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lis in fide corroboravit. Cujus etiam corpus Legiam Trajecto reduxit; et in basilicâ quam martyrii ejus loco à fundamentis ampliaverat, tumulavit. Sed et eâdem operâ domicilium (quod post plures suos antecessores Tungrorum episcopos, hâc eorum urbe ab Hunnis devastatâ, Trajecti habuerat) illuc transtulisse; civitatem Leodiensem exstruxisse, sedem pariter pontificalem Tungrensem ibi fixisse; civibus jura, leges, mensuras, et pondera, quæ etiam modò perseverant, instituisse; sigillumque publicum hâc inscriptione dedisse notatum, S. LEGIA ROMANÆ ECCLESIÆ FILIA, constans traditio est.

Diem sui obitus anno ante eam integro præscivit, summâque ad illam devotione se preparavit; et trigesimâ ipsam antecedente, orans in cryptâ basilica Principis Apostolorum, à se prope cathedralem conditæ etiam ac fundatæ, parari sibi sepulturæ locum, brachiis solo illic extensis ipsum designans, mandavit. Inde profectus in Brabantiam, causâ novæ basilicæ ibidem consecrandæ, sacris istis peractis, febre corripitur, et Furam perveniens decubuit. In agone sathanam psalmo, nonagesimo, adhibitâ aquâbenedictâ, fugavit. Denique Symbolo fidei recitato, inter orationis dominicæ verba, plenus senectute bonâ decessit trigesimo sui episcopatus anno, Leodiumque reductus delecto illic tumulo redditur. Ejus corpus decimosexto post anno illæsum repertum, annis exinde circiter octoginta decursis, per Walchandum episcopum Leodiensem transfertur ad Andainum, quod in Arduennâ reædificaveracœnobium. Innumera sunt, quibus tum illic, tum Leodii ad primum suum tumulum adhuc clarere perseverat, miracula singulariterque in energumenis, et infirmis morsu animalium mortifero percussis, sanandis.

ORATIO.

Deus qui perennem gloriam sanctissimi Confessoris atque Pontificis Huberti animæ contulisti, præsta, quæsumus, nos ejus apud te ita patrociniis adjuvari, ut cum eo vitam possideamus æternam; Per Dominum nostrum Jesum Christum, etc., etc.

Nous devons cet ancien document à l'obligeance des RR. PP. Prémontrés du prieuré de Saint-Joseph, établi à Balarin, canton de Montréal (Gers). La nouvelle colonie des enfants de saint Norbert aime l'étude et les recherches historiques. Nous sommes heureux de pouvoir annoncer à nos lecteurs que son utile concours est assuré à la Revue de Gascogne.

F. CANÉTO,

vicaire général.

LA PATRIE DU VALET DE COEUR

(LAHIRE.)

L'histoire de France n'a pas de figure plus singulière que celle de Lahire; elle ne présente pas d'énigme. plus obscure que celle que j'entreprends de déchiffrer.

Pour les biographes, Lahire date de l'an 1418 et son apparition coïncide avec le siége de Coucy dont les défenseurs lui confièrent le commandement conjointement avec Poton de Xaintrailles, son habituel compagnon dans les expéditions subséquentes. On le voit ensuite prendre Crespy, surprendre Compiègne, défendre Château-Thierry, contribuer à sauver Montargis, protéger la retraite de l'armée après la journée des Harengs, se jeter dans Orléans investi, servir de chevalier à Jeanne d'Arc, et tomber entre les mains des Anglais dans la même semaine où périt l'illustre héroïne. On sait encore qu'ayant acheté sa liberté, il contribua à la prise de Chartres, emporta Soissons par escalade et continua la guerre pour son propre compte sans avoir souci des traités de paix récemment conclus. On ajoute qu'il mourut en 1442, de ses blessures, à Montauban où il avait suivi Charles VII qui préparait sa campagne de Gascogne; et l'on peut dire enfin qu'il fut écuyer de l'écurie du roi, et qu'il avait épousé, en 1456, Marguerite David, dame de Montmorillon, qui ne le pleura pas longtemps, s'étant remariée deux ans plus tard à Jean de Courtenay.

