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Des petits-maîtres sont venus,
En me disant : « Ma chère,
Vous êtes plus bell' que Vénus; »
Je n' les écoutais guère,
Vois-tu !

Je n' les écoutais guère.

Des abbés coquets sont venus :
Ils m'offraient, pour me plaire,
Des fleurettes au lieu d'écus;
Je les envoyais faire...
Vois-tu!

Je les envoyais faire...

Moi, je ne suis pas un Crésus,
Abbé, ni militaire;

Mais mon talent est bien connu :

Boulanger de Cythère,
Vois-tu !

Boulanger de Cythère.

Je pétrirai, le jour venu,
Notre pâte légère,

Et la nuit, au four assidu,
J'enfournerai, ma chère,
Vois-tu !

J'enfournerai, ma chère.

Eh bien! épouse ma vertu,
Travaill' de bonn' manière,

Et tu ne seras pas... déçu
Avec la boulangère
Aux écus!

Avec la boulangère.

PRINCESSE DE SALM

Cet auteur est connu par de nombreux écrits et des poésies charmantes. Bouton de rose est encore aujourd'hui entre les mains de tous les chanteurs de romances.

LE BOUTON DE ROSE

Musique de Pradher.

Bouton de rose,

Tu seras plus heureux que moi;
Car je te destine à ma Rose,
Et ma Rose est ainsi que toi
Bouton de rose.

Au sein de Rose,

Heureux bouton, tu vas mourir!
Moi, si j'étais bouton de rose,
Je ne mourrais que de plaisir
Au sein de Rose.

Au sein de Rose

Tu pourras trouver un rival;

[graphic]

Ne joute pas, bouton de rose,
Car en beauté rien n'est égal
Au sein de Rose.

Bouton de rose,
Adieu, Rose vient, je la voi
S'il est une métempsycose,
Grands dieux, par pitié, rendez-moi
Bouton de rose!

DE LEYRE.

Né aux Portets, près de Bordeaux; mort à Paris en 1717 La romance suivante, qui a bercé l'encfane de toute notre génération, est un chef-d'œuvre de grâce et de sentiment.

LE ROSIER

Je l'ai planté, je l'ai vu naître,
Ce beau rosier où les oiseaux
Au matin, près de ma fenêtre,
Viennent chanter sous ses rameaux.

Joyeux oiseaux, troupe amoureuse,
Ah! par pitié, ne chantez pas :
L'amant qui me rendait heureuse
Est parti pour d'autres climats.

Pour les trésors du nouveau monde
Il fuit l'amour, brave la mort.
Hélas! pourquoi chercher sur l'onde
Le bonheur qu'il trouvait au port?

Vous, passagères hirondelles,
Qui revenez chaque printemps,
Oiseaux voyageurs, mais fidèles,
Ramenez-le-moi tous les ans.

JEAN-PIERRE-CLARIS FLORIAN.

Page, lieutenant de dragons de Penthièvre, et poète. Ne le 6 mars 1755 au château de Florian, dans les Cévennes, mort à Sceaux le 13 septembre 1794, à l'âge de 38 ans. Esprit fin, délicat, sentimental, aimable et charmant. Il est le second de nos fabulistes. Voltaire encouragea ses débuts. Ses romances sont ravissantes.

LE PONT DE LA VEUVE

AIR: Cœurs sensibles, cœurs fidèles.
De la mère la plus tendre
Je vais chanter les malheurs :
Bons fils, venez sur sa cendre
Répandre avec moi des pleurs :
Vous qui, toujours en alarmes,
Vivez pour vos seuls enfants,

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