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Si, sans jamais faire rougir,
Sa gaîté fait toujours sourire;
C'est encor lui, rendez-le-moi •
J'ai son amour, il a ma foi.

Si, passant près de sa chaumière, Le pauvre en voyant son troupeau Ose demander un agneau,

Et qu'il obtienne encor la mère ; Oh! c'est bien lui, rendez-le-moi : J'ai son amour il a ma foi.

MARIE STUART

En vain de ma douleur affreuse Ces murs sont les tristes échos; En songeant que je fus heureuse Je ne fais qu'accroître mes maux. A travers ces grilles terribles

Je vois les oiseaux dans les airs:
Ils chantent leurs amours paisibles,
Et moi je pleure dans les fers!

Quel que soit le sort qui m'accable,
Mon cœur saura le soutenir.
Infortunée, et non coupable,
Je prends pour juge l'avenir

Perfide et barbare ennemie,
On détestera tes fureurs,
Et sur la tombe de Marie
La pitié versera des pleurs.

Voûtes sombres, séjour d'alarmes,
Lieux au silence destinés,

Ah! qu'un jour passé dans les larmes
Est long pour les infortunés!

Les vents sifflent, le hibou crie,
J'entends une cloche gémir.

Tout dit à la triste Marie :
Ton heure sonne, il faut mourir !

L'AMANTE ABANDONNÉE

AIR De mon berger volage.

Une jeune bergère,

Les yeux baignés de pleurs,

A l'écho solitaire
Confiait ses douleurs :

Hélas! loin d'un parjure

Où vais-je recourir?

Tout me trahit dans la nature.

Je n'ai plus qu'à mourir.

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Est-ce là ce bocage
Où j'entendais sa voix,
Ce tilleul dont l'ombrage
Nous servit tant de fois?
Cet asile champêtre

En vain va refleurir;

O doux printemps, tu viens de naître, Et moi je vais mourir !

Que de soins le perfide
Prenait pour me charmer!
Comme il était' timide
En commençant d'aimer!
C'était pour me surprendre
Qu'il semblait me chérir.
Ah! fallait-il être si tendre
Pour me faire mourir !

Autrefois sa musette
Soupirait nos ardeurs;
Il parait ma houlette

De rubans et de fleurs :
A des beautés nouvelles
L'ingrat va les offrir,

Et je l'entends chanter pour elles
Quand il me fait mourir.

Viens voir couler mes larmes
Sur ce même gazon,

Où l'amour par ses charmes
Égara ma raison.

Si dans ce lieu funeste

Rien ne peut t'attendrir,

Adieu, parjure un bien me reste :
C'est l'espoir de mourir.

Un jour viendra peut-être
Que tu n'aimeras plus;
Alors je ferai naître
Tes regrets superflus;
Tu verras mon image,
Tu m'entendras gémir :
Tu te plaindras, berger volage,
De m'avoir fait mourir!

MICHEL-JEAN

SEDAINE

Né à Paris en 1719, mort à Paris en 1797. Il fut membre de l'Académie,.et a fait beaucoup d'opéras comiques mis en musique par Monsigny et par Grétry.

LA

TENTATION DE SAINT ANTOINE

AIR Plus inconstant que l'onde.

Ciel! l'univers va-t-il donc se dissoudre ?
Quel bruit! quels cris! quel horrible fracas!

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