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KF 2067

1878. Oct. 4,

Pry exchange of Implicates.

DE L'APPROPRIATION

DES

PARTIES ORGANIQUES ET DE L'ORGANISME

A L'ACCOMPLISSEMENT D'ACTIONS DÉTERMINÉES

DEUXIÈME ARTICLE

IV

La physiologie démontre que le germe n'est pas le tout en puissance.

Des diverses hypothèses émises sur la manière dont les parties se disposent en un tout dans chaque organisme à l'accomplissement d'actions déterminées, la première qui doive être examinée est certainement celle d'après laquelle le germe contiendrait le tout en puissance. Qui dit le germe indique le vitellus, la membrane qui l'enveloppe ne prenant aucune part à la formation du nouvel être. Qui dit le vitellus, désigne aussi la partie qui lui correspond dans le sac embryonnaire des plantes phanérogames et dans les diverses variétés des spores des cryptogames. Comme l'individualisation de ce vitellus en éléments anatomiques figurés ou cellules amène la production successive d'autres éléments qui conduit à la constitution du tout, constitution qui s'accomplit de la même manière dans tous les animaux mammifères, il est logiquement permis de prendre pour exemple l'un de ces êtres ou l'homme, à titre égal. Qui dit le tout, dit naturellement avec Cuvier : tous les phénomènes qu'il doit manifester et développer pendant la durée de sa vie, et non point seulement le tout inerte, attendu que ce tout sans activité n'existe pas comme substance organisée.

C'est, en effet, par une vue abstraite en opposition avec la réalité, 1 Voir le numéro de juin.

que certains métaphysiciens supposent que ce qui n'est que matière n'est pas et ne peut pas être actif par soi-même, n'est pas doué d'activité immanente, fût-ce même d'activité mécanique, physique ou chimique quand il s'agit de la matière non organisée. C'est aussi le vague de leurs connaissances sur l'état d'organisation et sur les propriétés des éléments anatomiques qui fait que tous omettent de prendre en considération, que les propriétés d'ordre organique ou vital sont consubstantielles à ces éléments tant que persiste cet état. Méconnaissant par suite la corrélation de cet état et des modes d'activité qui lui correspondent, ils en sont au point de dire que, par ce fait seul, que ce qui est organisé est matière, celle-ci ne saurait être active tant que n'est pas avec elle quelqu'autre chose, ce par quoi elle est et devient.

L'influence qu'exerce sur notre manière de raisonner ce que nous ignorons encore, est telle, que ceux qui ne sont pas familiers avec certaines branches de la physiologie, comme l'embryogénie par exemple, retombent inévitablement dans une illusion du genre de la précédente. Naturellement, ils ne peuvent saisir comment par le fait même des manifestations successives des propriétés des premières parties apparues, apparaissent les secondes et ainsi des autres dans un ordre nécessaire. Dès lors intervient l'hypothèse d'une idée directrice de cette évolution vitale, déjà combattue par Bonnet. Mais qu'est-ce que cette idée, sinon le quelqu'autre chose des métaphysiciens par quoi la matière organisée est et devient? Et ce quelque chose peut siéger dans l'élément anatomique luimême, végétal ou animal, comme le pensent ceux qui attribuent un certain degré de sensibilité ou de sentiment à toutes les parties des plantes et des animaux. Dans l'hypothèse qui leur assigne une âme parfaitement une en essence, multiple seulement dans ses manifestations et vivifiant les parties même les plus reculées et les plus infimes du corps (Thomas d'Acquin), ce quelque chose pourrait, au contraire, suivant d'autres, siéger hors de l'élément, au moins temporairement, comme dans l'hypothèse des animistes qui cherchent la solution du mystique problème des modes d'union de l'âme avec le corps.

Mais revenons à l'examen de ce que vaut devant les données de l'embryogénie l'hypothèse d'après laquelle on admet avec Ch. Bonnet, que l'ovule renferme déjà l'organisme, sinon en fait, au moins en puissance; que le vitellus de l'ovule de la femme, par exemple,

est déjà un organisme vivant et humain, un composé de matières et de mouvements physico-chimiques élevés à la dignité d'homme; qu'il a été organisé pour un but prédéterminé, pour une fin, savoir pour vivre, se développer, penser et vouloir; qu'il n'est pas un début; qu'il possède déjà réellement l'empreinte originelle de l'espèce, de la forme du corps humain, avec la faculté de penser et de vouloir librement.

