Ouvrages du même Auteur. 1o LE CHRÉTIEN SANCTIFIÉ PAR L'EUCHARISTIE, 1 fort vol. in-18. Seconde édition. 2o LE CALVAIRE, OU DEVOTION A JÉSUS-CHRIST SOUFFRANT. 1 fort vol. in-18. 3o ÉLOQUENCE ET POÉSIE DES LIVRES SAINTS. 1 vol. in-8°. Seconde édition. 40 HISTOIRE DE L'ÉLOQUENCE ANCIENNE, avec des jugements critiques sur les plus célèbres orateurs, et des extraits nombreux et étendus de leurs chefs-d'œuvre. 1 vol. in-8°. Troisième édition. 5o HISTOIRE DE L'Eloquence dES SAINTS PÈRES, etc. 1 vol. in-8° Troisième édition. 6o HISTOIRE DE L'ÉLOQUENCE MODERNE. 2 vol. in-8°. Troisième édition. 7° PRÉCIS DE L'HISTOIRE DE L'ÉLOQUENCE, etc. 1 vol. in-8°. Troisième édition. 8° HISTOIRE DE LA POÉSIE GRECQUE, avec des jugements critiques sur les plus célèbres poètes, et des extraits nombreux et étendus de leurs chefs-d'œuvre. 2 vol. in-8°. 90 HISTOIRE DE LA POÉSIE LATINE, etc. 2 vol. in-8°. 10° HISTOIRE DE LA POÉSIE CHRÉTIENNE, depuis l'origine jusqu'à la formation des langues modernes, etc. 1 vol. in-8°. 11° HISTOIRE DE LA POÉSIE FRANÇAISE au moyen-âge, etc. 1 vol. in-8°. 12o HISTOIRE DE LA POÉSIE FRANÇAISE au 16° siècle et dans la première partie du 17°, etc. 1 vol. in-8°. 13o HISTOIRE DE LA POÉSIE FRANÇAISE dans la seconde partie du 17e siècle, etc. 1 vol. in-8°. 14o Histoire de La POÉSIE FRANÇAISE au 18e siècle, etc. In-8°. L'Histoire de l'Eloquence et l'Histoire de la Poésie forment un cours complet de littérature, et renferment ce qu'il y a de plus remarquable dans les travaux antérieurs. DE LA POÉSIE FRANÇAISE. RENAISSANCE. (XVIe siècle). CHAPITRE PREMIER. ÉCOLE DE MAROT. De la poésie depuis Villon jusqu'à Marot. Influence littéraire de François 1er. Clément Marot. Détails sur sa vie. Caractère de ses poésies. L'apologue du Lion et du Rat - Epître à François 1er, Autres poésies de Marot. - Ses épigrammes. - Ses traductions en vers. -Sa traduction des psaumes. - Poésies de François 1er. De Marguerite de Navarre, etc.-Mellin de Saint-Gelais. - Victor Brodeau. - François Habert. LA POÉSIE FRANÇAISE DEPUIS VILLON. Les cinquante-quatre années qui séparent le Grand Testament de Villon de Clément Marot (1461-1515) semblent avoir été aussi fertiles en faiseurs de vers que pauvres en véritables talents. Les imitateurs se partageaient désormais entre le genre du Roman de la Rose et celui des Repues franches. De jour en jour plus répandue, plus familière, sans devenir plus rigoureuse, la versification se prêtait à tout. Faute d'idées, on l'appliquait aux faits, comme dans l'enfance des nations; Guillaume Chré tin chantait les Chroniques de France; Martial d'Auvergne psalmodiait le règne de Charles VII année par année; Georges Chastelain et Jean Molinet rimaient les Choses merveilleuses arrivées de leur temps. Pour relever des vers que la pensée ne soutenait pas, on s'imposait des entraves nouvelles, qui, loin d'être commandées par la nature de notre prosodie, en retardaient la réforme, et ne laissaient place à nul agrément. Jean Meschinot écrivait en tête d'un huitain : Les huit vers ci-dessous écrits se peuvent lire et retourner en trente-huit manières. » Si la rime avait été longtemps l'unique condition du vers, du moins nos anciens poètes l'avaient assez soignée; dans Villon, surtout, elle est fort riche. On ne s'en tint pas là. Molinet imagina de finir chaque vers par la même syllabe deux fois répétée, et de rimer en son, son; en ton, ton; en bon, bon. Ils espéraient ainsi : Faire à jamais vivre. Les tranchants et les touchants chants Qui sonnaient sous leurs adroits doigts. (Crestin.) C'était proprement ramener la poésie à balbutier. Dans le mauvais goût général, quelques auteurs cependant conservaient encore assez de naturel et de simplicité pour que la tradition n'en fût pas interrompue jusqu'à Marot. De ce nombre est le moine Guillaume Alexis, que La Fontaine a honoré d'une imitation. Martial d'Auvergne lui-même, dans les Vigiles de Charles VII, a plus d'une fois rendu avec un accent vrai l'amour du peuple pour un roi qui avait chassé l'étranger. Pierre Michault, dans la Danse aux aveugles, voit en songe tout le pauvre genre humain qui danse devant Cupidon, la Fortune et la Mort. Au lieu de la mort, mettez Plutus, et vous aurez pour épigraphe de cette production piquante du seizième siècle les vers connus de Voltaire : Plutus, la