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Jugement de la Tragédie d'HORACE. 143

Le fecond Acte de la Piéce eft un des plus pathétiques qui ayent encore paru fur la scène, & le troisième un des plus artificieux. Mais le cinquième donne affés peu de fatisfaction, parce qu'il est tout en plaidoyers, & que ce n'eft point là la place des barangues ni des longs difcours.

Mr. Pelliffon dit que fur le bruit qui courut qu'on feroit encore des Obfervations & un nouveau fugement fur cette piéce comme on avoit fait fur le Cid, Mr. Corneille n'en parut pas fort ému. Horace, dit il, fut condamné par les duumvirs, mais il fut abfous par le peuple, faifant allufion au Cardinal de Richelieu & à une autre perfonne de la premiere qualité, qui avoient demandé la cenfure du Cid avec empreffement.

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CINNA,

ου

LA CLEMENCE

D'AUGUSTE,

TRAGEDIE.

HORAT..... cui lecta potenter erit res
Nec facundia deferet hunc, nec lucidus ordo?

N

ACTEURS.

OCTAVE CESAR AUGUSTE, empereur de Rome.

LIVI E, impératrice.

CINN A, fils d'une fille de Pompée, chef de la conjuration contre Augufte..

MAXIME,' autre chef de la conjuration.

EMILIE, fille de C. Toranius, tuteur d'Augufte, & profcrit par lui durant le triumvirat.

FULVIE, confidente d'Æmilie.

POLYCLE T E, affranchi d'Augufte.

EVAND R E, affranchi de Cinna.

EUFOR B E, affranchi de Maxime.

La fcéne eft à Rome.

CINN A,

TRAGEDIE.

ACTE PREMIER. SCENE PREMIER E.

EMILI E.

MPATIENS défirs d'une illuftre vengeance,
Dont la mort de mon pere a formé la naissance,
Enfans impétueux de mon reffentiment,

Que ma douleur féduite embraffe aveuglément,
Vous prenez fur mon ame un trop puiffant empire:
Durant quelques momens fouffrez que je refpire;
Et que je confidere, en l'état où je suis,

Et ce que je hazarde, & ce que je poursuis.
Quand je regarde Augufte au milieu de fa gloire,
Et que vous reprochez à ma trifte mémoire
Que par la propre main mon pere maffacré
Du trône où je le vois fait le premier degré ;
Quand vous me préfentez cette fanglante image,
La cause de ma haine, & l'effet de sa rage,
Je m'abandonne toute à vos ardens transports,
Et crois pour une mort lui devoir mille morts.
Au milieu toutefois d'une fureur fi jufte,
J'aime encor plus Cinna que je ne hais Auguste;
Et je fens refroidir ce bouillant mouvement,
Quand il faut pour le fuivre exposer mon amant.

N 2

Oui,

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