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Allez, cuistre..

VADIUS.

PHILAMINTE.

Hé! messieurs, que prétendez-vous faire ?

TRISSOTIN à Vadius.

Va, va restituer tous les honteux larcins

Que réclament sur toi les Grecs et les Latins.

VADIUS.

Va, va-t'en faire amende honorable au Parnasse
D'avoir fait à tes vers estropier Horace.

TRISSOTIN.

Souviens-toi de ton livre, et de son peu de bruit.

VADIUS.

Et toi, de ton libraire, à l'hôpital réduit.

TRISSOTIN.

Ma gloire est établie, en vain tu la déchires.

VADIUS.

Oui, oui, je te renvoie à l'auteur des satires.

Je t'y renvoie aussi.

TRISSOTIN.

VADIUS.

J'ai le contentement

Qu'on voit qu'il m'a traité plus honorablement.
Il me donne en passant une atteinte légère,
Parmi plusieurs auteurs qu'au Palais on révère;
Mais jamais, dans ses vers, il ne te laisse en paix,
Et l'on t'y voit partout être en butte à ses traits.

TRISSOTIN.

C'est par là que j'y tiens un rang plus honorable.
Il te met dans la foule ainsi qu'un misérable,
Il croit que c'est assez d'un coup pour t'accabler,
Et ne t'a jamais fait l'honneur de redoubler.
Mais il m'attaque à part comme un noble adversaire,
Sur qui tout son effort lui semble nécessaire ;
Et ses coups, contre moi redoublés en tous lieux,
Montrent qu'il ne se croit jamais victorieux.

VADIUS.

Ma plume t'apprendra quel homme je puis être.

TRISSOTIN.

Et la mienne saura te faire voir ton maître.

VADIUS.

Je te défie en vers, prose, grec et latin.

TRISSOTIN.

Hé bien ! nous nous verrons seul à seul chez Barbin.
Les Femmes savantes, acte III, scène 5.

V. DON JUAN, M. DIMANCHE ET SGANARELLE.

DON JUAN, voulant éviter les réclamations de M. Dimanche à qui il doit, lui fait de grandes civilités.

Ah! monsieur Dimanche, approchez; que je suis ravi de vous voir, et que je veux de mal à mes gens, de ne vous pas faire entrer d'abord! J'avais donné ordre qu'on ne me fit parler à personne, mais cet ordre n'est pas pour vous, et vous êtes en droit de ne trouver jamais de porte fermée chez moi.

M. DIMANCHE.

>> Je vous suis fort obligé.

D. JUAN parlant à ses laquais.

>> Parbleu ! coquins, je vous apprendrai à laisser M. Dimanche dans une antichambre, et je vous ferai connaitre les gens.

M. DIMANCHE.

Monsieur, cela n'est rien.

D. JUAN.

>> Comment? vous dire que je n'y suis pas; à monsieur Dimanche, au meilleur de mes amis.

M. DIMANCHE.

› Monsieur, je suis votre serviteur. J'étais venu...

D. JUAN.

» Allons, vite, un siége pour M. Dimanche ?

M DIMANCHE.

Monsieur, je suis bien comme cela.

D. JUAN.

› Point, point; je veux que vous soyez assis comme moi.

M. DIMANche.

» Cela n'est point nécessaire.

D. JUAN.

» Otez ce pliant, et apportez un fauteuil.

M. DIMANCHE.

» Monsieur, vous vous moquez, et...

D. JUAN.

› Non, non, je sais ce que je vous dois, et je ne veux point

qu'on mette de différence entre nous deux.

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» Il n'est pas besoin, monsieur, et je n'ai qu'un mot à vous dire. J'étais...

D. JUAN.

› Mettez-vous là, vous dis-je?

M. DIMANCHE

» Non, monsieur, je suis bien; je viens pour...

D. JUAN.

» Non, je ne vous écoute point, si vous n'êtes point assis.

