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» s'attire les applaudissemens de toute » la terre, avec quels transports de joie » l'Académie doit-elle y mêler les siens,

et par l'intérêt des sciences qui l'occu» pent, et par celui de votre gloire, dont » elle peut se flatter désormais qu'il re» jaillira quelque chose sur elle.

>> Je suis, etc. ».

Les éloges académiques sont oratoires ou historiques. Ceux que prononcent dans l'Académie française, le récipiendaire et le directeur, sont de la première espèce. Ces orateurs n'entrent dans aucun détail sur la vie de l'académicien, et se bornent à louer on général ses talens, son esprit, et les qualités de son cœur. On sent que ces éloges doivent varier suivant le rang, les titres, les dignités, les ouvrages de la personne qui en est l'objet. Fontenelle occupait la place de directeur à l'Académie française, lorsque Destouches succéda à Campistron. Après avoir fait l'éloge des talens du premier pour le genre comique, et de ceux du second pour le tragique, voici comment il loue le récipiendaire, de son habileté dans les négociations. Destouches avait été envoyé à la cour de Londres, en 1717, avec l'abbé Dubois, pour y traiter de grandes affaires.

« La réputation que vous deviez aux >> muses, vous a enlevé à elles pour quel

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>> que temps. Le public vous a vu avec >> regret passer à d'autres occupations plus élevées, à des affaires d'État, dont il aurait volontiers chargé quelque autre moins nécessaire à ses plaisirs. Toute votre conduite en Angleterre, où les intérêts de la France vous étaient confiés, a bien vengé l'honneur du génie poétique, qu'une opinion » assez commune condamné à se renfermer dans la poésie. Eh! pourquoi veut-on que ce génie soit si frivole? ses objets sont sans doute moins importans que des traités entre des Couronnes. Mais une pièce de théâtre, qui ne sera que l'amusement du public, demande peut-être des réflexions » plus profondes, plus de connaissance des hommes et de leurs passions, plus t » d'art de combiner des choses 'opposées, » qu'un traité qui fera la destinée des >> nations. Quelques gens de lettres sont incapables de ce qu'on appelle les affaires sérieuses, j'en conviens; mais il y en a qui les fuient sans en être inca»pables; encore plus qui, sans les >> fuir, et sans en être incapables, né se, sont tournés du côté des lettres que

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Voltaire est le premier qui, dans son discours de réception, ait traité un sujet de littérature, sans s'être néanmoins

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Orateurs académiques

affranchi des éloges de devoir. Son exemple a été déjà suivi, et mérite bien de l'être constamment dans la suite.

Les éloges qu'on prononce dans l'Académie des sciences et dans celle des belles-lettres, sont historiques. Le secrétaire en est spécialement chargé. Ils peuvent être regardés comme des mémoires pour servir à l'histoire des lettres. La vérité doit donc en faire le principal mérite, quoiqu'il soit permis quelquefois de l'adoucir, et même de la taire. Il faut y rappeler les principales circonstances de la vie des grands hommes qu'on loue, et les faire connaître par la peinture de leur caractère, de leurs sentimens, de leurs mœurs, de leur goût, de leurs talens. Le style de ces sortes d'éloges doit être élégant, plein de noblesse, mais en même-temps simple, sans manquer de chaleur.

L'Académie française a publié, il y a quelque temps, un recueil de discours académiques, dont le plus grand nombre se fait lire avec plaisir. On peut en dire autant de ceux qu'elle a fait imprimer séparément, à la réception de chaque académicien.

Il y a un vaste et précieux recueil d'excellens mémoires, qui ont été lus dans l'Académie des belles-lettres. Tous les genres d'érudition y sont traités de la manière la plus satisfaisante, tant

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pour l'agrément que pour l'instruction. Les éloges des membres de l'Académie des Sciences, par Fontenelle, étincèlent de beautés, tantôt fines, tantôt frappantes. On y trouve beaucoup de pensées neuves et ingénieuses. Le style en est orné et brillant, mais quelquefois peut-être trop recherché.

Mairan, son successeur, loue avec beaucoup de délicatesse, et trace des portraits tout-à-fait ressemblans.

Boze, secrétaire de l'Académie des Belles-Lettres, a fait les éloges des mem.. bres de cette compagnie. Il écrit naturellement, manie également bien tous les sujets qu'il traite, et peint de même les divers caractères qu'il veut repré

senter.

Fréret, Bougainville et le Beau, qui l'ont successivement remplacé, ont publié aussi les éloges de leurs confrères. Ils sont remarquables par la correction et l'élégance du style.

ARTICLE IV.

Des Discours politiques.

Les discours que j'appelle politiques sont ceux que les hommes chargés des différentes parties du gouvernement, sont obligés de faire de vive voix ou par écrit, sur les matières importantes qu'ils trai

Sujets

politiques:

tent, soit avec leurs concitoyens, soit avec. les étrangers. La nature de ces discours varie suivant les temps, les circonstances, les affaires, les événemens. Ce sont des avis qu'on ouvre, des sentimens qu'on propose, des difficultés qu'on aplanit, des résolutions qu'on prend, des représentations qu'on fait, des conférences qu'on soutient, des dépêches qu'on expédie, des mémoires, des conventions, des traités qu'on dresse..

Le nombre des sujets de ces sortes des discours de discours peut être infini; mais on les réduit ordinairement, comme l'a fait Aristote dans sa Rhétorique, à cinq chefs généraux, qui sont les finances, la paix et la guerre, la sûreté des frontières; le commerce, et l'établissement des lois. Je ne suivrai point ce savant rhéteur dans les développemens qu'il donne sur toutes ces matières politiques: il suffira que je dise un mot sur chacun de ces cinq objets.

Savoir exactement à quoi se montent les revenus de l'État, pour augmenter, pour diminuer à propos certains droits déjà établis, ou pour en imposer de nouveaux; comparer la recette avec la dépense, pour retrancher ou pour modérer celle-ci selon le besoin; voilà le vrai moyen de parler d'une manière, juste et convenable sur les finances..

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Les hommes d'Etat qui délibèrent sur

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