PAR ORDRE CHRONOLOGIQUE ET PAR NOMS D'AUTEURS AVEC BIOGRAPHIES ET NOTICES PAR LOUIS MONTIQUE PARIS 6, RUE DES SAINTS-PÈRES, 6 La chanson n'est pas chose aussi frivole qu'elle peut lc paraitre au premier aspect. Chez tous les peuples et à loutes les époques elle a joué un rôle important. Le chant est, en effet, comme les pleurs, un des attributs de l'ho i me. L'enfant crie et verse des larmes avant de se connaitre. Dès qu'il a une étincelle de raison, il ril. Dis qu'il peut former quelques sons, il chante. Les nat ons, avant d'être civilisées, sont comme les enfarts. Des paroles mesurées et modelées sur un rhythme très-simple, voilà la première poésie et la première musique, - et lå se trouve l'origine de la chanson. Chez nous, l'histoire de la chanson est en quelque sorte l'histoire de la France. C'est en chantant que es serfs secouaient le poids de leur misère ; c'est avec des chansons que nos pères s'exaltaient contre la lyranni. 43 2 et guerroyaient contre elle. Les rois de l'Europe ont élé vaincus par nos chansons autant que par nos soldats. La nation française a toujours passé pour la plus spirituelle de l'Europ.?. Les Français meltent de l'esprit partout, quelquefois plus qu'il n'en faut, et même où il n'en faudrait pas ; mais c'est là un défaut facile à excuser, et sans cet esprit vif, léger, moqueur, toujours gracieux, souvent caustique, la chanson n'aurait pas conquis le rang qu'elle occupe dans la poésie. Les chansons des littératures étrangères et meme les chansons, poésies chantées, que nous fournissent les littératures anciennes, ne peuvent aucunement rivaCiser avec la chanson française, modèle inimitable et désespérant. Bernis l'a dit : Fille aimable de la folie Elle est née parmi nous. Mais les premières chansons n'avaient rien de comparable aux poëmes lyriques, aux hymnes, aux odes, et même aux gaies chansons, aux vaudevilles spirituels qui sont comme l'atmosphère vitale que respire la France. La chanson a traversé un élat d'enfance, et ce n'est que pas à pas qu'elle a marché depuis nos troubadours et nos trouvères jusqu'au dix-huitième siècle, où elle |