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Être tiré à quatre épingles.

C'est une autre paire de manches.

Mettre flamberge au vent.

524. Exercice. Même exercice que plus haut. Rompre la glace.

En faire des gorges chaudes.

Employer toutes les herbes de la Saint-Jean.
Qui compte sans son hôte compte deux fois.
Avoir martel en tête.

Un panier percé.

Être bas percé.

Perdre la tramontane.

525. Eexrcice.

Lire et expliquer la fable suivante en indiquant les changements orthographiques survenus depuis cette époque. Transcrire le même morceau en prose moderne.

Le rat et la belette.

II advint d'aventure un jour qu'une belette,
De faim, de pauvreté, grêle, maigre et défaite,
Passa par un pertuis dans un grenier à blé;
Et sur un grand monceau de froment assemblé,
La gloute, elle mangea par si grande abondance,

Que comme un gros tambour s'enfla sa grosse pance :
Mais voulant repasser par le pertuis étroit,

Trop pleine, elle fut prise en ce petit détroit.
Un compère de rat lors lui dit : « 0 commère,

Si tu veux ressortir, un long jeûne il faut faire :
Que ton ventre apetisse il faut avoir loisir,
Ou bien en vomissant perdre le grand plaisir
Que tu pris en mangeant; tant, que ton ventre avide,
Comme vide il entra puisse retourner vide.

Autrement par le trou tu ne repasseras,

Mais au danger des coups tu nous demeureras.»

VAUQUELIN DE LA FRESNAYE (1536-1606).

EXPLICATIONS

Belette, de bel, c'est-à-dire la jolie petite bête.

Pertuis, du latin pertusium, percé.

Gloute, du latin gluto, glouton.

Apetisse, rapetisse.

En vomissant, expression un peu triviale.

Au danger des coups, en danger de recevoir des coups.

APPENDICE

NOTIONS DE VERSIFICATION

EXERCICES

526. Exercice. - Lire ou copier le morceau suivant et rétablir les vers. (Ces vers sont de huit et de douze syllabes, à rimes croisées.)

De l'Indiscrétion.

Quand vous méditez un projet, ne publiez point votre affaire. D'un langage indiscret toujours on se repent, et du mystère presque jamais. Le causeur dit tout ce qu'il sait, l'étourdi ce qu'il ne sait guère; les jeunes, ce qu'ils font, les vieux ce qu'ils ont fait et les sots ce qu'ils veulent faire.

527. Exercice. - Lire ou copier le morceau suivant, en rétablissant les vers. (Ces vers sont de douze et de huit syllabes, à rimes embrassées.)

Extase.

Par une nuit d'étoiles, j'étais seul près des flots. Aux cieux, pas un nuage, pas de voiles sur la mer. Mes yeux plongeaient plus loin que le monde réel; et les bois et les monts, et toute la nature semblaient, dans un murmure confus, interroger les flots des mers, les feux du ciel.

Et les étoiles d'or, légions infinies, en inclinant leurs couronnes de feu, disaient à voix haute, à voix basse, avec mille harmonies; et les flots bleus que rien n'arrête et ne gouverne, en recourbant l'écume de leur crète, disaient : « C'est le Seigneur, le Seigneur Dieu! >>

528. Exercice. Lire ou copier le morceau suivant, en rétablissant les vers. (Ces vers sont de huit syllabes, à rimes croisées et redoublées.) — Faire la description d'un beau lever de soleil en été, en s'inspirant du canevas ci-dessous.

Le Matin.

L'agneau bêle, l'oiseau chante, au berceau, l'enfant gazouille; la voix de l'homme se mêle au bruit de l'eau et des vents; l'air frémit, l'épi frissonne, l'insecte bourdonne au soleil; l'airain pieux qui résonne rappelle le premier soupir du jour au Dieu qui le donne. Tout vit, tout remue, tout luit. Dans la nue, c'est l'aurore. C'est la terre qui salue l'astre de vie et d'amour.

529. Exercice. - Lire ou copier le sonnet suivant en rétablissant les vers. (Ces vers sont de douze syllabes.)

A Doris.

Doris, qui sait que je me plais quelquefois aux vers, me demande un sonnet, et je m'en désespère; quatorze vers, le moyen de les faire? Grand Dieu! Cependant, en voilà déjà quatre de faits.

D'abord, je ne pouvais trouver de rime; mais, en faisant, on on apprend à se tirer d'affaire. Poursuivons; si je puis faire les frais du premier tercet, les quatrains ne m'étonneront guère.

Au hasard, je commence; et, si je ne m'abuse, de ma muse, je n'ai pas commencé sans l'aveu, puisque je m'en tire tout net et en si peu de temps.

J'entame le second, et, extrême est ma joie, car j'achève le treizième des vers commandés; comptez s'ils sont quatorze, et voilà le sonnet.

530. Exercice.

Lire ou copier le sonnet suivant, en rétablissant les vers.

(Ces vers sont de douze syllabes.)

Maris Stella.

Les femmes, sous les coiffes de lin, croisant leurs bras vêtus de mince percale ou de laine rude, toutes à genoux sur le roc de la cale, regardent l'Océan blanchir l'île de Bas.

