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soins sont immenses, tout est à faire dans un pays où la civilisation ne compte pas encore trois ans d'existence, et où tout est si loin de la vicille Europe. Nous manquons d'écoles, de livres, d'ornemens d'Église, etc. etc. Jugez s'il nous est possible de ne pas implorer le secours de nos amis des nations chrétiennes.

Il n'y a pas encore assez longtems que je suis dans ce pays pour savoir la langue de la Nouvelle-Zélande; elle me semble facile. Les diphtongues sont simples et en petit nombre, et elles ne demandent qu'une seule règle qui n'a pas d'exceptions. Les diphtongues étant l'union de deux voyelles, il faut les prononcer sans hiatus dans les mots où elles se trouvent : comme ai dans pain, ou précisément comme le mot anglais rely. Le premier verset de la Bible, « Au » commencement Dieu créa le ciel et la terre, est rendu de cette sorte dans ce langage te timalanga i hanga lile Alua, te rangi me te whennå.»

Les habitans du pays que j'habite me paraissent bons et simples, incapables de faire du mal. Je fis un jour cadeau à l'un d'eux d'une petite bagatelle dont je croyais qu'il avait besoin, je ne pus lui faire comprendre que je n’attendais rien en retour, et enfin il partit, mais ce fut seulement pour revenir quelques heures plus tard m'apportant du bois à brûler, comme une sorte de reconnaissance de ce qu'il avait reçu de moi. Ne pouvant lui parler dans le moment, je fus obligé de le laisser faire; et il s'en fut content de m'avoir payé..... Ces pauvres gens sont littéralement occupés à couper le bois et à tirer l'eau des Anglais. Mais je suis heureux de voir qu'ils sont d'ailleurs traités par eux avec bonté. Quelques-uns voudraient voir ces peuples obéissans aux lois comme s'ils étaient civilisés depuis des siècles, mais, en général on comprend la nécessité d'user d'indulgence, excepté dans les cas vraiment inexcusables.

Je crains que plusieurs achats de terre n'aient été faits d'une manière équivoque, pour ne rien dire de plus. Mais en définitive le gouvernement défend ces pauvres gens dans leurs droits. Mille'pardons, monsieur, d'abuser de votre patience et de vous ravir un tems précieux; je réclame un souvenir dans vos prières et dans celles de nos bien-aimés frères et sœurs dans la foi.

J'ai l'honneur d'ètre, Monsieur, avec un profond respect et affection dévouée, votre très humble serviteur.

A. P. O'REILLY,

Prêtre catholique.

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Recherches sur les traditions

Sources où l'on peut pui

Coup-d'œil sur les origines italiques. - Sa nécessité.

du système de l'Etat de nature. Origine des Étrusques. diverses. Quelques mots sur leur histoire.

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Plusieurs fois déjà, les Annales ont signalé à leurs lecteurs la tendance générale qui pousse les intelligences vers l'étude de l'antiquité. Mais, aujourd'hui, Athènes et Rome ne suffisent plus à cette passion de connaître qui les dévore; il leur faut, pour se développer, un plus vaste théâtre : c'est l'humanité tout entière et non point seulement deux faibles fractions qu'elles veulent embrasser. Aussi, voyez avec quelle ardeur elles s'élancent par le monde, traversant les mers, s'enfonçant dans les déserts, au milieu des forêts, parmi les tribus errantes, afin de nous révéler l'origine, l'histoire, les croyances, les migrations et les établissemens divers des peuples qui ont laissé sur la terre la trace de leur passage. On remue donc toutes les ruines des deux III SÉRIE. TOME VIII. - N° 46, 1843. 16

mondes; on en retourne toutes les pierres; on fouille au fond des vieilles chroniques qui datent du berceau des premiers hommes. Les théogonies, les cosmogonies, les fables mythologiques, les hymnes, les légendes, les littératures antiques de la Chine, de l'Inde, du Thibet, de la Perse, de l'Arabie, de l'Égypte, de l'Amérique, de l'Océanie, soumises à une étude approfondie, perdent leur mystérieux, et nous dévoilent les pensées des peuples qui nous ont précédés, le sens de leurs pratiques, la tournure de leurs idées, l'esprit de leurs croyances religieuses.

Or, ce travail entrepris pour restaurer l'antiquité et nous révéler les tems primitifs, a produit des résultats immenses que l'on était tout d'abord loin d'attendre. On sait, en effet, qu'au début de leurs recherches, les savans subirent l'influence des préjugés et des haines du 18° siècle; ils se posèrent en ennemis déclarés de nos croyances. Mais peu à peu la vérité a repris ses droits sur les intelligences; on a rougi de sacrifier au mensonge ses convictions et la gloire que lui seul ne donne pas. Si des voix s'élèvent encore pour continuer le travail de l'école voltairienne, elles perdent de jour en jour toute influence; d'autres, plus nombreuses et plus puissantes, renversent leurs erreurs; et, tout en les rappelant sur le terrain de la réalité et de l'histoire, elles apportent à l'appui de nos croyances des preuves fondées sur les faits et les monumens. « C'est au profond savoir des orientalistes, dit M. Balbi, que l'archéologie doit la solution de tant de » problèmes importans relatifs à l'origine et à l'antiquité des alpha» bets et à plusieurs points obscurs de l'histoire des nations les plus » célèbres de l'Asie et de l'Afrique. C'est aux travaux de ces savans >> infatigables que la Religion est redevable de la réfutation de ces sys» tèmes exagérés de chronologie, enfantés par la vanité ou les spécu>> lations sacerdotales des nations de l'Orient, et que certains philo»sophes s'empressaient d'admettre, peut-être parce qu'ils paraissaient >> contraires aux récits de Moïse'. » On sait quelle large part les Annales, depuis treize ans, ont fait à ces travaux; on sait avec quel soin elles ont recueilli toutes les découvertes qui peuvent intéresser

