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attachés à la même chaîne deux êtres qui s'abhorrent, le plus fort ou le plus adroit des deux tuera l'autre.

F.-V. RASPAIL.

Histoire naturelle de la maladie et de la santé, page 353, tome II, 1845.

Les héros ressemblent toujours par un coin aux voleurs de nuit ils vont droit au coffre-fort.

(5 novembre 1757. Les Délices.)

VOLTAIRE.

Le conquérant fait consister sa gloire à brûler des maisons, tuer des hommes, ou tout au moins à leur fouiller dans les poches pour en tirer ce qu'on appelle tribut, impôt, emprunt, don volontaire, etc..., et l'historiographe met la sienne à enregistrer le tout dans les annales de la patrie, avec autant de pages d'éloges qu'il y aura de provinces ruinées. Pendant ce temps, let bourreau rougit le fer pour marquer à l'épaule le particulier qui aura fait la même chose sur la grand route.

BOUCHER DE Perthes..

Guerre et conquête.

Le brigandage à la tête d'une armée.

(La grandeur du crime est la seule différence qu'il y ait entre un

conquérant et un brigand.)

MARAT (1774).

O douleur, ô honte, de voir des humains nos frères en venir aux mains avec leur propre espèce, comme des bêtes de sang, pour s'égorger entre eux, armés par un homme qui reste par derrière, à l'écart, et rit!

(Laon et Cythna).

SHELLEY.

Sous prétexte de liberté et de progrès, la société avait encore découvert le moyen d'aggraver la misérable condition de l'homme, en l'arrachant à son chez lui, en l'affublant d'un costume ridicule, en lui distribuant des armes particulières, en l'abrutissant sous un esclavage identique à celui dont on avait jadis affranchi, par compassion, les nègres, et tout cela pour le mettre à même. d'assassiner son prochain, sans risquer l'échafaud, comme les ordinaires meurtriers qui opèrent seuls, sans uniformes, avec des armes moins bruyantes et moins rapides.

(A Rebours, page 224.)

J.-K. HUYSMANS.

Voici un régiment de Turcos qui charge à la baïonnette: au point de vue psychique, ils n'ont plus d'âme et ne sont qu'un troupeau de buffles. Les gens qui s'étonnent en lisant : « Les cuirassiers se sont élancés comme des héros : » sont des imbéciles; outre qu'ils ne pouvaient pas reculer de peur des conseils de guerre, une fois l'élan pris, ils passaient au rang de fauves et mouraient à l'état de mammifères, non pas à celui d'être humain.

Le héros véritable, c'est celui dont la mort couronne une idée, non pas le butor à qui un pays a dit : « la consigne est de mourir pour favoriser la vente des bonnets de coton, chez un peuple lointain.

(Extrait de l'Initiation Sentimentale de Joseph PÉLADAN.)

Lord Wolseley dit en parlant du soldat : « Il doit croire que les devoirs de son état sont les plus nobles qui puissent échoir en partage à un homme. Il doit apprendre à mépriser tous les devoirs de la vie civile. » Ce sentiment n'est pas circonscrit aux devoirs d'un soldat défendant sa patrie, devoirs que, de nos jours, il n'a jamais à remplir, mais s'étend aux devoirs du soldat envahisseur des pays étrangers et surtout des nations plus faibles. Le penchant agressif transforme la bassesse en grandeur d'âme. Lorsque l'épopée hindoue nous montre le dieu Indra vainqueur d'une femme, nous sommes étonnés de voir le poète louer une victoire qui nous paraît si lâche. Lorsque, sur les murs de Karnak, nous voyons Ramsès sous la forme d'un géant qui tient par les cheveux une demi-douzaine de nains et qui coupe toutes leur têtes d'un seul coup de son épée, nous trouvons étrange qu'il ait songé à faire glorifier par la peinture un triomphe aussi aisé du fort sur le faible. Mais nous, avec nos armes de précision, nos obus, nos fusées de guerre, notre canon à longue portée, venons-nous à battre des peuples presque désarmés, victoire aussi facile que celle d'un homme sur un enfant, tous nos journaux applaudissent, on comble les chefs de l'expédition de titres et de récompenses! On déclare << nobles » les devoirs du soldat accomplis de la sorte; comparés avec eux, ceux que doit remplir un paisible citoyen sont déclarés méprisables!

