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JOURDAIN.

Me.

Je confens auffi à cela.

M. JOURDAIN.

C'est pour luy faire accroire.

DORANT E.

Il faut bien l'amufer avec cette feinte.

M. JOURDAIN.

Bon, bon. Qu'on aille vite querir le Notaise.
DORANTE.

Tandis qu'il viendra, & qu'il dreffera les contracts, voyons nôtre Balet, & donnons en le divertiffement à Son Alteffe Turque.

M. JOURDAIN.

C'eft fort bien avifé, allons prendre nos places. Me. JOURDAIN.

Et Nicole ?

M. JOURDAIN.

Je la donne au Truchement; & ma femme, à qui la voudra.

COVIELLE.

Monfieur, je vous remercie. Si l'on en peut voir un plus fou, je l'iray dire à Rome.

La Comedie finit par un petit Balet qui avoit été preparé.

PREMIERE ENTRE' E..

UNhomme vient donner les livres du Balet, qui d'abord eft fatigué par une multitude de gens. de Provinces differentes, qui crient en Mufique pour en avoir, & par trois importuns qu'il trouve tou jours fur fes pas.

DIALOGUE DES GENS.
qui en Mufique demandent des livres.

TOUS..

A Moy, Monfieur, amoy de grace, amoy Monfieurs
Un livre, s'il vous plaît, à vôtre Serviteur
Homme du bel air.

Monfieur, diftinguez nous parmy les gens qui crient.
Quelques livres ici, les Dames vous en prient ».

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Autre Homme du bel air..

Flola Monfieur, Monfieur, ayez la charité,
D'en jetter de notre côté.
Femme du bel air.

Mon Dieu qu'aux Perfonnes bien faites,
On fait peu reødre honneur ceans.
Autre Femme du bel air.

Ils n'ont des livres & des bancs,
Que pour Mesdames les Grifettes.
Gascon.

Aho! P'homme aux libres, qu'on m'en vaille,-
Jay déja le poumon ufé,

Bous boyez que chacun me raille,

Et je fuis efcandalisé

De boir és mains de la Canaille,
Ce qui m'est par bous refufé.
Autre Gafcon.

Eh cadedis, Monfen, boyez qui l'on påt être :
Un libret, je bons prie, au Varon d'Asbarat.
Je pense, mordy, que le fat

N'a pas l'honneur de me connoître.
Le Suiffe.

Monfieur le donneur de papieir,
Que veul dire fty façon de fifre,
Mey l'écorchair tout mon gofieir

A crieir,

Sans que je powore afoir ein Lifre;
Pardy, mon foy, Mon'-fieur, je pense fous l'être ifre.

Vieux Bourgeois babillard.
De tout ceci franc & net,
Je fuis mal fatisfait;
Et cela fans doute eft laid,
Que notre Fille

Si bien faite & fi gentille,
De tant d'Amoureux l'objet,
N'ait pas à fon fouhait
Un livre de balet,
Pour lire le fajet

Du divertiffement qu'on fait,
Et que toute notre famille
Si proprement s'habille,
Pour être placée an fommet
De la falle, où l'on met

Les

Les gens de l'entriguet :
De tout ceci franc & net
Je fuis mal fatisfait,

Et cela fans doute eft laid.
Vieille Bourgeoife babillarde.
11 eft vray que c'est une bonte,
Le fang au visage me monte,
Et ce Jetteur de vers qui manque au capital,
L'entend fort mal;

C'est un brutal,

Un vray cheval,
Franc animal,

De faire fi peu de conte
D'une Fille qui fait l'ornement principal
Du quartier du Palais Royal,
Et que ces jours paffez un Comte
Fut prendre la premiere au bal.
11 l'entend mal,
C'est un brutal,

Un vray cheval,

Franc animal.

Hommes & femines du bel air.

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Bentre je fuis à vous.

Autre Galcon.

J'enrage, Dieu me damne,
Suifle.

Ab que ly faire faif dans fly fal de cians.

Je murs.

Galcon.

Autre Gafcon.

Je pers la tramontane.

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Suiffe.

Mon foy moy le foudrois être hors de dedans.

Vieux Bourgeois babillard.
Allons, mamie,

Suivez mes pas,
Je vous en prie,

Et ne me quittez pas,
On fait de nous trop peu de cas,
Et je fuis las
De ce tracas:
Tout ce fracas,
Cet embarras

Me pefe par trop fur les bras:
S'il me prend jamais envie
De retourner de ma vie
A Balet ny Comedie,

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Je veux bien qu'on m'eflropie,

Allons, mamie,

Suivez mes pas,
Je vous en prie,

Et ne me quittez pas,
On fait de nous trop peu de cas.
Vieille Bourgeoife babillarde.
Allons mon mignon, men Fils,
Regagnons nôtre logis,

Et fortons de ce tandis,
O l'on ne peut être affis;
Ils feront bien tbobis

Quand ils nous verront partis.

Trop de confufion regne dans cette Salle,
Et j'aimerais mieux être au milieu de la Halle;
Si jamais je reviens à femblable regale,
Je veux bien recevoir des foufflets plus de fix.
Allens mon mignon, mon Fils,
Regagnons notre logis,

Et fortons de ce tandis,

Où l'on ne peut être affis
TOUS.

A moy, Monfieur, à moy de grace, à moy Monfieur, Un livre, s'il vous plaît, à vitre Serviteur.

SE

SECONDE ENTRE' E.
Les trois Importuns dancent.

TROISIE' ME ENTRE' E.
Trois Efpagnols Chantent.

Sè que me muero de amor
Tfolicito el dolor.

A un muriendo de querer
De tan buer ayre adolefco
Que es mas de lo que padezco
Lo que quiero padecer
I non pudiendo exceder
A mi defco el rigor.

Sé que me muero de amor
Tfolicito el dolor.

Lifonfi came la fuerte
Con piedad tan advertida,
Que me affeguura la vida
En el riesgo de la muerte
Vivir de fugolpe fuerte
Et de mi falud primer.

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