M DIMANCHE.

› Monsieur, je fais ce que vous voulez. Je...

D. JUAN.

>> Parbleu ! monsieur Dimanche, vous vous portez bien.

M. DIMANCHE.

» Oui, monsieur, pour vous rendre service. Je suis venu...

D. JUAN.

» Vous avez un fond de santé admirable, des lèvres fraîches, un teint vermeil et des yeux vifs.

» Je voudrais bien...

M. DIMANCHE.

D. JUAN.

› Comment se porte madame Dimanche, votre épouse?

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» Elle est votre servante, monsieur. Je venais...

D. JUAN.

» Et votre petite fille Claudine, comment se porte-t-elle ?

» Le mieux du monde.

M. DIMANCHE.

D. JUAN.

La jolie petite fille que c'est ! je l'aime de tout mon cœur.

M. DIMANCHE.

» C'est trop d'honneur que vous lui faites, monsieur. Je

vous....

D. JUAN.

› Et le petit Colin, fait-il toujours bien du bruit avec son tambour?

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Et votre petit chien Brusquet, gronde-t-il toujours aussi fort, et mord-il toujours bien aux jambes les gens qui vont chez vous?

M. DIMANCHE.

>> Plus que jamais, monsieur, et nous ne saurions en chevir.

D. JUAN.

> Ne vous étonnez pas, si je m'informe des nouvelles de toute la famille ; car j'y prends beaucoup d'intérêt.

M. DIMANCHE.

» Nous vous sommes, monsieur, infiniment obligés. Je.... D. JUAN (lui tendant la main).

>> Touchez donc là, monsieur Dimanche. Etes-vous bien de mes amis?

M. DIMANCHE.

>> Monsieur, je suis votre serviteur.

D. JUAN.

» Parbleu! Je suis à vous de tout mon cœur.

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>> Monsieur, vous avez trop de bonté pour moi.

D. JUAN.

› Et cela sans intérêt, je vous prie de le croire.

M. DIMANCHE.

» Je n'ai point mérité cette grâce, assurément. Mais, monsieur...

D. JUAN.

» Or ça, monsieur Dimanche, sans façon, voulez-vous souper avec moi ?

M. DIMANCHE.

» Non, monsieur, il faut que je m'en retourne tout-à-l'heure. Je....

D. JUAN (se levant).

>> Allons! vite un flambeau pour conduire monsieur Dimanche et que quatre ou cinq de mes gens prennent des mousquetons pour l'escorter.

M. DIMANCHE (se levant de même).

» Monsieur, il n'est pas nécessaire, et je m'en irai bien seul. Mais...

(Sganarelle ôte les siéges promptement).

D. JUAN.

› Comment! Je veux qu'on vous escorte, et je m'intéresse trop à votre personne; je suis votre serviteur, et de plus votre débiteur.

>> Ah! monsieur....

M. DIMANCHE.

D. JUAN.

» C'est une chose que je ne cache pas, et je le dis à tout le monde.

» Si.....

M. DIMANCHE.

D: JUAN.

» Voulez-vous que je vous reconduise?

M. DIMANCHE.

>> Ah! monsieur! vous vous moquez. Monsieur......

D. JUAN.

>> Embrassez-moi donc, s'il vous plaît; je vous prie encore une fois d'être persuadé que je suis tout à vous, et qu'il n'y a rien au monde que je ne fisse pour votre service.

SGANARELLE.

(Il sort.)

>> Il faut avouer que vous avez en monsieur un homme qui vous aime bien.

M. DIMANCHE.

› Il est vrai, il me fait tant de civilités et tant de compli ments, que je ne saurais jamais lui demander de l'argent.

SGANARElle.

et

Je vous assure que toute sa maison périrait pour vous, je voudrais qu'il vous arrivât quelque chose, que quelqu'un s'avisat de vous donner des coups de bâton, vous verriez de quelle manière....

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