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Monseigneur le Prince, etc. On met pour un cardinal: A son Eminence Monseigneur le, etc.; pour un évêque: A Monseigneur l'Evêque de, etc.; pour le chancelier A Monseigneur le Chancelier (en supprimant le nom); pour un ambassadeur: A son Excellence, etc. On sait que les lettres aux têtes couronnées n'ont d'autre adresse que celle-ci : Au Roi, A la Reine.

Au-dessus des autres lettres, on exprime le titre, la profession et la demeure des personnes. Je remarquerai ici qu'en indiquant la demeure, c'est une faute de dire, par exemple, demeurant dans la rue du Mail, dans la rue des Noyers; ce gérondif, ainsi que la préposition et l'article doivent être supprimés: il faut dire seulement rue du Mail, rue des Noyers. C'est encore une faute de joindre l'article simple et l'article particulé, audessus d'une lettre qu'on écrit à un religieux. Au-lieu de mettre : Au Révérend Père, le Révérend Père, il faut, au Révérend Père, Révérend Père, etc.

J'avais oublié de dire que, quand on écrit à une personné à qui l'on doit du respect, la politesse ne souffre pas qu'on la charge de faire des complimens à une autre. Si on le fait, c'est toujours avec ce correctif Permettez que Madame, etc. Monsieur, etc., trouve ici les assurances de mon respect. La politesse proscrit

aussi les apostilles, les post scriptum. Elles annoncent d'ailleurs qu'on a eu peu d'attention en écrivant.

SECONDE PARTIE.

DES RÈGLES DEs ouvrages eN PROSE.

Il n'y a pas lieu de douter

que les productions littéraires ne contribuent autant à former le cœur qu'à orner l'esprit. Les bons ouvrages des grands orateurs, en élevant et maîtrisant notre âme par des mouvemens extraordinaires ; ceux des grands poètes, en échauffant et ravissant notre imagination par des tableaux enchanteurs, nous apprennent en-même-temps une foule de vérités utiles, et nous inspirent des sentimens nobles et vertueux, qui peuvent nous rendre meilleurs. Je ne peux avoir d'autre objet ici, que d'exposer les règles des ouvrages en prose, et pour le faire avec plus de fruit, je crois devoir auparavant tracer un précis des quatre âges célèbres de la littérature; indiquer l'origine et le principe des beaux-arts, et faire connaître en peu de mots les règles fondamentales de toutes les productions littéraires en gé néral.

NOTIONS PRÉLIMINAIRES.

I.

Précis des quatre Ages de la Littérature.

vant,

par

LES Grecs sont les premiers peuples du monde qui se sont immortalisés par des ouvrages de littérature en tous les genres. Nous leur devons des chefsd'œuvre qui ont fixé jusqu'ici, et qui fixeront à jamais l'admiration de tous les siècles éclairés et polis. Homère s'élel'effort de son seul génie, aux plus sublimes hauteurs de la poésie, en déploya dans l'épopée tout le feu, tout le coloris, toutes les richesses. Hesiode décrivit en vers les travaux de la campagne, et donna des préceptes sur le premier et le plus utile des arts. Esope prêta dans l'apologue un langage aux animaux, pour instruire les hommes. L'élégant Anacréon embellit ses badinages de toutes les grâces d'une poésie douce et légère. Le fougueux Pindare chanta, sur le ton le plus énergique et le plus élevé, la puissance des Dieux et les exploits des héros. Eschyle, Sophocle et Euripide firent voir, sous l'appareil majestueux de la tragédie, les terribles effets des passions humaines. Aristophane et Menandre livrèrent sur la scène conique,

Siècle de Philippe

et

d'Alexandre

au fléau du ridicule, les travers et les vices de leurs concitoyens. Hérodote, Thucydide et Xénophon, prirent les crayons de l'histoire, pour transmettre aux siècles futurs les évènemens des siècles passés. Démosthène défendit, par les foudres de son éloquence, la liberté de sa patrie, contre la politique et les armées de Philippe. Platon, Aristote, et mille autres sages enseignèrent les principes et les lois de la morale. Théophraste marqua les divers caractères des hommes, avec autant de précision que de vérité. Enfin, Théocrite, Moschus et Bion tracèrent les plus agréables tableaux de la vie champêtre et des mœurs naïves des bergers. La plupart de ces grands hommes fleurirent dans le siècle de Philippe et d'Alexandre : âge heureux, qui est la première époque intéressante dans l'histoire de l'esprit hu

main.

Rome était encore presque sauvage, et n'ambitionnait que la gloire des conquêtes. Des ambassadeurs athéniens s'y étant rendus pour une affaire particulière, tous les jeunes Romains qui les entendirent, furent ravis de leur éloquence. Le goût de cet art merveilleux s'empara de tous les esprits, et les plus illustres citoyens de la république s'y distinguèrent. Bientôt la Grèce perdit sa liberté. Les arts, exilés de ces belles

contrées, vinrent établir leur empire dans Rome, et y brillèrent du plus vif éclat sous César et sous Auguste.

Siècle de César

Plaute et Térence avaient déjà fait connaître la comédie. Cicéron, quoique et d'Auguste. moins nerveux que Démosthène, devint le modèle des grands orateurs. Lucrèce, né avec un génie des plus poétiques, l'employa, malheureusement, à préconiser un systême non moins absurde qu'impie. Virgile entreprit avec succès d'égaler Homère dans l'épopée, Théocrite dans le genre pastoral, et

sur

passa Hesiode dans le géorgique. Horace perfectionna le lyrique, en réunissant l'enthousiasme de Pindare à la douceur d'Anacréon, et fit oublier Lucile, qui avait été, chez les Romains, le père de la satire. Tibulle et Properce répandirent dans leurs vers élégiaques tout le pathétique du sentiment. Salluste, TiteLive, Cesar lui-même, et après eux, Quinte-Curce et Tacite, écrivirent l'histoire, et portèrent à un degré supérieur l'art de peindre et de raconter. Phèdre fournit avec gloire la carrière que lui avait tracée Esope. Ovide fit étinceler dans ses diverses poésies l'imagination la plus féconde et la plus heureuse. Perse, et bientôt après Juvénal, marchant sur les pas d'Horace, lancèrent avec vigueur les traits de la satire contre les vices de leur siècle. Sénèque, moraliste et poète,

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