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dont les ennemis auraient pu s'emparer et où ils se seraient fortifiés.

Une expression analogue c'est bâtir des châteaux en l'air.

Faire le diable à quatre.

C'est faire un grand vacarme.

La locution nous vient de l'époque où l'on représentait des pièces qu'on appelait des diableries et qui faisaient les délices du peuple. Les acteurs, qui étaient chargés des rôles infernaux, poussaient des hurlements et faisaient toutes les contorsions imaginables pour donner une idée de l'enfer.

Dans les petites diableries, où il y avait deux diables seulement, le bruit et le mouvement étaient déjà considérables, mais dans les grandes, où il y en avait quatre, c'était comme on dit un vacarme d'enfer. Peut-être a-t-on dit dans l'origine faire la diablerie à quatre, puis le diable se sera substitué à la diablerie, et, comme le mal n'était pas grand, personne n'a réclamé.

Faire l'école buissonnière.

C'est aller s'amuser au lieu d'aller en classe. Cette locution vient sans doute de la campagne, où les enfants vont dans les buissons chercher des nids d'oiseaux, au lieu d'aller à l'école. C'est du moins l'explication la plus simple et la plus naturelle.

Faire four.

Cette expression veut dire ne pas réussir, subir un échec. Elle se dit particulièrement de l'insuccès d'une pièce au théâtre. Autrefois les comé

diens renvoyaient les spectateurs avant la représentation, quand il n'était pas venu assez de monde pour couvrir les frais. C'était faire four.

On a expliqué ce mot four comme venant de l'italien fuori, dehors. Faire four c'était donc proprement mettre dehors, mettre les spectateurs dehors.

On a encore expliqué cette locution en disant que les comédiens, renvoyant les spectateurs, faisaient four, parce qu'ils éteignaient les lumières et rendaient la salle aussi noire qu'un four.

Faire la mouche du coche.

Cette expression signifie faire l'empressé, le nécessaire, se mêler de tout sans se rendre utile, et s'attribuer un succès auquel on n'a nullement contribué.

La raison de cette locution devenue proverbiale est dans la fable de La Fontaine : Le Coche et la Mouche.

Faire la nique.

Faire la nique c'est se moquer de quelqu'un ou de quelque chose.

On fait dériver le mot nique de l'allemand nicken oɑ necken. Il est plus probable qu'il vient de necken, qui veut dire taquiner. Il serait difficile d'expliquer le mot par le verbe' nicken, qui signifie faire un mouvement de tête.

On dit encore faire une niche pour faire une malice, une petite méchanceté, et niche ou nique dans ce sens c'est le même mot.

Fruits-secs.

Cette expression s'est d'abord appliquée aux élèves de l'école polytechnique qui manquaient

leurs examens de sortie; elle s'est étendue ensuite aux élèves de toutes les écoles, et elle sert à qualifier aujourd'hui tous ceux qui échouent.

En voici l'origine telle qu'elle est donnée par M. Génin:

Il y avait une fois à l'école polytechnique un élève venu d'une province du Midi, où son père faisait le commerce des fruits secs. Ce jeune homme avait peu de goût pour les mathématiques, et quand ses camarades lui disaient qu'il risquait de manquer ses examens, il répondait: Eh bien, soit ; je serai dans les fruits secs comme mon père. Et il finit effectivement par être dans les fruits secs, et depuis on dit par allusion: C'est un fruits-secs.

Galimatias.

On appelle galimatias une manière de s'exprimer embrouillée et confuse, qu'on ne comprend pas.

L'origine du mot repose sur l'anecdote suivante : Un avocat qui plaidait en latin avait à soutenir les droits d'un certain Mathias sur un certain coq; il répéta si souvent gallus Mathiae (le coq de Mathias) qu'il s'embrouilla et finit par dire galli Mathias (Mathias du coq).

Les savants, trop sérieux pour admettre des étymologies pour rire, ont fait remonter galimatias à polymathie qui signifie diversité de sciences. Ceux qui ont la mémoire chargée de beaucoup de choses sont d'ordinaire confus et s'expriment mal.

Gros-Jean qui veut en remontrer à son curé. Cela veut dire un homme simple qui prétend être plus fin qu'un homme d'esprit, un ignorant qui veut faire la leçon à un savant.

On raconte sur ce proverbe la petite histoire que voici Un curé, prêchant sur la multiplication des pains, fit un lapsus linguae et dit que Jésus-Christ avait nourri cinq hommes avec cinq mille petits pains. Gros-Jean trouva que ce n'était pas très difficile, et en glosa dans le village en se moquant du curé. Celui-ci reprit le même sujet le dimanche suivant et interpellant Gros-Jean lui cria: Tu entends, Gros-Jean, cinq mille hommes avec cinq petits pains; en ferais-tu autant? Pardine, oui, monsieur le curé, repartit Gros-Jean, avec les restes de dimanche.

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Huguenots.

Ce mot qui servit à désigner en France les partisans de la réformation, les protestants français, a été expliqué de diverses manières. L'étymologie acceptée est celle qui le fait venir d'Eidgnoten, en bas allemand pour Eidgenossen, confédérés, hommes liés par un serment.

Le nom d'Eignot, dérivé de Eidgenossen, avait été pris à Genève par les partisans de la liberté, qui avaient formé des alliances avec les confédérés Suisses.

Le bon billet qu'a La Châtre.

On dit en plaisantant: Ah! le bon billet qu'a La Châtre d'un billet sans valeur, d'un engagement qui court grand risque de n'être pas tenu, et voici l'anecdote qui a donné naissance à cette expression.

Le marquis de La Châtre aimait tendrement Ninon de l'Enclos. Obligé par un voyage de la quitter pendant quelque temps, il voulut avoir un gage de sa sincérité, et lui demanda de s'engager

par écrit à lui rester fidèle. Ninon signa, le marquis partit, et Ninon oublia bientôt promesse et signature. Quand par hasard son billet lui revint en mémoire, elle ne put s'empêcher de s'écrier: Ah! le bon billet qu'a La Châtre !

Ménager la chèvre et le chou.

Cette locution s'applique à ceux qui trouvent moyen de rester en bons rapports avec des adversaires, de manoeuvrer pour leur profit entre des partis opposés. L'art de ménager la chèvre et le chou est surtout l'art des politiciens.

Le proverbe a pour base l'innocent problème que voici : Un homme doit faire passer dans son bateau un loup, une chèvre et un chou, et il ne peut en prendre qu'un à la fois. Comment fera-til pour qu'en son absence le loup ne mange pas la chèvre ni la chèvre le chou?

Mettre au violon.

Mettre quelqu'un au violon c'est le mettre en prison. Autrefois on disait : mettre au psalterion. Le mot psalterion s'employait pour exprimer les sept psaumes de la pénitence. Mettre au psalterion c'était donc mettre aux sept psaumes, mettre en pénitence. Dans l'acception plus ordinaire le psalterion était un instrument à sept cordes, dont on jouait avec un archet. Quand le psalterion passa de mode, on y substitua dans la locution le violon, qui était devenu le roi des instruments.

Les tapageurs nocturnes, ramassés par le guet du moyen âge, allaient passer la nuit au psalterion; au 19e siècle ils vont la passer au violon.

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