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» tière. Ni le soldat, ni l'officier, ni les » troupes de pied, ni celles de cavalerie, ne peuvent y prétendre. La fortune >> même, cette fière maîtresse des événemens humains, ne peut rien vous » dérober de cet honneur, elle vous le >> cède entièrement, et avoue qu'il vous appartient en tout et en propre, puisla témérité et le hasard ne se trou» vèrent jamais où président la sagesse » et la prudence.

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» que

» II. Vous avez soumis des peuples >> innombrables, répandus en beaucoup » de pays différens, formidables par leur » férocité, pourvus abondamment de tout

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ce qui est nécessaire pour se défendre. >> Mais après tout, vous n'avez vaincu » pour lors que ce qui était de nature et » de condition à être vaincu; car il n'est>> rien de si puissant ni de si redoutable, » dont le fer et la force ne puissent enfin >venir à bout. Mais se dompter soi>> même, étouffer son ressentiment, met>> tre un frein à la victoire, relever un » ennemi abattu, un ennemi considé>> rable par sa naissance, par son esprit, » par son courage, et non-seulement le » relever, mais le faire monter à un plus » haut point de fortune qu'il n'était avant sa chute : en user ainsi, c'est se rendre, je ne dis pas comparable aux plus » grands hommes, mais presque sembla»ble aux Dieux.

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III. Vos conquêtes, César, se liront à-la-vérité dans nos annales, et dans >> celles de presque tous les peuples, et » la postérité la plus reculée ne se taira jamais sur vos louanges. Mais lorsqu'on lit, ou qu'on entend le récit des guerres » et des batailles, il arrive, je ne sais. » comment, que l'admiration qu'elles » excitent est en quelque sorte troublée » par les cris tumultueux des soldats, et » par le son éclatant des trompettes. Au » contraire, le récit d'une action où » paraissent la clémence, la douceur, la justice, la modération, la sagesse, principalement si elle est faite malgré » la colère, toujours ennemie des ré flexions, et dans la victoire, naturel>>lement superbe et insolente; le récit, dis-je, de cette action, même dans des » histoires qui sont feintes, produit en nous une si douce et si vive impression » d'estime et d'amour pour ceux qui en >> sont les auteurs, que nous ne pouvons nous empêcher de les chérir, quand >> bien même nous ne les aurions jamais connus. Vous donc, que nous avons le >> bonheur de voir de nos yeux, dont nous connaissons les dispositions et les » sentimens les plus intimes; vous, dont » les desseins ne tendent qu'à conserver » à la république tout ce que la fureur » de la guerre a épargné; par quelles louanges, par quelles démonstrations

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» de zèle et de respect, pourrons-nous >> vous témoigner notre reconnaissance? » Oui, César, tout est sensible ici à une » telle générosité, même ces murailles, » qui voudraient, ce semble, marquer >> leur allégresse de ce que vous allez » leur rendre leur ancien éclat, et ré>> tablir le sénat dans son ancienne auto» rité ».

La réfutation fait partie de la confirmation elle consiste à détruire les difficultés qui pourraient être proposées contre les raisons que l'orateur a fait valoir. On peut y suivre la même méthode que dans la confirmation, ou s'en écarter, en commençant par réfuter les plus fortes, ou les moins solides, selon que l'exige le sujet. On peut aussi, suivant les circonstances, répondre séparément à chaque objections, ou se contenter de les réunir toutes en un seul corps, et d'en faire sentir le faux par une raison générale et victorieuse.

IV. De la Péroraison.

La péroraison est la dernière partie du discours, et n'est ni la moins importante, ni la moins difficile à traiter. C'est ici principalement que le style doit être plein, nerveux, véhément, et surtout précis les pensées doivent s'y succéder avec la plus grande rapidité. Il faut que

:

l'orateur, en ne disant rien de faible, rien d'inutile, y fasse une courte récapitulation de preuves les plus solides qu'il a développées, de ce qu'il a dit de plus essentiel et de plus frappant, et qu'il représente, dans un tableau raccourci, mais où les objets soient bien distingués, tout ce qui peut faire la plus vive et la plus forte impression sur l'auditeur. Il déploiera toutes les ressources de son art; il mettra en usage tout ce que l'éloquence a de tours séduisans et de mouvemens impétueux, enfin il animera cette partie de son discours de toute la chaleur, de tout le feu du sentiment, pour exciter les grandes passions. et maîtriser les âmes.

Cicéron possédait ce talent au suprême degré. La plupart de ses péroraisons sont du plus grand pathétique. Celle de la harangue pour Milon, accusé d'avoir fait assassiner le tribun Clodius, homme de mauvaises mœurs, est un vrai chefd'œuvre. Il y excite presque toutes les passions des juges : il leur inspire de l'indignation contre les accusateurs, de l'estime pour l'accusé, de l'amour pour la vertu, de l'admiration pour ses sentimens, de la reconnaissance même pour les services qu'il avait rendus à la république, enfin, de la haine pour la mémoire de Clodius, et de l'horreur pour ses forfaits.

pétu

Il n'est point de figures qui ne puissent trouver place dans la péroraison. Les plus nobles, les plus fortes et les plus touchantes, telles que l'interrogation, l'apostrophe, la prosopopée, etc., sont celles que l'orateur doit y employer, comme étant les plus propres à donner au discours cette véhémence et cette impétuosité qui ébranlent et transportent les cœurs. Eschine en fournit un trèsbel exemple dans la péroraison de sa harangue de la couronne, dont il est à propos que je dise le sujet. Démosthène s'étant noblement acquitté de la commission qu'on lui avait donnée de faire réparer les murs d'Athènes, Ctésiphon, illustre citoyen de cette ville, persuada aux Athéniens de lui décerner, pour prix de son zèle et de sa probité, une couronne d'or. Eschine s'éleva contre ce décret il accusa même celui qui l'avait rendu, et attaqua personnellement Démosthène. Cette grande cause fut plaidée devant toute la Črèce.

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«Vous donc, Messieurs, lorsqu'à la » fin de sa harangue Démosthène invitera les confidens et les complices de sa lâche perfidie à se ranger autour de >> lui; vous, de votre côté, Messieurs, >> figurez-vous voir autour de cette tri>> bune où je parle, les anciens bienfai>>teurs de la république, rangés en » ordre de bataill e, pour repousser cette

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