HERBERT SPENCER.

(La Morale des différents peuples, pages 65-66; 1 vol., 7 fr. 50, chez Guillaumin, rue de Richelieu.)

C'est donc là votre chemin vers l'immortalité! Détruire les cités, dévaster les territoires, exterminer les peuples libres ou les asservir. Plus ils ont ruiné, pillé, tué d'hommes, plus ils se croient nobles et illustres: ils parent leurs crimes du nom de vertu. Celui qui donne la mort à une seule personne est flétri

comme un criminel. Massacrez des milliers d'hommes, inondez la terre de sang, infectez les fleuves de cadavres, on vous donne une place dans l'Olympe.

LACTANCE.

C'est là néanmoins l'histoire, dépouillée de ses ornements. Voilà les canevas qu'ont brodés les Hérodote et les Thucydide. Pour moi, m'est avis que cet enchaînement de sottises et d'atrocités qu'on appelle l'histoire ne mérite guère l'attention d'un homme sensé. Plutarque, avec

L'air d'homme sage,

Et cette large barbe au milieu du visage,

me fait pitié de nous venir prôner tous ces donneurs de batailles, dont le mérite est d'avoir joint leurs noms aux événements qu'amenait le cours des choses.

(Lettre du 12 sept. 1806.)

P.-L. COURIER.

Pour le Chinois, la guerre est une mauvaise action, un malheur. La gloire militaire n'excite chez eux que le dédain.

Lauriers, triomphes, victoires, couronnes, sont des mots dont il n'est pas question devant les enfants.

Dans les écoles, on leur apprend que la guerre est un désastre, que les combats sont des homicides. Un empereur qui sacrifie des existences dans un combat est un prince sans sagesse et sans justice.

On s'explique facilement comment les Chinois ont été si cruellement pris au dépourvu par les événements de la guerre que leur font les Japonais.

Mais il faut signaler aussi ce point important: chaque fois que les Chinois ont été vaincus, ils ont absorbé leurs vainqueurs au point de les faire disparaître à peu près complètement.

Léon de ROSNY.

Absurdité des Causes de la Guerre

A présent, il y a des personnes si morales, si morales, que la condition humaine bien faiblement retracée par nous ne les satisfait pas. A leur gré, cette condition ne présente pas contre les risques du bonheur toutes les conditions désirables. Un danger existe dont il faut se préoccuper sérieusement. Craignons que la mollesse n'envahisse la vie humaine. C'est pourquoi il est prudent, il est sage de conserver la guerre, fléau précieux d'autant plus qu'il est énorme. Supposez la guerre partie, tout de suite voilà la mollesse qui arrive, et l'existence humaine devient d'une sécurité qui écœure. Soit! mais, Messieurs, que pensez-vous de la peste? Sans doute, comme fléau, la peste ne vaut pas la guerre, et la preuve, c'est que la guerre engendre souvent la peste, qui, elle, je crois, n'a jamais engendré la guerre. Mais, tout de même, la peste n'est pas un fléau à dédaigner. Cultivons donc la peste. Je vous assure qu'elle en vaut la peine. Et puis, c'est une entrée de jeu. Ne voyez-vous pas qu'après la peste d'autres ressources, moindres sans doute, mais encore précieuses, se laissent apercevoir dans la même direction? Par exemple le choléra, et après le choléra... mais je m'arrête. Il me suffit d'indiquer aux moralistes, qui sans doute voudront être logiques, la voie dans laquelle ils trouveront très aisément et en abondance les remèdes propres à prévenir l'état de molle sécurité qu'ils redoutent pour nous avec une inquiétude si obligeante. Quant aux difficultés pratiques, n'en parlons pas, surtout aujourd'hui. N'avons-nous pas tous les procédés qui sont issus de la méthode Pasteur? Ne pouvons-nous pas nous en servir à rebours? Grâce à ces procédés, lâchement on prévient les maladies. On pourrait se les donner par ces mêmes moyens; qu'en pensez-vous?

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