Ces formules, familières à divers métaphysiciens, sont d'autant plus importantes à rappeler, qu'elles sont adoptées et reproduites par beaucoup de médecins, restés involontairement ou systématiquement étrangers aux connaissances biologiques proprement dites. Elles expriment de la manière la plus nette à quel point l'embryogénie est encore embarrassée par des restes de la doctrine des causes finales, qui a si longtemps entravé les progrès des autres divisions de la physiologie. Mais elles ne tiennent pas un instant contre le principe des conditions d'existence, c'est-à-dire devant l'examen du mode d'accomplissement des phénomènes évolutifs ; et l'on se rend compte difficilement qu'il y ait encore des auteurs qui en soient à un tel degré d'oubli de l'état actuel de la science, qu'ils osent écrire aujourd'hui comme il y a un siècle, que le germe, même pris dans le sens d'ovule fécondé, n'est pas un début, mais une disposition en forme voulue et définie d'un travail d'organisation très-avancé. Aussi, n'est-ce qu'en faisant systématiquement abstraction des données les plus élémentaires de la science, que non-seulement des lettrés, mais encore des médecins, parviennent à donner quelque apparence de fondement à leurs argumentations absolues, en faveur de pareilles vues de l'esprit; et par là ils se croient autorisés à considérer comme entachées du matérialisme le plus dégradant, les inductions des biologistes qui considèrent que les progrès des sciences, même les plus simples, nous obligent à reconstituer chaque jour quelqu'une des vues synthétiques qui découlent de l'observation, puis à distinguer là de plus en plus ce qui est de ce qui a été dit.

N'oublions pas surtout que, dans cet ordre de faits, nul n'est libre de considérer l'homme à l'exclusion de tel ou tel autre être. Dans les questions qui touchent à la nutrition, au développement, à la génération, les données élémentaires se retrouvent dans tous les êtres, même végétaux, avec un fond commun de similitude qui donne une extrême importance à leur étude et une grande portée aux vues générales qui en découlent.

Remarquons en outre que l'hypothèse métaphysique n'est pas pleinement applicable aux êtres nombreux qui dérivent d'une gemme ou d'un bourgeon produit par leurs antécédents; bourgeon qui, dès son origine, aussi bien sur les plantes que sur les animaux, est d'une constitution plus complexe que celle de l'ovule; car il est formé d'un groupe d'éléments du tissu cellulaire de ces divers organismes. C'est ensuite au sein de ces éléments qu'on voit naître ceux qui sont autres que ces parties élémentaires communes et impriment au nouvel être son individualité, c'est-à-dire la possibilité d'une vie indépendante; qui lui donnent, en d'autres termes, la possibilité d'établir avec le milieu ambiant des relations purement nutritives et reproductrices dans le cas des plantes, et des relations locomotrices, dans le cas des animaux. Quant aux ovules, ils naissent dans les plantes et dans les animaux d'une manière analogue à ce que présentent plusieurs des espèces d'éléments anatomiques qui ont forme de cellule, les épitheliums exceptés. Chez les vertébrés en particulier, et l'homme ici ne fait aucune exception, ils naissent peu après l'apparition des ovaires eux-mêmes, comme font dans les autres organes les éléments anatomiques caractéristiques et fondamentaux de leur tissu. Il s'en produit infiniment plus qu'il ne s'en détache de l'ovaire pendant la durée de la vie; beaucoup, pendant le cours de l'existence, tombent et se détruisent faute d'avoir rencontré, dans leur migration naturelle, les conditions voulues pour la fécondation, ou même, après les avoir rencontrées, par suite d'accidents les plus divers. Chez tous ceux de ces êtres qui meurent de vieillesse, on voit les ovules nombreux qui n'ont pas participé à cette évolution et qui restent dans l'ovaire s'atrophiant jusqu'à disparition complète, au même titre que d'autres éléments de l'ovaire, et cela toujours en bien plus grand nombre chez divers êtres qu'il ne s'en est détaché, et surtout qu'il ne s'en est trouvé de fécondés. Sous ces divers rapports, plus encore chez l'homme que sur les autres êtres, les ovules ne se comportent pas autrement que ne le font les épitheliums qui les accompagnent, ou ceux de la plupart des muqueuses. Ils ne jouissent, à ces divers égards, d'aucune faveur spéciale qui doive les conduire plus sûrement que les autres à une fin déterminée, et ils sont soumis à toutes les chances de destruction que présentent la plupart des éléments, comme à toutes les conditions habituelles d'existence de ceux-ci. Jusque-là il est manifestement impossible

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