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breu, tel que nous l'avons aujourdhui, là ce Texte doit néceffairement avoir été altéré; & qu'il y ait effectivement été altéré, c'eft ce que l'infpection de plufieurs MSS. met hors de contefte. Nous en donnerons un exemple. Pour prouver que Jefus eft le Chrift, & que fa refurrection avoit été prédite, S. Pierre & St. Paul en appellent au Pfeaume XVI. . 10. où David, felon eux, a dit. Tu ne permettras point que tan bien aimé fente la corruption mais aujourd'hui l'Hébreu de nos Bibles ne porte pas, ton bien aimé au fingulier, il portes les bien aimés au pluriel, & parlà toute la force de l'argument des SaintsApôtres eft énervée, Rien donc de plus naturel que de dire qu'il y a eu en cet endroit une faute dans les MSS. dont on s'eft fervi pour faire l'Edition de nos Bibles; & heureusement la Maffore elle même en a averti; mais fuppofé qu'elle n'en eût pas averti; & qu'on n'en eut jugé ainfi que par refpect pour la parole des Apôtres, il fe trouve aujourd'hui que les MSS. confirment hautement la manière de lire de St. Pierre & de St. Paul Le P. Houbigant avoit déjà annoncé 4 MSS. où on lit au fingulier, ton bien aimé ; à présent c'eft bien autre chofe; fur 31 MSS. que M. KENNICOTT a confultés, il en a trouvé 27. qui lifent de même au fingulier, & ce font précisement les plus anciens, & les plus corrects. Que diroient les Buxtorfs, &

& les Surenbufius à cet exemple! Quel triomphe pour les Cappel!

Après les Ecrits des Auteurs du N. T. Philon & Jofephe ne feroient pas entièrement inutiles pour aider à rendre à quelques paffages du V. T. leur pureté originale. Mais la Verfion Syriaque y contribueroit tout autrement. On la croit de la fin du premier fiècle ; généralement parlant elle est fort littérale, & il eft fenfible qu'elle fut faite fur des MSS. moins altérés que ceux qui ont fervi à l'Edition du Texte Sacré aujourd'hui. On trouve ici dix exemples de corrections à faire par le moyen de cette Version, qui toutes font confir mées, ou par des MSS. ou par des paffages parallèles. Par exemple, au lieu que Prov. XXVI, 4,5, nous lifons dans l'Hébreu. Ne réponds point au fou felon fa folie &c. Réponds au fou felon fa folie, &c. la Verlion Syriaque traduit le y. 5. Réponds au fou felon ta propre fageffe, depeur qu'il ne s'eflime être fage, ce qui fait un beau fens, le même que la Paraphrafe Chaldafque a exprimé, & que le célèbre Scbyltens a adopté.

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Nous ne faurions fuivre notre Auteur dans fes favantes remarques, fur l'usage qu'on pourroit faire des Versions d'Aquila de Symmaque, de Theodotion &c. moins encore pouvons nous entrer dans le détail curieux des recherches, qu'il a accumulées fur les Hexaples d'Origènes Ce long mor

ceau

ceau plein d'érudition, annonce une lecture laborieuse de tout ce qui a paru de meilleur fur la matière. En parlant des Verfions Grecques qu'Origène avoit fait entrer dans fes Hexaples pour les comparer avec l'Hebreu, M. KENNICOTT raffemble quantité d'obfervations intéreffantes tant fur le MS. des LXX. qui fe conferve au Vatican que fur le MS. d'Alexandrie qui eft un des riches dépots du Musée Britannique. Le premier fut publié à Rome par ordre de Sixte V. en 1587. comme écrit avant l'année 387, mais, felon M. Blanchini, on doit en avancer la date de quelques années Une lettre que Zacagni Bibliothécaire du Vatican écrivoit à Grabe le 29 Nov. 1704. dimínue un peu le mérite de cette Edition. Le favant Italien y témoigne que le MS fur lequel elle a été faite, & au quel manquent les 46 premiers chapitres de la Genèfe avec 32 Pfeaumes, avoit été renouvellé par les mains fidèles & habiles d'un homme docte, qui avoit repaffé avec de nouvel ancre fur chaque caractère pour le rendre plus lifible, & mis par tout des accens, mais fouvent de travers, &, ce qu'il importe encore d'avantage d'obferver, que quelques fois les Editeurs y avoient admis par prétérence quelques leçons tirées d'autres MSS. Comme cette Lettre n'a jamais été rendue publique, M. KENNICOTT la fait imprimer ici tout au long. Nous en exA s

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traiterons le dernier passage que nous venons d'indiquer, afin qu'on ne croie pas que notre Auteur en tire une conclufion trop fevère au préjudice de l'Edition Romaine des LXX, en affurant que l'on n'a aucune certitude qu'elle ait partout exprimé avec exactitude le MS. du Vatican. Grabe auroit fouhaité que quelqu'un collationnat_toute cette Edition avec le fameux MS. Zacagni lui envoye quelques Variantes toutes prifes du Prophète Ofée, & ajoute. Ex bis difcrepantibus lectionibus tibi judicandum relinquam, vir Clariffi me, an totum Codicem cum accuratiffima editione Romana operæ pretium effet conferre, cum in paucis nullius ferme ponderis, modo unum alterumque excipias, ab eodem Codice, in toto Ofea & tribus Ezechielis capitulis, ea de caufa differre deprehendatur, quod alterius potius fcripti Codicis lectiones doctiffimi Virique editionem curarunt, interdum fequi maluerint. Il eft certain que, puifque les Editeurs des LXX. du Vatican ont préféré, en quelques endroits aux leçons de ce MS., les leçons de quelque autre MS, & qu'ils n'ont pas marqué expreffément ces endroits là, on ne pourra jamais dire avec affurance de quelle manière tel ou tel Texte eft rendu dans le MS. du Vatican jufqu'à ce qu'on ait fait, ce que Grabe fouhaitoit, une collation exacte de toute l'Edition Romaine avec ce MS. en entier.

Pour

Pour ce qui eft après cela du MS. d'A lexandrie que Grabe a jugé de la fin du IV. fiècle vers l'an 396, mais que Mill & Wetftein ont cru plus moderne d'environ cent ans, il eft parfaitement connu. Grabe en a donné une notice exacte dans les Prolegomènes de fa magnifique Edition des LXX. d'Oxford, Edition que M. Breitinguer a rendue encore plus parfaite, foit en corrigeant les fautes d'impreffion qui s'y étoient gliffées, foit fur tout en y ajoutant aux bas des pages les Variantes de l'Edition Romaine, pour ne rien dire des morceaux de critique qu'il y a joint, & fur tout des incomparables Prolegomènes qu'il a mis a la tête du Tome III. de fon Edition. Ce MS. approche plus du Texte des LXX. felon les Hexaples d'Origène que le MS. du Va. tican, mais celui ci à fon tour approche plus de l'ancienne Verfion Grecque non retouchée par Origène, & fi ce dernier a fes Interpolations & fes défauts, le MS. d'Aléxandrie en a auffi qui lui font propres, & dont notre Auteur fe fait un devoir d'indiquer les caufes & les fources, d'après Gra be, Montfaucon & Mr. Blanchini. Leprincipal exemple qu'il donne de ces Interpolations, eft tiré des remarques que M. Pilkington a faites fur l'hiftoire de Goliath dans les Chap. XVII, & XVIII. du I. Livre de Samuel, remarques dont il prétend prouver amplement la folidité; pleinement convaincu que plufieurs endroits de cette

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