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DE

GASCOGNE

BULLETIN MENSUEL

DU

COMITÉ D'HISTOIRE ET D'ARCHÉOLOGIE DE LA PROVINCE ECCLÉSIASTIQUE D'AUCH.

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* Fr 33.1

Harvard College Library

SEP 29 1913
Gift of

Prof. A. Gr Coolidge
J. C. Lowell fund

REVUE

DE

GASCOGNE

DOMINIQUE DE GOURGUES.

LA REPRISE DE LA FLORIDE, publiée avec les variantes sur les manuscrits de la Bibliothèque impériale et précédée d'une préface, par M. PH. TAMIZEY DE LARROQUE. In-8° de 80 p. Bordeaux, impr. Gounouilhou, 1867. Extrait des publications de la Société des bibliophiles de Guyenne.

Il m'est arrivé d'écrire, au sujet du maréchal Blaise de Monluc, que notre Gascogne et la plupart de ses meilleurs hommes de guerre avaient été presque toujours réduits par la loi fatale des événements à l'héroïsme d'aventure. Une publication des plus intéressantes à tous les points de vue me fournit un exemple éclatant de cet héroïsme vraiment merveilleux, dans un épisode presque inaperçu de nos vicilles annales militaires. Je doute qu'il y ait dans la riche collection de nos mémoires nationaux un morceau plus entraînant et d'une émotion plus dramatique que le récit de la Reprise de la Floride, déjà connu et même publié par plusieurs éditeurs, mais traité pour la première fois avec toute l'exactitude et tout le sens critique désirables par notre érudit collaborateur M. Ph. Tamizey de Larroque. C'est donc à la fois un événement

glorieux pour notre province et pour la France entière, et un monument remarquable de notre littérature historique qu'il faut faire connaître ici avec quelque détail.

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Je m'en tiendrai presque partout à une analyse de la relation qui est sous mes yeux; mais je veux auparavant résumer le plus brièvement possible les antécédents de mon héros avant ce magnifique coup de main, et d'abord les causes. qui amenèrent l'expédition elle-même.

L'établissement des Français à la Floride fut une conséquence de nos troubles religieux et civils au xvr siècle. L'amiral de Coligny, dans le dessein de préparer à ses coreligionnaires un asile assuré au-delà des mers, fit autoriser par Charles IX le départ de cinq ou six cents marins huguenots qui s'embarquèrent à Dieppe le 18 février 1561 et débarquèrent, le 1er mai suivant, à l'embouchure du Rio San-Mateo. Leur chef, le dieppois Jean Ribaut, établit promptement la colonie française autour d'un fort qu'il bâtit dans une île et qu'il appela Fort Charles, du nom de son souverain; il revint presque aussitôt en France, et son établissement ne tarda pas à périr par l'indiscipline des colons. Mais une double expédition, encore favorisée par Coligny, en 1564 et 1565, şous les ordres du poitevin René de Laudonnière et du même Jean Ribaut, rétablit la colonie sur un pied plus considérable. Cependant les émigrants français se trouvaient cette fois en face des Espagnols qui ne leur laissèrent pas un moment de paix. Laudonnière avait pour lui l'amitié des Indiens, dont le cacique Satirova s'était hâté de lui offrir son appui. Mais la misère qui gagna la colonie diminua l'attachement des naturels et quelques actes de piraterie exaspérèrent les Espagnols.

Ces excès, sur les réclamations des intéressés, furent châtiés par les chefs de l'émigration française d'une manière exemplaire. Mais nos rivaux avaient juré la perte du nouvel établissement, déjà bien compromis par la disette et le découragement. Pedro Menendez se présenta avec six grands vais

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