* Balbi, Introduction à l'Atlas etnographique du globe, t. 1, Disc. prelim. p. x.

notre cause et celle de tous les catholiques, nos frères. A l'exemple des enfans de Jacob, elles ont rassemblé ces richesses profanes pour embellir le sanctuaire de l'Éternel. C'est ainsi que les traditions de tous les peuples nous ont montré le premier homme sortant innocent et pur des mains du Créateur, puis, tenté par le démon de l'orgueil, ́entraînant l'humanité dans sa chute; nous avons vu Dieu rompre les sources du grand abîme, ouvrir les cataractes du ciel, et engloutir l'ancien monde dans le déluge comme dans un tombeau ; nous l'avons vu confondre à Babel la langue des descendans de Noé, puis les envoyer par toute la terre afin de répandre sur leur passage la révéla-. tion faite au premier homme. Que l'on se rappelle les articles sur les traditions chinoises, indiennes, américaines, etc., et l'on sera frappé de l'accord admirable qui règne entre le récit biblique et les découvertes modernes. Les études que nous allons publier sur les Étrusques ont aussi pour but de le faire ressortir.

Toutefois, en commençant ce travail, nous sommes loin de nous dissimuler les difficultés qu'il présente la critique, en devenant chaque jour plus éclairée, rend aussi notre tâche plus épineuse. On a beaucoup écrit, il est vrai, sur l'histoire de l'Italie ancienne, sur les monumens, la langue, les institutions et les arts des peuples divers qui ont passé tour à tour sur le sol de cette contrée célèbre. Mais, comme le remarque M. Raoul-Rochette, « on s'est généralement, et même en Italie, beaucoup plus occupé de Rome et de ses citoyens que de l'Italie et de ses habitans. La grandeur de Rome a eu sur l'histoire de ces petits peuples presque la même influence qu'elle exerça jadis sur leurs destinées politiques. Elle les a pour ainsi dire absorbés dans sa propre histoire, comme elle se les était assujétis à titre d'alliés ou de sujets, ou de colons, ou de municipes. Rome avait fini par embrasser l'Italie entière dans l'enceinte d'une seule ville, en étendant, des bords de la mer de Sicile jusqu'au pied des Alpes, le titre et les droits de citoyens romains. Une foule de peuplades, différentes de nom, d'origine et de langage, s'étaient peu à peu fondues en un seul peuple; et l'on s'accoutuma ainsi à les comprendre toutes sous une dénomination commune, ou du moins, à ne plus voir, dans toute l'Italie, que des Romains, et à tout rapporter, dans l'Italie, à la grandeur de Rome.

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Cependant, avant que Rome eût acquis cette dénomination exorbitante et cette étendue démesurée, des peuples puissans, des villes célèbres, des républiques florissantes, avaient couvert la péninsule italique. Les Ombriens, les Étrusques, les Sabins, les Osques, les Samnites, les Bruthiens et les Grecs, y avaient eu longtems une existence prospère et une histoire indépendante. Plusieurs de ces peuples avaient lutté avec plus de courage que de succès, et avec une persévérance digne d'une meilleure issue, contre la domination romaine; d'autres avaient été, dans les lettres, les arts, la philosophie et la religion même, les précurseurs, les instituteurs et les modèles de cette Rome si fière et longtems si ignorante. Tous, ils avaient mérité qu'il restât d'eux un long et honorable souvenir, et surtout que la mémoire de leurs actions les plus célèbres et de leurs institutions les plus chères, fût séparée de l'histoire de Rome, dont le joug avait été si pesant pour eux, et dans le sein de laquelle ils étaient venus se confondre et s'anéantir1. » Mais jamais elle n'a rendu justice à ses rivaux ; et si quelquefois elle s'est montrée magnanime et généreuse, ç'a été seulement à l'égard des peuples vaincus qu'elle traînait dans la poussière, à la suite de son char, et dont elle n'avait plus rien à craindre; quant à ceux dont la gloire égalait la sienne, mais que la fortune trahit, et qui pouvaient partager avec elle l'admiration de la postérité, sa grande tactique a toujours été d'ensevelir dans l'oubli leurs actions et leur nom2. Or, « lorsqu'on oppose à ce silence presque général de ses historiens sur l'éclat dont brilla l'Italie sous les Étrusques, les témoignages sans nombre de la grandeur et de la splendeur de ce peuple que nous révèlent chaque jour les moindres explorations d'un sol, seul dépositaire encore aujourd'hui de ses glorieuses archives, on ne peut se défendre d'un sentiment pénible. Ce silence, calculé sans doute, ne semble-t-il pas, en effet, impliquer chez les maîtres du monde une basse rivalité, fondée sur les prétentions à une origine toute divine qui excluait les sujétions de l'enfance? Il leur importait dès lors de faire disparaître, avec la trace de leurs bégaiemens, avec le

L'Italie avant la domination des romains, t. 1, préface de l'édit., p. vi, VII, VIIJ.,

2 The Dublin Review, vol. xi, n. xxvi, p. 487.

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