Les chroniqueurs favorables aux Anglais ou aux Bourguignons ne lui épargnent pas les injures à leurs yeux, Lahire est un éhonté pillard, dénué de bonne foi et d'humanité, « le plus mauvais et le plus tyran et le moins piteux de tous » les capitaines des Armaignacs et était nommé par sa

«

» mauvaiseté Lahire. » Les historiens français voient en lui un héros, et l'un d'eux croit faire du maréchal de France Poton de Xaintrailles le plus magnifique éloge en déclarant qu'il fut, après Lahire, celui qui contribua le plus à l'expulsion des Anglais. » Le sentiment public, s'associant à ce jugement, admet que c'est à titre de modèle de la chevalerie que l'image de Lahire fut choisie ou du moins que son nom fut adopté pour désigner le valet de cœur dans le jeu de cartes.

Lahire mérita ces louanges et sa vie fut une suite d'incroyables prouesses; les reproches ne sont pas moins fondés au point de vue moderne, mais les contemporains avaient mille raisons de se montrer plus indulgents. De tout cela il est résulté une renommée légendaire, accompagnée d'une profonde ignorance sur l'origine du héros.

Son nom, qui n'est qu'un sobriquet, a été expliqué par quelques-uns comme venant d'ire, colère, ce qui n'est pas vraisemblable; d'autres ont raconté que les Bourguignons, auxquels il causa de nombreux ennuis, lui avaient donné ce nom, emprunté à leur jargon où hire signifiait lice, chienne hargneuse, à cause d'un grognement particulier qu'il faisait entendre en ses moments de mauvaise humeur. Il s'appelait Etienne de Vignoles.

Quelques-uns veulent qu'Etienne soit venu de Montauban : mais, si deux familles de ce nom ont, en effet, subsisté longtemps dans cette ville, c'est que là s'étaient fixés les deux fils d'Amador de Vignoles, tué au siège de Creil en 1457, et frère aîné d'Etienne, Du reste, on sait qu'Amador et Etienne avaient été chassés de leur patrimoine, point de départ de la haine implacable qu'ils avaient jurée aux insulaires (1).

On a proposé la petite ville de Francescas, et diverses localités de l'Armagnac et du Bigorre; M. de Cauna, se basant sur le mariage d'une héritière de Vignoles avec Menoton

(1) Moréri, Vignoles.

de Cauna, dont les descendants adoptèrent le nom de sa femme et fondèrent la maison de Vignoles-Lahire, a signalé le château de Vignoles situé entre Hinx et Candresse, sénéchaussée de Dax. Cette opinion est appuyée sur la carte de Cassini, qui place un château de Vignoles au S. de la route reliant Hinx et Candresse; de son côté, la carte de l'état-major indique, au N. de cette route et dans le voisinage de l'Adour, deux points appelés Bignoles et Labignole. Mais aucune de ces situations ne justifie l'importance militaire que le château des parents de Lahire semble avoir eue. D'ailleurs, en admettant, pour l'épouse de Menoton, la réalité d'une filiation qui n'est pas clairement déduite, il s'était passé, lors de son mariage qu'on reporté vers 1480, trois quarts de siècle au moins depuis la destruction du manoir primitif. Les personnages de la maison de Cauna et les premiers de celle de Saint-Paul Ricau qui la remplaça ne portèrent que la qualification de seigneurs; Bernard, leur descendant au cinquième degré, reçut le titre de marquis, tandis que les auteurs s'accordent pour attribuer aux anciens Vignoles le titre de barons (1).

La solution est donnée par Ranchin, dans la partie qu'il a rédigée de l'ouvrage de d'Avity (2). La description de la sénéchaussée de Tartas porte ce qui suit: Vignolles, baronnie et château sur le Louz, maison ancienne de

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Lahire. » (5) Comme, à cette époque, les marquisat et château de Vignoles existaient entre Hinx et Candresse, il faut conclure des termes de Ranchin que cette dernière construction était la résidence moderne, tandis que le manoir des anciens barons était situé sur le Louts. Or, en remontant le cours de la rivière, à partir de son confluent dans l'Adour, on trouve sur la carte de Robert, aussitôt après Préchacq et

(1) Moréri et Ranchin cité plus bas.

(2) D'Avity, Description générale de l'Europe, quatriesme partie du monde, etc.; Paris, 1637, 3 vol. in-fol., le 2e volume consacré à la France par « Fr. Ranchin, natif d'Uzès. >

(3) Ibid, t. II, p. 314.

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