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ces arrondissements, qui s'ignorent elles-mêmes à ce point de vue, deviendraient facilement aptes à l'élevage du cheval et le produiraient, dans une certaine mesure, si l'on arrivait à démontrer aux agriculteurs qu'ils y ont un intérêt bien entendu.

2o Des moyens d'améliorer et d'augmenter la production chevaline dans le département de la Vienne.

Je vais aborder, Messieurs, la partie la plus importante de ce rapport, c'est-à-dire l'étude des moyens que votre commission croit les plus propres à améliorer d'abord, à augmenter ensuite la production chevaline, négligée, presque délaissée ou complètement abandonnée dans une partie de notre département.

Les considérations précédentes ont fait ressortir assez clairement, je l'espère, les motifs pour lesquel certaines régions ont complètement ou à peu près complètement renoncé à élever des chevaux.

Ces motifs consistent, pour certaines communes, dans la nature de leur sol, absolument impropre à l'élevage; pour d'autres, dans l'avantage plus grand qu'elles trouvent à cultiver les légumes et la vigne ; dans ces localités, nous n'avons rien à essayer, rien à espérer au point de vue spécial qui nous occupe; je dirai même que notre devoir, en tant que Société d'agriculture, est d'y conseiller le statu quo, dans l'intérêt bien entendu des cultivateurs.

Mais il est d'autres localités où, comme j'ai déjà eu occasion de le dire, on ne fait pas l'élevage du cheval, bien que le sol s'y prête admirablement, par la raison que cela n'entre pas dans les habitudes du pays. Là, notre champ d'action est largement ouvert, de même que

dans les régions où l'on se plaint, non sans raison, du reste, que l'élevage n'est pas rémunérateur, le prix de revient des produits dépassant presque toujours leur prix

de vente.

Nous aurons à examiner les moyens de modifier ce fâcheux état de choses et d'encourager la production chevaline partout où la nature du sol et les conditions économiques le permettent, mais là seulement, et nous ne perdrons pas de vue que l'élevage du cheval ne peut être avantageux qu'à la condition expresse de créer des produits aussi irréprochables que possible, à destination bien nette, d'une défaite facile, et cela par un choix intelligent et raisonné des reproducteurs, un élevage rationnel et au moins un commencement de dressage. Nous aurons en même temps à étudier les meilleurs moyens de créer des débouchés aux produits ainsi créés.

On voit donc que, dans cet ordre d'idées, le rôle de chacune des collectivités susceptibles d'avoir de l'influence sur l'élevage est tout tracé: les Sociétés d'agriculture ou Sociétés similaires agiront par des encouragements nombreux et des conseils, que les éleveurs devront suivre à la lettre, sous peine de marcher à d'amères déceptions, et l'Etat, tout en répandant lui-même conseils et encouragements de toute nature, et tout en veillant avec sollicitude au choix intelligent des reproducteurs, devra faire en sorte de créer, pour les produits, des débouchés suffisants et rémunérateurs.

Nous allons, si vous le voulez bien, examiner successivement et méthodiquement chacun des éléments de ce problème d'une importance capitale.

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A. Etant donnée une région où la présence de bonnes prairies naturelles permet l'élevage du cheval, la première chose à faire est de répandre, chez les agriculteurs, des notions simples et pratiques sur le modus

faciendi à employer pour l'effectuer dans les conditions les plus avantageuses.

Parmi les moyens d'arriver à ce résultat, nous avons d'abord l'enseignement donné par l'exemple de certains propriétaires compétents, bien placés pour faire de l'élevage et, de plus, susceptibles de donner des conseils et des avis rationnels à leurs voisins; nous avons, en outre, les conférences de toutes sortes faites par les professeurs d'agriculture, les vétérinaires, les instituteurs, qui devraient recevoir, dans les écoles normales primaires, un enseignement spécial sur ce sujet (1), et par vous-mêmes, Messieurs, dans les occasions où vous êtes appelés à entretenir les agriculteurs de leurs intérêts, comme dans les comices, les concours d'animaux, les concours agricoles, etc.; nous avons enfin le livre, et surtout la brochure mise à la portée de toutes les bourses et de toutes les intelligences, brochure toujours prête à remémorer à l'éleveur des notions données par la parole et qui ont momentanément disparu de sa mémoire : scripta manent, verba volant!

