nantes. Les fileurs et fileuses de laine gagnent 4 à 5 sols par jour; ceux qui travaillent au métier et à peigner la laine et la filasse, peuvent gagner 10 sols. Ces deux manufactures peuvent produire, année commune, 500,000 livres.

Il y a une manufacture de cuir tanné, composée de quatorze tanneries, qui occupent 168 ouvriers, à 8 sols par jour. Elle peut produire 3 à 400,000 livres. Le débouché des cuirs est à Nantes. Les matières premières se prennent pour la plus grande partie dans la province, et ne payent aucun droit; on emploie aussi des peaux d'Irlande.

Il s'y trouve encore une petite manufacture d'amidon; on tire les fromens d'Anjou. Dans la paroisse de Cugand, située dans la Marche commune de Poitou et de Bretagne, à un quart de lieue de Clisson, il y a six moulins à papier, qui occupent 30 à 40 personnes, à 8 sols par jour. Le papier n'est pas de bonne qualité, et se débite à Nantes et en Poitou, sous le nom de papier de Clisson. Le produit, année commune, peut être de 20 à 25,000 livres.

Les habitans de Clisson assurent qu'il y a dix à douze ans, il fut fait un projet, agréé au Conseil, de rendre la rivière de Sèvre navigable depuis Clisson jusqu'à Nantes. S'il avait son exécution, le commerce augmenterait considérablement, il s'établirait de nouvelles manufactures. Il ne s'agirait que de construire six écluses sur six chaussées qui s'y trouvent. Il n'y a que cinq lieues de Clisson à Nantes, mais les chemins

sont très-difficiles; ce qui rend les voitures chères, augmente le prix des étoffes et retarde le débit.

(Mémoire sur la Bretagne, mst. in-fol. Cet ouvrage dressé, sur la demande du contrôleur général, par un auteur qui ne s'est pas nommé, peut former cent pages d'impression gr. in-8°. Il est question, à l'art. NANTES, de l'évêque Turpin-Crissé de Sanzay, qui a siégé de 1723 à 1746. On y désigne aussi le maréchal d'Estrées, qui mourut en 1737, comme gouverneur de Nantes. Ainsi, c'est de 1723 à 1737 que ce Mémoire fut rédigé.)

TOPOGRAPHIE

DB

LA VILLE DE CLISSON

ET DES COMMUNES ENVIRONNANTES

Par le D' MICHEL DUBOUEIX.

Le pays dont je me propose de donner la topographie statistique et médicale, suivant les vues de la Société royale de médecine, comprend une étendue de 25 à 30 lieues de circonférence, ayant au sud la province de Poitou, l'Anjou à l'est, Nantes et la Loire au nord et au nord-ouest, la baie de Bourgneuf, dans l'Océan, à l'ouest, à 8 ou 9 lieues de Clisson.

Vingt-cinq paroisses, dont je détaillerai séparément les différences relatives à la position, au sol, aux productions, etc., forment cet arrondissement, dont la ville de Clisson est le centre et comme le chef-lieu.

Quoique la terre végétale y offre quelques variétés, qui dépendent de l'exposition, de la sécheresse ou de l'humidité du local, de la différente épaisseur des couches de terre labourable, de sa ténacité ou de sa légèreté, de l'industrie et de l'activité des habitants, etc., on peut dire, en général, que l'aspect du paysage, la nature du sol, les productions animales, végétales et minérales y sont partout à peu près les mêmes.

Partout, si ce n'est dans deux ou trois paroisses que

j'aurai soin de spécifier, le terrain est coupé de rivières, de ruisseaux, de collines plus ou moins élevées, hérissées de grosses roches rassemblées en groupes qui semblent se dénuder et s'accroître de plus en plus par l'action des eaux pluviales et des torrents.

Partout ce pays est fertile en productions qui lui sont propres, et répond abondamment aux soins des cultivateurs qui, dans plusieurs cantons, sont aussi intelligents que laborieux.

Quoique vraisemblablement la mer ait autrefois enveloppé ce pays, comme le reste du globe, ce qu'il y a de très-singulier ici, c'est qu'elle n'y a laissé aucune trace sensible de sa présence. On n'y trouve ni pétrifications, ni coquillages, ni terres ou pierres calcaires; on n'en a jamais découvert de vestiges quelconques. On n'y rencontre pas plus de matières volcaniques, ni aucune marque d'anciennes éruptions de cette espèce.

Quant à la salubrité de la position de ces diverses paroisses, la différence étant très-considérable, j'aurai soin d'en faire mention dans les détails que j'en donnerai.

Je débuterai par la topographie de Clisson et de son territoire, partant de ce lieu, comme centre commun, pour décrire les paroisses circonvoisines, dans l'ordre des aires de vents.

CLISSON, petite ville du comté nantais, sur les frontières de la Bretagne, du Poitou et de l'Anjou, à 5 lieues 1/2 sud-est de Nantes, située par les 47 degrés latitude septentrionale, 16 degrés 20 longitude, est bâtie en amphithéâtre sur deux collines en regard nord-est et sud-ouest.

Ce qu'on trouve de plus ancien sur cette ville est que Gislard, évêque de Nantes, fut forcé, l'an 855 de notre ère, de se retirer à Guérande et de céder à Actard son évêché, avec les doyennés de Glisson et de Retz.

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