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1000, & que, du tems de Sévère & de Dioclétien, il étoit dans une proportion moindre que celle de 965 à loco. Le pied de Londres eft à celui de Paris, fuivant Mr. Kaper, comme 100 à 1065 4.

Le dernier Article, qui nous refte à indiquer, eft le LXXVI.qui contient des Obfervations fur une Médaille Samnite-Etrufque,par Mr. Swinton.

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ARTICLE SEPTIEME.

HISTOIRE DES TROUBLES DES CEVENNES, ou de la Guerre des Camifards, fous le Règne de Louis LE GRAND, tirée de Manufcripts fecrets & authentiques, & des Obfervations faites fur les lieux mêmes, avec une Carte des Cevennes. Par l'Auteur du Patriote Franfois & Impartial. A Villefranche, chez P. Chretien. 1760. 3 Tom. in 8. Tom. I. 467 pag. fans la Préface. Tom. II. 484 pag. Tom. III. 436,y compris laTable des Matières.

Ouvent la vérité ne fe montre que fort tard. L'hiftoire d'une Guerre, qu'on H 3 écrit

écrit dans le tems même des évenemens qui la compofent, n'eft bien fouvent qu'u-. ne compilation de bruits hazardés & de relations fauffes. Il eft peu d'Auteurs, affez impartiaux & affez bien inftruits, pour rapporter tous les faits avec l'exactitude qu'on fouhaite. Cela eft fur-tout vrai de l'hiftoire des guerres civiles & des guerres de Religion. Les efprits font trop animés, les paflions ont trop de feu, on a trop d'intérêt à favorifer le parti qu'on a embraffé, pour raconter naïvement & fans. les déguifer les évenemens, à mesure qu'ils fe développent, ou peu après qu'ils ont éclaté. Ce n'eft qu'au bout d'un certain tems que le rétabliffement du calme Jaiffe à l'efprit affez de liberté & de fa. geffe, pour découvrir la vérité au travers des voiles dont l'enthousiasme l'enveloppoit.

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Cette réflexion, dont cent expériences démontrent la jufteffe, doit s'appliquer à l'hiftoire des troubles des Cevennes. Elle a été écrite par divers Auteurs, foit Proteftans foit Catholiques Romains, avant ou peu de tems après la fin de la guerre des Camifards. Mais en combien de façons n'a-t-elle pas été altérée par les uns & par les autres? Pour la faire paroître telle que les amis de la vérité peuvent defirer de la voir, il falloit, qu'au bout de cinquante ans, il s'élevât un Ecrivain également judicieux, impartial & attentif à

ra

ramaffer tous les Mémoires, & à prendre les informations les plus capables de le bien inftruire, & de donner à fes relations toute l'authenticité & la certitude poffibles. C'eft l'éloge que nous devons à l'Auteur de l'Ouvrage que nous annonçons. Quels foins n'a-t-il pas pris pour être toujours exact & vrai? Peu content d'acquérir tout ce qui a été imprimé fur cette matière par les deux partis, il s'eft encore procuré à grands fraix des Manufcripts précieux, compofés par des Catholiques & par des Proteftans, tels que des Journaux dreffés fur les lieux, des Relations particulières, & une infinité de Lettres. De plus, il s'eft tranfporté fur les lieux mêmes où ́fe font paffés les évenemens qu'il raconte, & en a examiné fcrupuleufement & la fcène & un grand nombre de témoins oculaires. Il s'eft occupé de cet Ouvrage dès l'an 1713, & par conféquent dans un tems où la mémoire de ces faits étoit encore toute récente, & où les efprits en confervoient encore tous les détails.

Son but, en écrivant cette hiftoire, a été de montrer à quels excès peuvent fe porter les hommes, lorfqu'ils font conduits par l'efprit perfécuteur & par le fanatif. me, & d'infpirer à fes Lecteurs une jufte horreur contre l'intolérance, en les animant d'un zèle éclairé, doux, pacifique.

Un but fi digne de l'humanité & de la H 4

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cha

charité, ne peut qu'être applaudi. Et la lecture de cet Ouvrage devra plaire d'autant plus, que c'eft peut-être ici un des morceaux les plus extraordinaires de l'Hiftoire moderne. On ne peut voir qu'avec furprise une poignée des habitans des Cevennes, qui ne forment elles mêmes qu'une partie peu confidérable d'une des Province du Royaume de France, ofer se foulever contre leurs Maîtres, & efpérer de conferver par la force leurs biens, leur li berté & leur Religion, ou de faire échouer les cruels deffeins de leurs perfécuteurs. Jamais projet ne fut plus hardi, & ne fut foutenu avec plus de courage & de ferme. té. Cette petite troupe fans expérience, fans armes, fans magazins, fans autres Chefs que les plus déterminés d'entr'eux, fans places fortes, fans autre retraite que les bois & les cavernes des montagnes, réfifta, pendant plufieurs années, à la puiffance fi redoutée de Louis XIV, à un corps confidérable de fes troupes aguerries, & aux efforts de plufieurs Maréchaux de France, qui furent envoyés fucceffivement pour réduire ces mécontens, & l'on ne put enfin en venir à bout que par la voie de la douceur & des négociations. Cette hiftoire eft intéreffante parce qu'elle offre des traits de valeur héroïque, de fermeté inébranlable, d'industrie à trouver des reffources dans des circonstances, qui fem

bloient

bloient n'en laiffer plus, de fageffe à fe pourvoir d'habits & de munitions, à fe ménager des retraites affurées, à foigner les bleffés & les malades, à faire des magazins, à mettre les hôpitaux à l'abri de toute infulte. L'on y voit fans doute dans les uns des objets d'horreur, des cruautés inouies, des injuftices criantes, des trahifons abominables, des actes du fanatisme le plus outré & le plus abfurde; mais au milieu de ces excès, on remarque fouvent dans les autres tant de grandeur d'ame, tant de prudence, tant de conduite, tant d'attachement à la Religion, tant d'intrépidité aux approches de la mort, & dans les fupplices les plus douloureux, qu'on ne peut fouvent s'empêcher d'être ravi en admiration.

Bien des gens, il eft vrai, trompés par divers Hiftoriens partiaux ou mal inftruits, méprifent les Camifards & ne les regardent que comme des fcélérats, qui fe foulevèrent pour exercer leurs brigandages, & prirent le mafque de la Religion, pour at tirer dans leur révolte un plus grand nombre de gens fimples, & pour les gouverner par de prétendues révélations. D'autres ne les confidèrent que comme des Enthoufiaftes & des Fanatiques, qui, animés d'un zèle aveugle, indifcret & amer, fe croioient infpirés de l'Efprit de Dieu, ou fe livroient en gens crédules, & imbéciles

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