Mon galant ne songeait qu'à bien prendre son temps, L'autre, qui s'en doutait, lui lâche une ruade Qui vous lui met en marmelade Les mandibules (1) et les dents. C'est bien fait, dit le loup en soi-même, fort triste; Et ne fus jamais que boucher. (1) Les mâchoire (2) VAR. L'herboriste dans les éditions modernes; mais c'est à tort. La Fontaine a mis l'arboriste dans toutes les éditions données par lui. Il suivait en cela l'usage vulgaire, ainsi que le prouve le passage suivant de Richelet, dans son Dictionnaire imprimé à Genève, en 1680, in-4°, t. I, p. 398: « Le peuple dit arboriste; quelques savants hommes, herboriste. » (WALCK.) IX. Le Laboureur et ses Enfants (1) Travaillez, prenez de la peine : Un riche laboureur, sentant sa mort prochaine, Que nous ont laissé nos parents : Je ne sais pas l'endroit; mais un peu de courage Le père mort, les fils vous retournent le champ, (1) Esop., 33, 22, Agricola et Filii, Deçà, delà, partout; si bien, qu'au bout de l'an D'argent, point de caché. Mais le père fut sage De leur montrer, avant sa mort, Χ. La Montagne qui accouche (1). Une montagne en mal d'enfant D'une cité plus grosse que Paris : Quand je songe à cette fable, Je me figure un auteur Qui dit: Je chanterai la guerre Que firent les Titans au maître du tonnerre (3). Du vent. (1) Phædr., IV, 23 sive 22, Mons parturiens. (2) « La mocquerie est telle que de la montagne d'Horace, laquelle crioit et lamentoit énormément comme femmes en travail d'enfant. A son cry et lamentation accourut tout le voisinage en expectation de veoir quelque admirable et monstrueux enfantement; mais enfin ne nacquist d'elle qu'une petite souris.» RABELAIS, Pantagruel, liv. III, ch. 24. (3) Nec sic incipies, ut scriptor cyclicus olim : HORAT. De Arte poeticu, v. 156, et seqq. XI. - La Fortune et le jeune Enfant (1). Sur le bord d'un puits très-profond Un enfant alors dans ses classes. Tout est aux écoliers couchette et matelas. La Fortune passa, l'éveilla doucement, Je vous demande, en bonne foi, Provient de mon caprice. Elle part à ces mots. Pour moi, j'approuve son propos. Elle est prise à garant de toutes aventures. (1) Esop., 62, Puer et Fortuna; 256, Viator et Fortuna. (2) Le sujet de cette fable a aussí été traité par Regnier. Satire xiv. Voici en quels termes la Fortune réveille l'enfant: Sus, badin, levez-vous! si vous tombiez dedans, Le médecin Tant-pis allait voir un malade (1) Esop., 126, Ægrotus et Medicus; 224, Medicus et Ægrolus; 31, M dicus et Ægrotans; 43, Ægrotus et Medicus. XIII. - La Poule aux œufs d'or (1). L'avarice perd tout en voulant tout gagner. Que celui dont la poule, à ce que dit la fable, Il crut que dans son corps elle avait un trésor; A celles dont les œufs ne lui rapportaient rien, Belle leçon pour les gens chiches! Pour vouloir trop tôt être riches! (1) Esop., 155, 136, Gallina auripara. XIV. - L'Ane portant des Reliques (1). Un baudet chargé de reliques S'imagina qu'on l'adorait : Dans ce penser il se carrait, Recevant comme siens l'encens et les cantiqucs. Ce n'est pas vous, c'est l'idole D'un magistrat ignorant (1) Esop., 135, Asinus gestans Simulacrum; 261, Asinus ferens Sta tuam. (2) Dans notre société, qui attache une si sotte importance aux choses officielles, et à ce qu'on appelle la position, cette fable a encore une piquante actualité. XV. - Le Cerf et la Vigne (1). Un cerf, à la faveur d'une vigne fort haute, Les veneurs, pour ce coup, croyaient leurs chiens en faute: Il vient mourir en ce lieu même. (1) Esop., 65, Cerva et Vitis. - Phædr., I, 12, Cervus ad Fontem. |