Les hommes, maris, fils, pères, amis, avec ceux d'Audierne, de Cancale et de Paimpol, sont partis pour la lointaine escale, là-bas, vers le Nord. Que de hardis pêcheurs qui ne reviendront pas !

Le chant plaintif s'élève par-dessus la rumeur des côtes et de la mer, invoquant à haute voix l'Étoile sainte, espoir des marins en péril;

Et, dans le ciel rose et pâle, s'envole, tinte et meurt l'Angelus, courbant tous ces fronts noirs de hâle, des rochers de Sibyril à ceux de Roscoff.

SUJETS DE COMPOSITIONS FRANÇAISES

La dent d'or.

En 1593, le bruit courut que, les dents étant tombées à un enfant de Silésie âgé de sept ans, il lui en était venu une d'or à la place d'une de ses grosses dents..

Dans les universités du Saint-Empire, docteurs et étudiants rivalisèrent de génie pour expliquer le miracle ou la merveille de cette dent les imprimeurs en profitèrent.

Le bruit durait depuis un an, quand un orfèvre qui vit la dent déclara qu'une feuille d'or y avait été appliquée avec beaucoup d'adresse. Morale à tirer.

Un fripon qui se condamne lui-même.

Un Arabe, Sétoc, redemanda un jour à un Hébreu 500 onces d'argent qu'il lui avait prêtées. Comme les témoins de ce prêt étaient morts, l'Hébreu refusa de rendre l'argent.

Sétoc confia sa peine à Zadig. Celui-ci s'informa soigneusement de l'endroit où l'argent avait été compté, et ayant appris que c'était sur une large pierre près du mont Horeb et que l'Hébreu était vif et impatient, il se chargea de plaider la cause de l'Arabe. Le jour venu, il se présenta devant le juge pour Sétoc et réclama l'argent.« Où sont vos témoins? dit l'Hébreu. Ils sont morts, répondit Zadig, mais si le juge permet qu'on aille chercher la pierre où l'argent fut compté, elle viendra témoigner. Nous l'attendrons ici, Sétoc et moi. » Le juge accepta et expédia d'autres affaires.

A la fin de l'audience, le juge demanda en riant à Zadig où était sa pierre. L'Hébreu se mit à rire et s'écria: « Elle n'est pas près d'arriver, se trouvant à 6 milles d'ici, et demandant au moins quinze hommes pour la remuer, car elle est gigantesque. J'avais bien dit, reprit Zadig, que la pierre témoignerait : il avoue donc que c'est sur elle que l'argent fut compté. » L'Hébreu avoua tout, et fut condamné à rendre l'argent reçu.

VOLTAIRE (Zadig).

Le faquin et le rôtisseur.

Devant une rôtisserie du Petit-Châtelet, un faquin (un portefaix)

affamé mangeait son pain à la fumée du ròt. Le rôtisseur, quand il eut fini, lui réclama le prix de la fumée; mais le faquin prétendait ne rien devoir, n'ayant rien endommagé, rien pris. La fumée n'était point une marchandise qui se vendait à Paris.

Ils allaient en venir aux mains, et le peuple s'assemblait, quand Seigni Joan le Fol, citadin de Paris, qui passait là, fut prié par le rôtisseur de trancher le débat. Les parties entendues, Seigni Joan demanda au faquin une pièce d'argent que celui-ci lui remit. Seigni Joan la soupesa, la fit sonner sur la paume de sa main, et observa si elle était bien marquée. Tous se taisaient : le rôtisseur attendait et le faquin désespérait. Joan jeta la pièce une dernière fois sur le comptoir, puis, ayant gravement toussé, rendit l'arrêt suivant : « Le faquin a son pain mangé à la fumée du rôt, civilement a payé au son de argent », et il renvoya les parties.

RABELAIS (III liv., ch. 37, Faits et Dits héroïques du bon Pantagruel).

Mateo Falcone.

Mateo Falcone, riche paysan corse, renommé par sa bravoure et son honnêteté, quitta un jour sa maison avec sa femme pour aller visiter ses troupeaux. Il y laissa son fils Fortunato, àgé de dix ans, l'héritier de son nom, disait-il; car il ne comptait pour rien trois filles, d'ailleurs mariées.

Lui parti, un bandit, poursuivi par les gendarmes, arriva blessé d'un coup de feu et supplia Fortunato de le cacher au nom de Mateo Falcone.

L'enfant ne se détermina qu'à la vue d'une pièce de cinq francs, et l'aida à se dissimuler sous une meule de foin.

Les gendarmes arrivèrent. Le chef, cousin de Mateo, interrogea l'enfant, n'en put d'abord rien tirer que des réponses niaises; il fit donner un coup de baïonnette dans la meule par excès de conscience, et se disposa à partir. Auparavant, il essaya encore de tenter l'enfant par des caresses et des présents, et lui offrit sa montre, s'il voulait indiquer la retraite du bandit. Fortunato hésita tant qu'il put douter de la parole de son cousin, puis désigna du doigt la meule, d'où l'on tira le bandit.

A cet instant, Mateo Falcone rentrait. Le chef le mit au courant de ce qui s'était passé. Quant au bandit, à qui Fortunato avait jelé les cinq francs reçus, après qu'il eut tenu la montre, il se contenta de jeter à la face de Mateo ce mot: maison de traitre. Les gendarmes l'emmenèrent.

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