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Au clair de la lune,
On n'y voit qu'un peu;
On chercha la plume,
On chercha du feu.
En cherchant d'la sorte,
Je n' sais c'qu'on trouva,
Mais j' sais que la porte
Sur eux se ferma.

LES MOINES

Nous sommes des moines
De saint Bernardin,
Qui se couchent tard
Et se lèvent matin,
Pour aller à matines
Vider leur flacon.
Et bon, bon, bon,
Et v'là qu'est bon,
Et bon, bon, bon.
Ah! voilà la vie,

La vie suivie,

Ah! voilà la vie que les moines font.

A notre déjeuner

Du bon chocolat

Et du bon café

Que l'on nomme moka;

La fine andouillette,
La tranche de jambon,
Et bon, bon, bon, etc.

A notre dîner,

Un bon chapon gras,
Qui trempe la soupe
Comme au mardi gras,
Lapins de garenne
Sentant la venaison.
Et bon, bon, bon, etc.

A notre goûter,
Des petits oiseaux
Que l'on nomme cailles,
Bécasses et perdreaux,
La tarte sucrée,

Les marrons de Lyon.
Et bon, bon, bon,
Et v'là qu'est bon,
Et bon, bon, bon.
Ah! voilà la vie,

La vie suivie,

Ah! voilà la vie que les moines font.

LE FOND DE LA BESACE

Un jour le bon frère Étienne,
Avec le joyeux Eugène,

Tous deux la besace pleine,
Suivis du frère François,
Entrant tous à la Galère,
Y firent si bonne chère
Aux dépens du monastère,
Qu'ils s'enivrèrent tous trois.

Ces trois grands coquins de frères,
Perfides dépositaires

Du diner de leurs confrères,
S'en donnent jusqu'au menton;
Puis, ronds comme des futailles,
Escortés de cent canailles,
Du corps battant les murailles,
Regagnèrent la maison.

Le portier, qui les voit ivres,
Leur demande où sont les vivres.
« Bon! dit l'autre, avec ses livres,
Nous prend-il pour des savants?
Je me passe bien de lire,
Mais pour chanter, boire et rire,
Et tricher la tirelire,

Bon! à cela je m'entends. »

Au réfectoire on s'assemble,
Vieux dont le råtelier tremble
Et les jeunes, tous ensemble
Ont un égal appétit.

Mais, ò fortune ennemie !
Est bien fou qui s'y confie,
C'est ainsi que dans la vie,
Ce qu'on croit tenir nous fuit.

Arrive frère Pancrace,
Faisant piteuse grimace
De ne rien voir à sa place,
Pour boire ni pour manger;
A son voisin il s'informe
S'il serait venu de Rome
Quelque bref portant réforme
Sur l'usage du diner.

Bon! répond son camarade, N'ayez peur qu'on s'y hasarde, Sinon, je prends la cocarde Et je me ferai Prussien. Qu'on me parle d'abstinence Quand j'ai bien rempli ma panse, J'y consens; mais sans pitance, Je suis fort mauvais chrétien.

Resterons-nous donc tranquilles Comme de vieux imbéciles?

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