INVOCATION AUX AMOURS ET AUX GRACES. VENEZ, Amours, venez monter ma lyre; Je veux chanter l'enfant qui sut m'instruire, Que dans mes vers la tendresse soupire; Que de mes chants tout ressente l'empire: Coulez, mes vers, sans peine et sans efforts; Que la Beauté, l'Amour, puissent vous lire, SUR LE PRINTEMPS, ODE IMITÉE D'HORACE. Nos os bois reprennent leurs feuillages; Déjà dans la plaine fleurie Le berger laisse errer ses troupeaux bondissans, Cythérée avec ses compagnes, Le soir, d'un pas léger, danse au bord des ruisseaux, Tandis que son époux ébranle les montagnes Du bruit fréquent de ses marteaux. Couronnons-nous de fleurs nouvelles; Nous en verrons bientôt l'éclat s'évanouir; Profitons du printemps, qui passera comme elles ; L'âge nous presse d'en jouir. Hâtons-nous; tout nous y convie; Saisissons le présent sans soin de l'avenir; Craignons de perdre un jour, un instant d'une vie Que la mort doit sitôt finir. Sa rigueur n'épargne personne; Tout l'effort des humains n'interrompt point ses lois, Et de la même faux la cruelle moissonne Les jours des bergers et des rois. Sitôt que, froids et vains fantômes, Des fleuves redoutés nous toucherons les bords, On n'y sait plus chanter, ni rire; Ils n'ont plus ce nectar qui comble ici nos vœux; Des jours que la Parque nous file, Eh! que faire sans eux d'une vie inutile? Il vaudrait autant n'être plus. LA MOTTE. SUR LE PRINTEMPS, ODE ADRESSÉE A M. DE TERMES. ENFIN, Termes, les ombrages Reverdissent dans les bois; L'hiver et tous ses orages Sont en prison pour neuf mois: Chante aux forêts jour et nuit. Déjà les fleurs qui bourgeonnent Tous les échos ne résonnent S'il ne soupire d'amour. Les moissons dorent les plaines; Les insolentes colères Ne poussent plus les galères Ces belles fleurs que nature Son vieil mari, froid et pâle, Termes, de qui le mérite |