Eh bien, j'ai la satisfaction de vous annoncer que ces notions simples et pratiques, à la portée du petit éleveur, viennent d'être réunies et condensées par un des membres de votre commission, M. Ch. Flahault, dans un mémoire qui a fait l'objet à la Société des agriculteurs de France, d'un rapport fort élogieux de M. Leblanc, vétérinaire et membre de l'Académie de médecine, rapport dont je vous demanderai la permission de citer un passage qui vous donnera une idée suffisante de la manière dont le travail de notre collègue a été apprécié par cette Société aussi pratique que savante.

(1) Un cours élémentaire sur l'élevage du cheval, s'il n'existe pas dėja, serait utilement ajouté aux notions d'agriculture données dans les écoles normales.

« Le travail de M. Ch. Flahault, vétérinaire à Poitiers, est très remarquable à tous égards et me paraît remplir le but que s'est proposé la onzième section. Il traite brièvement de l'hygiène, des modes de reproduction, de la conception, sans entrer dans des considérations plus ou moins théoriques ni dans la gynécologie proprement

dite.

« Toute la partie qui a trait au sevrage, au régime, à l'éducation et au dressage des poulains est très bien faite et (j'attire votre attention sur ce point, Messieurs) donne des conseils sous une forme pratique, point important pour un ouvrage de vulgarisation. »

Le mémoire de M. Flahault est absolument remarquable, répète plus loin M. Leblanc ; il répond bien à ce qu'a demandé la section: Un petit cours d'élevage pratique à l'usage de l'éleveur modeste et du commençant. >>

D'autre part, le rapporteur sur l'attribution du prix agronomique à décerner en 1897, M. le vicomte de Vanssay, conclut ainsi : « Nous demandons que M. Flahault reçoive le prix agronomique de la onzième section (objet d'art), et nous ferons des démarches auprès de lui pour que ce travail, amendé dans le sens indiqué si judicieusement par M. Leblanc, soit imprimé par ses soins et vendu dans le commerce. >>

Je puis vous annoncer, Messieurs, que les modifications auxquelles il est fait allusion dans les rapports de MM. Leblanc et de Vanssay ont été faites et que le travail de M. Flahault va être prochainemment publié.

Si j'insiste quelque peu sur ce mémoire, c'est, d'abord, parce qu'il me paraît réunir toutes les conditions que nous devons rechercher dans un ouvrage de vulgarisation ; c'est, ensuite, parce qu'il émane d'un membre de votre

commission, dont il constitue, pour ainsi dire, l'un des travaux les plus importants; c'est, enfin, en raison des circonstances qui ont précédé son envoi à la Société des agriculteurs de France, circonstances que je ne saurais passer sous silence, car elles sont tout à l'honneur de notre collègue.

En effet, dans une des réunions préparatoires de votre commission chevaline, M. Flahault annonça qu'il avait préparé, pour la Société des Agriculteurs de France, un mémoire sur l'élevage du cheval, répondant à l'une des parties du programme de cette Société pour la session de 1897, et notre collègue ajouta spontanément qu'il abandonnerait très volontiers ce travail à la commission. Cette dernière, comme bien vous le pensez, insista vivement pour que son auteur lui donnât sa destination première, jugeant avec raison que si l'appréciation des Agriculteurs de France était favorable, le travail de M. Flahault n'en aurait que plus de valeur, ayant reçu, pour ainsi dire, une sorte de consécration, et remplirait d'autant mieux le but que se proposait la commission.

Et voilà comment notre Société se trouve actuellement en mesure de remplir l'une des conditions essentielles du programme de sa commission chevaline, qui est de répandre, par tous les moyens possibles, les saines notions sur l'élevage du cheval. Nous possédons aujourd'hui un véritable manuel, simple et pratique, guide du petit éleveur... et même du grand.

Le choix raisonné des

B. Des reproducteurs. géniteurs constitue, vous le savez, et il n'est pas besoin d'y insister, l'un des points les plus importants de l'élevage du cheval.

En ce qui concerne les géniteurs mâles, il a été dit déjà que deux conditions principales sont nécessaires pour obtenir de bons produits :

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