Fortune et l'Amour Sont trois aveugles-nés qui gouvernent le monde. Vers le même temps, Guillaume Coquillart, prêtre de Reims, se distingue par l'abondance de son style et le jeu facile de ses rimes redoublées. Jean Marot, grâce à quelques rondeaux et à deux ou trois chansons qu'on lit dans ses voyages de Gènes et de Venise, ne semble pas indigne de son fils. Jean Lemaire, historien érudit pour son temps et rimeur assez soutenu, a mérité aussi d'avoir Clément Marot pour élève, ou du moins de lui donner des conseils utiles de versification. C'est ainsi que la poésie atteignit, en se traînant, la fin du règne de Louis XII. Il appartenait au règne de François 1er de lui rendre son essor ; à Marot était réservé l'honneur de représenter cette nouvelle ère de notre poésie. INFLUENCE LITTÉRAIRE DU RÈGNE DE FRANÇOIS 1er. � A une taille athlétique, à une noble physionomie, à une bravoure de soldat, à des goûts de galanterie licencieuse, à l'amour du luxe et de la somptuosité, François 1er joignait un enthousiasme irréfléchi pour les anciens chevaliers; une volonté despotique et étourdie; aussi peu de bonne foi politique que tous les princes de son temps; et le désir ardent d'égaler en tout les Médicis. Le règne de ce monarque n'est qu'une longue fête, ou, comme le dit expressément Brantôme, une magnifique et superbe bombance troublée par les querelles religieuses, interrompue par nos défaites, les inutiles exploits de Bayart, le supplice de Semblançay et les vengeances du connétable de Bourbon. Roi plus spécieux que soiide. comme le disait si bien Henri IV, il exerce encore aujourd'hui sur l'imagination une séduction puissante. Les seigneurs accourent et se pressent sur les marches de son trône; la féodalité disparaît; le mot et le métier de courtisan ont pris naissance. Auteurs, femmes, gentilshommes viennent adorer en foule ce nouvel astre d'une royauté, brillante de tout l'éclat d'un luxe qui épuise le peuple. Pour la première fois, les maîtresses des monarques prennent insolemment leur place à côté des reines. Les chasses, les tournois, les mascarades, les bals, les concerts succèdent au bruit des armes. De splendides édifices sortent de terre; d'admirables copies de la Vénus de Médicis et de l'Apollon du Belvédère viennent, conduites par le Primatice, embellir les jardins de Fontainebleau. Les revenus de l'Etat se dissipent et la magnificence du camp du Drap-d'Or insulte à la misère de la France; mais les palais de Chambord et du Louvre consolent le roi des malheurs qui accablent son peuple et lui-même. Il consulte Lascaris et Budé, écrit à Erasme, visite les ateliers de Cellini et de Vinci, s'égaie avec Marot, rit du cynisme de Rabelais, s'entoure de jurisconsultes, de savants et d'imprimeurs. La volupté, la licence, l'érudition occupent les loisirs savants et galants d'une cour, que de plus graves intérêts auraient pu attrister. Des professeurs de grec et des femmes aimables s'asseyent à la table du roi; un conseil littéraire et une cour d'amour absorbent les pensées de François 1er. La richesse, les honneurs, la faveur royale deviennent les récompenses du savoir. La roture, bien accueillie pourvu qu'elle soit érudite ou élégante, vient partager les plaisirs des courtisans; la langue française se nationalise; les écrivains se multiplient; le mouvement général est puissamment servi par le caractère et le génie du monarque. Si l'histoire et la politique ont plus d'un reproche à lui adresser, il brille d'un éclat durable dans nos annales littéraires : les fautes et les malheurs de son règne semblent disparaître dans la splendeur dont le trône s'environne. Les contemporains en furent eux-mêmes éblouis; et l'on ne peut s'étonner que plus d'un écrivain, oubliant tant de folles dépenses, de perfidies impolitiques, n'ait point vu la situation véritable du royaume, si bien décrite par Fénélon le peuple ruiné, la guerre civile allumée, la justice vénale, la cour livrée à toutes les folies des femmes galantes, et tout l'Etat en souffrance. (M. Philarète Charles, Etudes sur le XVIe siècle.) Clément Marot, Marot bientôt après (Villon) fit fleurir les ballades, A des refrains réglés asservit les rondeaux, Ce fut au milieu des premières fêtes de la nouvelle cour qu'un page de vingt ans, Clément Marot, offrit à un roi qui n'en avait |